La « romanisation » de la Gaulle ou de l'Afrique ne concerne en fait qu'une façade linguistique, administrative et politique car on vérifie souvent la vitalité de l'héritage indigène. La civilisation grecque est fille d'Orient, comme la civilisation romaine est un produit de l'éducation grecque. Le passage par l'hellénisation est alors quasi-obligatoire. Par ailleurs, les marins et d'autres ont besoin de dieux universels (leur situation étant précaire) partout présents et de cultes praticables dans les ports où ils abordent. L'hellénisation met donc à mal les cultes topiques.
L'expression « culte oriental » apparaît dans les années 1920, après la publication du livre de l'historien belge Franz Cumont, qui s'intitulait Les religions orientales dans le paganisme romain. Sous ce terme générique sont centralisés de multiples cultes dont les pratiques divergent très nettement de la religion communautaire. Ce ne sont pas, à proprement parler, de véritables cultes « orientaux » mais plutôt de cultes gréco-orientaux. En effet, la plupart d'entre eux ont été préalablement hellénisés avant de se diffuser dans la partie occidentale de la Méditerranée à partir du IIIe siècle avant notre ère. Il s'agit donc de cultes relativement divers, originaires d'Egypte, de Syrie ou encore d'Anatolie attestés à Rome et dans l'ensemble de l'empire romain par l'archéologie, l'épigraphie ainsi que quelques sources littéraires.
[...] Il est certain pour les historiens que ces croyances et ces pratiques ont été populaires dans toutes les provinces, du moins dans les régions où s'était exercée l'action des religions, des conceptions et des coutumes orientales. Bien que l'astrologie et la magie soient fréquemment rapprochées l'une de l'autre et qu'elles aient été parfois étudiées ensemble, il y a entre elles, entre leurs fins et leurs méthodes respectives, de profondes différences. C'est le désir d'exercer une action soit directe soit indirecte sur le cours des évènements qui donne à la magie sa physionomie originale. L'envoûtement, par le moyen de figurines ou d'images représentant la personne visée, est un acte de magie imitative. [...]
[...] En effet, ces divers cultes et mystères ne sont jamais exclusifs, comme peut l'être le christianisme. Les mystères représentent une tendance au sein d'une religion antique variable. Les mystères sont des cérémonies d'initiation dont l'admission et la participation au culte dépendent de rituel à accomplir par le candidat. Le rituel est généralement accompagné de secret et d'une mise en scène nocturne. L'initiation est indépendante du sexe et de l'âge des candidats, elle ne provoque pas de changement social mais un changement d'état d'esprit. Les relations entre les fêtes et les initiations sont complexes. [...]
[...] Les témoignages archéologiques témoignent certes de cet engouement, mais il faut prendre en considération le petit nombre d'adeptes que peut accueillir chaque sanctuaire : une trentaine en moyenne. Les soldats romains engagés dans des conflits en Orient, ceux aussi qui font partie des légions et sont originaires de ces régions - les troupes indigènes - ont été en contact avec le culte mithriaque, particulièrement lors des campagnes militaires contre les Parthes entre 114 et 117, puis entre 162 et 165. [...]
[...] Ces communautés réparties au cœur du vaste empire romain servent de point d'ancrage à la propagande religieuse. Les échanges commerciaux entre Rome et ses colonies facilitent également la diffusion des cultes païens et notamment dans le commerce d'esclaves syriens importés en Italie afin de cultiver les terres. Parallèlement aux voies marchandes, ces cultes se propagent par le biais des fonctionnaires, soldats et officiers issus des provinces romaines et envoyés aux bords du Rhin ou à la lisière du Sahara, et partout ils restent fidèles aux dieux de leur patrie lointaine. [...]
[...] " Le culte de Mithra, en passant de l'Orient à l'Occident, est devenu, à l'instar d'autres cultes grecs, une religion à mystères. Lors de son initiation, le futur adepte (le néophyte), passant de l'obscurité à la lumière, meurt symboliquement, puis renaît à une vie autre. Les rites initiatiques exigent courage et endurance physique. C'est peut-être à la rudesse de ces épreuves que fait allusion le texte, sujet à caution, de l'Histoire Auguste : " Il [Commode] profana par un sacrifice humain réel le culte de Mithra ; habituellement on se contente d'y raconter ou d'y simuler quelque scène capable d'inspirer l'effroi[12]. [...]
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