Il s'agit d'un décret émanant d'une petite cité de Troade, du nom de Skepsis (aujourd'hui Kurçunlu Tepe en Turquie) gravé sur une stèle de marbre. Daté de 311 avant Jésus-Christ, ce document fait suite à une lettre que le Diadoque Antigone I Monophtalmos (dit Antigone le Borgne) avait adressée à cette cité, comme vraisemblablement à toutes les poleis du monde grec, pour annoncer la paix qu'il venait de conclure avec les autres héritiers de l'Empire d'Alexandre le Grand : Cassandre, Lysimaque et Ptolémée. En effet, la guerre se prolongeait depuis 4 ans opposant Antigone et son fils Démétrios aux autres Diadoques. Et en 311 avant Jésus-Christ, il a été décidé, entre les belligérants, que Cassandre soit reconnu stratège d'Europe, que Lysimaque obtienne la Thrace, Ptolémée l'Egypte et Antigone l'Asie entière, de la sorte les Grecs bénéficient de leur autonomie. Ainsi à l'issue de la paix, Antigone a prévenu les cités grecques qu'elles étaient dorénavant libres et qu'il avait su défendre leurs intérêts. En réalité, Antigone cherche à se faire honneur de la paix auprès des cités grecques et il omet les exigences de Cassandre et les négociations laborieuses.
Malgré cela, le décret fait état de la reconnaissance des skepsiens pour Antigone, qu'ils considèrent comme le garant de la paix et le protecteur de leur autonomie. Et pour montrer sa reconnaissance au Diadoque, la ville de Skepsis décide d'instaurer des honneurs cultuels pour le remercier des son action et de ses bienfaits, et ce culte royal est une nouveauté typique de l'époque hellénistique.
Alors qu'Antigone a été obligé d'opter et de négocier la fin de la guerre, il se fait passer pour le garant de la paix et il bénéficie d'une grande reconnaissance de la cité de Skepsis qui voit en lui un bienfaiteur. Les honneurs cultuels instaurés en sa faveur lui permettent d'asseoir son autorité auprès des Grecs, qui marquent leur reconnaissance. Ainsi nous pouvons nous interroger sur les origines réelles de ce culte, mais surtout sur l'impact que celui-ci a sur la vie religieuse de la cité.
Pour tenter de répondre à cette question, nous étudierons d'abord les origines et fondements du culte d'Antigone le Borgne. Puis nous analyserons les formes que prennent les honneurs cultuels en faveur du souverain et l'assimilation aux dieux que cela représente.
[...] LE CULTE ROYAL : LES ANTIGONIDES Décret de Skepsis instaurant des honneurs cultuels pour Antigone Il s'agit d'un décret émanant d'une petite cité de Troade, du nom de Skepsis (aujourd'hui Kurçunlu Tepe en Turquie) gravé sur une stèle de marbre. Daté de 311 avant Jésus-Christ, ce document fait suite à une lettre que le Diadoque Antigone I Monophtalmos (dit Antigone le Borgne) avait adressée à cette cité, comme vraisemblablement à toutes les poleis du monde grec, pour annoncer la paix qu'il venait de conclure avec les autres héritiers de l'Empire d'Alexandre le Grand : Cassandre, Lysimaque et Ptolémée. [...]
[...] Le décret de Skepsis instaure donc des honneurs cultuels en faveur d'Antigone et ce culte trouve ses origines dans la reconnaissance du peuple mais aussi dans les fondements religieux. Il correspond à un schéma classique qui montre que les cultes des souverains ont tendance à se développer à l'époque hellénistique. Par ailleurs, le décret de Skepsis faisant suite à la paix signée en 311, est l'un des premiers documents épigraphiques nous renseignant sur ce type de culte, dont la nature est d'un type particulier qui fut rendu à des êtres vivants. [...]
[...] De la sorte, en se faisant octroyer des honneurs cultuels, le Diadoque peut en même temps asseoir son autorité sur les peuples grecs de son territoire. Ensuite, le culte du souverain vivant, dont il est question dans ce décret, revêt un double aspect religieux et politique, notions qui son étroitement lié à l'époque. En effet, le culte rendu aux héros du moment, comme ici Antigone Monophtalmos, prouve l'empressement des cités à reconnaître la valeur surhumaine et divine des certains personnages. [...]
[...] D'autant plus qu'à la ligne 18, il est précisé que le trésorier doit déjà trouver les fonds nécessaires à la création des honneurs cités précédemment et cela représentaient une forte somme. Car à cela s'ajoute les concours comprenant stéphanéphorie (ligne 13) et panégyrie (ligne les offrandes des couronnes d'or (lignes 14) aussi attribué aux 2 fils d'Antigone : Démétrios et Philippos, car ils ont combattus aux cotés de leur père. En ce qui concerne les concours annuels, il faut préciser que le décret de Skepsis ne les instaurait pas, il en réaffirmait l'existence puisqu'il est précisé que leur célébration se ferait comme par le passé : Comme cela était organisé auparavant ligne 13-14. [...]
[...] Des lignes 11 à 15, le texte contient les honneurs cultuels accordés à Antigone, correspondant à un certain schéma. Tout d'abord, il y a le temenos (enclos sacré) (ligne 11) comme à un dieu, ensuite l'autel (ligne foyer sur lequel se consument les offrandes du sacrifice auquel Antigone a le droit : ligne 16 que la cité offre un sacrifice pour la bonne nouvelle et autour duquel se réunissent acteurs et spectateurs de ce rite. Le Diadoque se voit aussi offrir une statue de culte aussi belle que possible (Ligne elle a pour fonction de rendre présent le dieu qu'elle figure. [...]
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