Le culte n'échappe pas à l'aspect multiforme des autres composantes de la religion grecque ; d'une divinité à l'autre, d'un lieu à l'autre, d'une circonstance à l'autre, les gestes, les paroles, les participants, les sacerdoces, les prières changent. L'analyse précise prendrait donc rapidement l'allure d'un inventaire. Mais dans cette diversité il est néanmoins possible de définir quelques grands cadres qui aident à mieux comprendre la conception du culte des Grecs anciens.
La religion personnelle - celle par laquelle se manifeste l'adhésion de l'individu à des croyances - est difficile à l'appréhender, on s'en doute. Il n'y a guère que les voies fort détournées, et divergentes, de la charge comique et de l'action judiciaire qui soient susceptibles de nous mettre en présence des opinions individuelles. On pense immédiatement à Aristophane, l'auteur comique, pour le premier aspect. Là, les choses sont claires : les dieux, les héros n'échappent en rien au ton général de moquerie ou d'ironie. Les inventions les plus folles, les railleries les plus osées nous garantissent de la plus absolue liberté de la comédie à cet égard. D'une manière générale, il n'y a pas de respect obligatoire des dieux, quels qu'ils soient. En revanche, la piété se définit bien dans le cadre des cultes de la cité, par conséquent dans une attitude conforme aux obligations que le groupe définit pour lui-même. On conçoit alors qu'il soit difficile de discerner ce qu'il y a de personnel dans la pratique de chacun.
[...] La citoyenneté "ordinaire" n'est donc pas suffisante. Ces qualités entrent dans des critères de choix, et, dans la cité démocratique, isonomique, elles apparaissent comme le maintien d'antiques privilèges aristocratiques. Ce n'est que par des allusions que nous savons quelque chose des procédures exactes. Ainsi, les arrhéphores font l'objet d'un choix par l'archonte-roi d'après leur naissance, avant que l'assemblée procède à un vote. Pour ce qui concerne les prêtrises des phratries ou des génè, chaque organisme procède à sa manière et comme il l'entend. [...]
[...] Dans l'Odyssée, pour prier Athéna, Pénélope doit "pendre des habits sans tache". Chez Homère, la souillure, c'est la saleté ; inversement, la pureté est matérielle, c'est une propreté. Mais nous ne comprendrons ce qu'était la pureté pour un Grec que si nous admettons que la propreté physique a par elle-même une valeur morale et religieuse. Hésiode (poète du VIIe s.) dit la même chose. "Garde-toi, quand l'aube point, d'offrir à Zeus des libations de vin noir avec des mains que tu n'as pas lavées". Mais il ajoute de nouvelles causes d'impureté. [...]
[...] - Le premier est attaché à des moments biologiquement déterminés de la vie, pour être tout à fait exact, ces moments de la vie biologique sont plus spécifiquement féminins : la procréation, la naissance (l'accouchement), les règles, les relations sexuelles souillent les deux partenaires. - L'autre prend naissance dans la notion de violence. Sur cet axe, l'essentiel, c'est la mort (et le meurtre, bien sûr), souillure suprême. À la rencontre des deux versants, le viol. Un caractère fondamental de la souillure, c'est son aspect collectif. La faute d'un membre de la communauté souille la communauté. [...]
[...] Th.- Par l'onde fluviale ou la rosée marine? Iph. La mer lave et nettoie toute souillure humaine. Voilà qui dit clairement les choses. L'autre moyen de purification, c'est le feu. La présence de torches dans de nombreuses représentations de scènes de katharsis en témoigne. Ainsi ce relief montrant Héraclès sur le point d'être initié à Éleusis où il est assis sur une toison (dont on se sert aussi pour des purifications), la tête voilée avec une prêtresse tenant une torche derrière lui L'exemple le plus probant dans la mythologie est celui du jeune Démophon à Éleusis que Déméter -dans le rôle d'une magicienne- passe dans le feu afin de le débarrasser "des sorts et du mal rongeur". [...]
[...] De telles prescriptions sont en rapport avec la notion de souillure. Elles doivent aussi être rapprochées, par exemple, de l'institution très particulière du pais amphithalès, c'est un jeune garçon, qui apparaît dans nombre de cultes comme un élément indispensable, par exemple dans la cérémonie du mariage, et dont le caractère particulier est d'avoir ses deux parents vivants. Ainsi ne se trouve-t-il pas souillé par la mort d'un proche. Mieux, on peut exiger d'eux la beauté. Il existe en Grèce des concours de beauté ; sans être absolument l'apanage des femmes, cette prescription les concerne plus généralement. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture