En 143 un rhéteur grec d'Asie mineure, Aelius Aristide, vint à Rome faire l'"Éloge de Rome" peut-être devant l'empereur Antonin, et on a gardé son discours. Il félicite les Romains de savoir gouverner, en comparant leur empire à celui des Perses du temps des Achéménides : les Romains sont parvenus à contrôler durablement une grande surface, en lui donnant une unité, tandis qu'à son avis, les Perses n'avaient ni su ni pu le faire.
Une des clés de la réussite romaine, bien comprise par P. Le Roux, est l'invention, dès l'époque républicaine, de la province, avec des gouverneurs temporaires. La province, "structure typiquement romaine, et créatrice en fin de compte d'identité", encadre les populations, et assure le lien entre elles et Rome, tout en leur laissant une large autonomie.
[...] En réalité, toutes les provinces sont "provinces du peuple romain", mais depuis Mommsen, les historiens ont pris l'habitude de parler de "provinces sénatoriales" et "provinces impériales".
Les provinces sénatoriales sont au nombre de dix : Afrique, Achaïe, Asie (provinces consulaires, dirigées par des sénateurs anciens consuls) et Sicile, Bétique, Narbonnaise, Macédoine, Lycie-Pamphylie, Cyrénaïque-Crète, Chypre, dirigées par d'anciens préteurs. En regardant la carte, on voit que ces provinces sont les plus centrales, donc les moins menacées par d'éventuelles invasions, et souvent ce sont aussi les plus anciennes. Leurs gouverneurs portent tous le titre de proconsuls, même s'ils sont anciens préteurs, et se distinguent seulement par le nombre des faisceaux (12 pour les anciens consuls, 6 pour les anciens préteurs). Ils sont choisis par le Sénat lui-même, par tirage au sort ou vote, et en place pour un an. Dans ces provinces, les cités qui ont des problèmes s'adressent au Sénat.
[...] Il y a un contrôle dû aux instructions (mandata) qu'envoie l'empereur, et aux rapports qu'envoie le gouverneur. L'empereur peut à tout moment mettre fin à la charge d'un de ses gouverneurs, ou lui demander des explications. Le biographe d'Hadrien dit que pendant ses voyages, il a souvent puni des gouverneurs dont on se plaignait. Mais plusieurs règles administratives empêchent aussi le gouverneur de commettre des abus.
Les fonctions sont temporaires, un même personnage peut administrer successivement plusieurs provinces, mais il ne reste qu'un laps de temps assez court. Il ne peut se perpétuer dans sa dignité et faire de sa province un petit royaume (...)
[...] Les impôts de ces provinces vont soit dans la caisse du Sénat, soit dans celles de l'empereur, si bien qu'il y a aussi chez elles des fonctionnaires de l'empereur. De plus, il existe dans ces provinces un culte provincial de l'empereur (et aussi un culte municipal), mais pas de culte du Sénat romain. Les provinces "impériales". Elles dépendent de l'empereur, qui a entres autres titres celui de proconsul (en abrégé PROCOS sur les inscriptions). C'est comme si elles ne formaient à elles toutes qu'une grosse province dont il serait à lui seul l'unique gouverneur : tel avait été le partage entre Auguste et le Sénat en 27 av. [...]
[...] Un autre fait qui rapproche l'Italie des provinces est qu'elle a des troupes permanentes, la garnison de Rome, la légion des monts Albains depuis Septime Sévère, et les deux flottes de Ravenne et de Misène, qui peuvent intervenir à l'occasion s'il y a des troubles ici ou là. Les provinces "sénatoriales". En réalité, toutes les provinces sont "provinces du peuple romain", mais depuis Mommsen, les historiens ont pris l'habitude de parler de "provinces sénatoriales" et "provinces impériales". Les provinces sénatoriales sont au nombre de dix : Afrique, Achaïe, Asie (provinces consulaires, dirigées par des sénateurs anciens consuls) et Sicile, Bétique, Narbonnaise, Macédoine, Lycie-Pamphylie, Cyrénaïque-Crète, Chypre, dirigées par d'anciens préteurs. [...]
[...] Un article intéressant en anglais : G. P. Burton, "The Roman Imperial State, Provincial Governors and the public Finances of Provincial Cities" 27 BC 235, Historia p. 310-342. J. E. Lendon, The Empire of Honour. The Art of Government in the Roman World, Oxford 1997. devenu pour l'occasion province impériale par un échange avec le Sénat. [...]
[...] Une question obscure est celle de la juridiction des procurateurs. Il avait un droit de justice pour les affaires fiscales, mais on ne voit pas bien jusqu'où il s'étendait, et comment ce droit de justice se combinait avec celui du gouverneur : y avait-il des affaires qu'il lui renvoyait ? et d'autres qu'il jugeait lui-même jusqu'à la sentence ? Peut-être était-il amené à juger très souvent, car les provinciaux avaient plus souvent des taxes à payer que des procès à soutenir. [...]
[...] Le découpage administratif. Depuis Septime Sévère, il y a 45 provinces (ou 46 si on considère l'Égypte comme une province, et non comme une sorte de domaine réservé de l'empereur) et l'Italie. L'Italie L'Italie reste une terre privilégiée, car elle n'est pas découpée en provinces, et on la distingue du reste de l'empire : dans une lettre à Pline le Jeune, Tacite lui raconte que pour faire connaissance, son voisin au Circus maximus lui avait demandé s'il était italien ou provincial. [...]
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