Construction de la légitimité d'Auguste, affirmation du pouvoir personnel, res publica, histoire romaine, héritage de César, Octave, Marc Antoine, Lépide, triumvirat, victoire de Philippes, Agrippa, bataille de Nauloque, Sextus Pompée, légitimité dynastique, Dion Cassius
Le règne d'Auguste est caractérisé par un exercice du pouvoir s'éloignant de la res publica en direction d'un régime plus personnel. Si l'aspect collégial du pouvoir n'a pas disparu, un homme s'élève cependant au-dessus des autres.
Son grand-oncle et père adoptif, Jules César, avait lui-même mis en place un pouvoir plus personnel, mais avait échoué à le maintenir, suscitant des oppositions qui aboutirent à son assassinat, aux ides de mars 44. Octave, mieux connu sous le nom d'Auguste, parvint en revanche à conserver le pouvoir, mais en plus avec l'aval de la population, pourtant très réfractaire à l'idée monarchique. Il a donc réussi à se construire une légitimité suffisante pour conserver le pouvoir, mais également lui donner un caractère dynastique.
La question autour de laquelle s'articulera cet exposé est la suivante : comment Auguste a-t-il réussi là où son grand-oncle avait échoué ? En premier lieu, nous nous pencherons sur l'"héritage de César", les éléments laissés derrière lui, volontairement ou non, par le dictateur et qui faciliteront la tâche de son héritier. Nous nous intéresserons ensuite à la carrière du personnage, depuis la mort de César jusqu'à la mise en place de la co-régence. Nous essayerons de voir les étapes par lesquelles le "frêle jeune homme" est passé pour devenir le princeps respecté de tous, régnant sur un vaste Empire ; comment il est parvenu à évincer progressivement ses adversaires pour rester seul maître à bord ; comment il a, progressivement, gagné la confiance du peuple romain ; les valeurs qu'il a brandies et les promesses qu'il a faites pour justifier ses actes...
[...] Œuvrant à l'arrière-plan si nécessaire, il laisse aux consuls le soin de mettre en place des mesures et propositions dont il est le véritable instigateur. D'une certaine manière, la supériorité d'action sur tous les magistrats, qu'il s'assure constamment, lui permet d'ouvrir le système et de laisser une place sur la scène à d'autres sans prendre de risque. Toute sa subtilité politique a été de passer d'un régime républicain à un régime de type incontestablement monarchique, sans qu'aucun retour en arrière ne soit visible.[40] En encourageant la tendance romaine au conservatisme du vocabulaire institutionnel, Auguste rend moins flagrant les importantes innovations apportées à la res publica.[41] Il inscrit ainsi les évolutions dans une certaine continuité, ce qui dévalorise le changement, sans pour autant le nier. [...]
[...] Une nouvelle hiérarchie des auspices », dans Cahiers du Centre Gustave Glotz p. 289-305. Hurlet Frédéric, Les collègues du prince sous Auguste et Tibère : de la légitimité républicaine à la légitimité dynastique, Rome, École Française de Rome (Collection de l'École française de Rome, 227). Hurlet Frédéric, modalités de la diffusion et de la réception de l'image et de l'idéologie impériale sous le Haut- Empire en Occident », dans Navarro Caballero Milagros et Roddaz Jean-Michel (dir.), La transmission de l'idéologie impériale dans l'Occident romain, Bordeaux/Paris, Ausonius/CTHS p. [...]
[...] Ces derniers lui confèrent surtout une auctoritas politique, dont il peut jouer pour placer ses opinions au-dessus de celles de ses collègues. Toujours soucieux de respecter les formes, il prend soin de faire passer toutes les désignations à une mission extraordinaire par une loi, selon ce que nous appelons aujourd'hui le « principe de souveraineté populaire ». En effet, les Romains n'ont aucune objection à confier d'énormes pouvoirs à une ou plusieurs personnes, à condition que cela se fasse par le biais d'une loi. [...]
[...] Accordant une grande attention à l'image qu'il renvoyait, Auguste utilisa abondamment les divers systèmes de communication et les croyances romaines, et avait su tirer des enseignements de ses erreurs de jeunesse à propos du soutien, parfois volage, du peuple romain. Mais surtout, il prenait soin de toujours respecter les formes de la République romaine, et de limiter l'impact des chocs qu'il causait à l'opinion publique. Il nous semble cependant qu'un élément absolument essentiel, qui n'a pas vraiment de rapport avec la légitimité du princeps, mais plutôt avec son habileté politique, et qui a probablement permis à ce régime de perdurer, c'est la façon dont Auguste a appris à ce système à fonctionner sans lui. [...]
[...] cit., p Boyancé Pierre, « Potrait de Mécène », dans Bulletin de l'Association Guillaume Budé vol p. 333-336. Cogitore Isabelle, La légitimité dynastique d'Auguste à Néron à l'épreuve des conspirations, Rome, École française de Rome (Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome, 313), p Hurlet Frédéric, « Naître au début du principat d'Auguste », op. cit., p Cosme Pierre, Auguste, op. cit., p ; Ibid., p Hurlet Frédéric, « Naître au début du principat d'Auguste », op. cit., p Idem. Zehnacker Hubert, « Rupture ou continuité : la monnaie romaine de Sylla à Auguste », dans Bulletin de l'Association Guillaume Budé vol p Ibid., p Hurlet Frédéric, « Naître au début du principat d'Auguste », op. [...]
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