« Si je deviens citoyen grâce à une loi de Drusus, je considérerai Rome comme ma patrie, et Drusus comme mon bienfaiteur ». Tel est le serment (dit de Philippe) que semblent avoir prêté des Italiens à Livius Drusus, tribun de la plèbe de 91. Ces alliés de Rome attendaient de la loi de Livius Drusus une place dans la gestion de l'empire qu'ils contribuaient à étendre de par leurs lourdes contributions financières et militaires. Celui-ci fut l'initiateur d'un programme réformateur (distributions de blé, fondation de colonies, réforme judiciaire) s'inscrivant dans la suite des tentatives réformatrices initiées par les Gracques au siècle précédent. C'est pour éviter l'opposition des Italiens lésés par ces tentatives réformatrices, en particulier par sa loi agraire (lex Livia agraria) et compenser la perte de l'ager publicus que ceux-ci ont subie en Etrurie, en Campanie, en Ombrie, que Drusus y adjoignit la lex de civitae tendant à accorder aux alliés (socii) le droit de cité romain. Mais la cassation des lois et l'assassinat du tribun déclenchèrent la révolte des alliés.
Ainsi débute une des guerres les plus meurtrières de la Rome républicaine : la guerre sociale (de socii, les alliés séculaires de Rome) dite aussi guerre italique ou guerre Marsique, du nom de l'un des peuples qui prit une part prépondérante dans la guerre.
Dans quelle mesure l'extension de la citoyenneté a-t-elle contribué à modifier les structures institutionnelles de la République romaine ? Et au-delà, quel fut l'impact de l'élargissement du corps civique sur les modalités de l'affrontement politique ?
[...] La concentration des clientèles et des autres formes de dépendance instituaient activement les réseaux de relations qui allaient finir d'unifier l'Italie. De façon générale, les réseaux de clientèle avaient tendance à se concentrer entre les mains des plus puissants et provoquèrent, particulièrement durant les années 60, l'intense développement de la corruption électorale pour s'attirer le soutien des nouveaux citoyens jusqu'à former de véritables bastions dévoués à un homme, voire à une famille politique. Ainsi, les régions conquises par Pompeius Strabo lui permirent de se constituer de vastes clientèles du Picenum dont son fils, Pompée, sut profiter par la suite, jusqu'à la guerre civile qui l'opposa à César. [...]
[...] Empire dont la fondation (et en corollaire la fin de la République) dépendit, dans une plus ou moins grande mesure, de la guerre sociale et des bouleversements institutionnels qui la suivirent. En effet, l'élargissement du corps civique romain rendit plus inapplicable encore la vieille constitution républicaine, du fait d'une centralisation politique, législative notamment, empêchant la majorité des nouveaux citoyens romains d'exercer leur devoir politique. Parmi d'autres facteurs, ce fait, la faiblesse de la participation aux comices tributes, tendit à amoindrir l'attachement aux institutions de ce nouveau corps civique élargi, disposant désormais de deux patries (Cicéron). [...]
[...] Ils n'étaient qu'une poignée à pouvoir décider véritablement du destin de Rome. Bientôt ils ne furent plus, par éliminations successives, que deux ou trois puis un seul qui devint le premier monarque de l'Empire. Parallèlement, l'Italie tout entière devenait le champ presque unifié de la vie politique. Elle était la sphère à l'intérieur de laquelle s'exerçaient les tensions et se proclamaient les justifications. Le peuple romain s'était étendu jusqu'à comprendre toute la population italienne, première étape qui serait suivie d'une seconde, en par l'édit de Caracalla reconnaissant le droit de cité romaine à tous les habitants de l'Empire. [...]
[...] Gros, P., Architecture et société à Rome et en Italie centro-méridionale aux deux derniers siècles de la République, Bruxelles Diodore, Bibliothèque historique D. in L. Ross Taylor, La politique et les partis au temps de César, Paris p Justin, Epitome Cicéron, Philippiques, XII In J.-M. David, La Romanisation de l'Italie, Paris, Aubier ; bien que la datation de cette loi fasse débat entre les historiens, certains la plaçant en 89, après la lex Iulia . Appien, Guerres Civiles, I O. de Cazanove, Cl. [...]
[...] Cl. Nicolet, Rome et la conquête du monde méditerranéen, Nouvelle Clio, Tome I : Les structures de l'Italie romaine, Paris 1979, O. de Cazanove, Cl. Moatti, op. cit. O. de Cazanove, Cl. [...]
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