Les sources antiques nous rapportent qu'entre la fondation de Rome par Romulus en 753 et l'avènement de la République fixé en 509, la ville connaît une longue période de royauté. Sept rois la gouvernent successivement : les quatre premiers sont Latins, et les trois suivants Etrusques. Pour que la République s'installe, il faut passer par le renversement du roi alors au pouvoir. Plusieurs événements et interprétations expliquent le changement du régime romain. En 509, c'est un roi Etrusque, Tarquin le Superbe, qui détient le pouvoir, et ce, depuis 534. La tradition veut que son départ du trône soit lié à la violence de son fils Sextus. Ce dernier a causé le suicide d'une femme nommée avec Aristodème les attaques de Tarquin le Superbe contre Cumes. D'autres analyses Lucrèce, après qu'il l'ait violée. Lucius Brutus, un aristocrate en vue à Rome, ainsi que Lucius Collatinus, le mari de Lucrèce, ont alors appelé peuple et sénateurs à la vengeance. Ainsi démarre une révolution du patriciat, l'élite de l'aristocratie romaine, appuyée sur l'armée. S'il est vrai que Brutus a joué un rôle en faveur du départ des Tarquins, il paraît cependant improbable que les violences de Sextus en soient à l'origine, néanmoins elles peuvent être considérées comme un encouragement à une révolution déjà en germe en esprit chez des populations hostiles au roi tyran. Déjà, en 524, le latium s'était soulevé contre l'hégémonie étrusque, en repoussant mettent l'accent sur l'action du roi de Chiusi, Porsenna, en 508. En conquérant étrusque, il prend Rome, en chasse les Tarquins, mais n'intervient nullement dans la réorganisation politique qui s'impose. Privilégier l'action de Porsenna dans la chute de la monarchie revient à placer une intervention étrangère à l'origine de cette révolution, et fait de l'expulsion des Tarquins un processus s'étendant entre 509 et 506.
Comment cette transition vers le nouveau régime s'effectue-t-elle ? C'est ce que Denys d'Halicarnasse s'attache à décrire, d'un point de vue historique, dans les paragraphes 1 et 2 du livre V de ses Antiquités Romaines. L'extrait met en lumière les conditions dans lesquelles la République s'installe, et notamment comment ceux qui la mettent en place s'efforcent de lui donner des bases solides, à travers l'explication des premières mesures politiques prises par eux. Le texte n'est pas daté, mais l'on suppose qu'il est écrit puis paru aux alentours de l'an -7, c'est-à-dire clairement à posteriori des événements, et peu après la fondation de l'Empire Romain. L'auteur est, comme son nom l'indique, originaire de Grèce ; c'est en -29 qu'il se rend à Rome, fasciné par une Ville de tant d'ampleur, dont il rapporte l'histoire à ses concitoyens grecs.
Quelle république voit-on se mettre en place d'après le texte et comment se définit-elle par rapport à la monarchie qui lui a précédé ? Comment ce document est double et nous présente une République à la fois sûre d'elle qui veut couper tout lien avec le précédent régime et qui s'appuie avec hésitations sur les legs d'une monarchie tant haïe ? Nous nous attacherons d'abord aux liens qui unissent la monarchie à la nouvelle République, avant de voir le processus selon lequel la République s'installe et ses spécificités.
[...] C'est ce que Denys d'Halicarnasse s'attache à décrire, d'un point de vue historique, dans les paragraphes 1 et 2 du livre V de ses Antiquités Romaines. L'extrait met en lumière les conditions dans lesquelles la République s'installe, et notamment comment ceux qui la mettent en place s'efforcent de lui donner des bases solides, à travers l'explication des premières mesures politiques prises par eux. Le texte n'est pas daté, mais l'on suppose qu'il est écrit puis paru aux alentours de l'an c'est-à- dire clairement à posteriori des événements, et peu après la fondation de l'Empire Romain. [...]
[...] Sans doute par souci de compréhension, Denys d'Halicarnasse établit ici un nouveau parallèle avec Athènes, en prenant pour synonyme de consuls les probouloï (l.7) grecs, qui constituent un conseil supérieur. Denys nous révèle les noms des deux premiers consuls de la République : Lucius Junius Brutus et Lucius Tarquinius Collatinus (l.6). Ces deux hommes ont encouragé la révolution qui fait chuter les Tarquins. Collatinus est lui-même le neveu de Tarquin le Superbe, il appartient donc à une famille noble. Brutus, lui, est issu du patriciat. C'est d'ailleurs dans cette classe de l'aristocratie romaine, le patriciat, que sont nommés les consuls. [...]
[...] En effet, Tarquin le Superbe établit son pouvoir par le crime en assassinant son prédécesseur Servius Tullius, et son règne est oppressif tant pour les sénateurs que le peuple, et se caractérise par la cruauté, la corruption, les abus, et l'élimination des rivaux potentiels. De plus, les trois rois Etrusques ont fait peser sur la plèbe un service militaire et de lourdes prestations. Les rois ont un pouvoir absolu, l'imperium, une puissance à la fois civile et militaire. De plus, le fait que la domination soit étrangère (étrusque) est peu apprécié. Tout cela contribue à faire de l'autorité royale une autorité haïssable (l.27-28). A Rome, la crainte du tyran et du pouvoir personnel s'installe. Pouvoir absolu, tyrannie et monarchie finissent par être assimilés. [...]
[...] Une des caractéristiques de ce consulat, et ce que nous montre Denys d'Halicarnasse, c'est l'immédiateté dans laquelle il se met en place. La nature du politique a changé sur plusieurs points. Denys nous révèle, en nous indiquant leurs noms, que les consuls sont au nombre de deux (l.6). Le grand changement mentionné ici est le passage d'un seul individu régnant à deux. Pour autant, Denys d'Halicarnasse n'appuie pas cette nouveauté. En revanche, tout en mettant en valeur le caractère progressif de cet établissement, il souligne l'importance du personnage du consul : ils prennent la tête d'un groupe de citoyens ils convoqu[ent] une assemblée du peuple (l.10), ils jur[ent] les premiers (l.13), leur serment à une portée importante (l.17). [...]
[...] D'après la description de Denys d'Halicarnasse, on détecte un climat d'incertitude dans lequel la république se met en place. Les consuls sont définis comme ceux qui recueillent le pouvoir royal (l.5). Ils héritent de l'imperium, et à part la perte de la charge religieuse, leurs pouvoirs sont les mêmes que ceux du roi. Ces pouvoirs sont symbolisés par les faisceaux, au nombre de douze, qui dissimulent un hache, elle-même symbolisant le pouvoir militaire. Il s'agit d'insignes royaux : la hache sous la monarchie rappelle le droit de mort du roi sur ses sujets, les faisceaux sont portés par des licteurs qui précèdent partout le roi. [...]
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