Notre regard se concentrera sur la pratique cultuelle du sacrifice, qu'Hérodote décrit en prenant le soin d'en dégager la base et les fondements, point de départ de notre développement. Cette description étant celle d'un historien grec face à une pratique Scythes, nous tâcherons de comprendre cette pratique afin d'en dégager le sens et ainsi pouvoir la qualifier de barbare ou de civilisée, autrement dit, la définir par rapport aux pratiques grecques. Pour ce faire, une analyse préalable des pratiques Scythes est nécessaire, d'autant qu'Hérodote nous présente trois types de sacrifice, avant de confronter le regard du civilisé Hérodote avec les rites qu'il décrit, et ainsi pouvoir comparer l'image scythe et la grecque qui transparaît par les mots de l'auteur. Une religion s'illustre par ses pratiques, or, une religion révèle des croyances qui elles-mêmes nous permettent d'appréhender les fondements d'une civilisation, qui seuls permettent d'en définir un qualificatif, c'est pourquoi nous présenterons brièvement la civilisation scythe au cours de notre développement.
[...] La part des dieux, les prémices, sont les parties de l'animal consacrées à la divinité : quand la viande est cuite, le sacrificateur prélève sur la chair et les entrailles les prémices qu'il jette droit devant lui. Cette pratique témoigne de l'offrande faite aux dieux, jetée devant, elle illustre la croyance que la divinité est omniprésente. Hérodote ne fait état d'aucun banquet, pourtant le sacrifice, comme chez les grecs, ne peut se passer d'un banquet, partage de la viande et sa consommation par les hommes, ni d'un symposium, d'autant que les scythes, ignorant l'agriculture, sont consommateurs de viande, en bien plus grande quantité que les grecs. B. [...]
[...] Au terme de ce premier point nous avons pu voir les différences fortes qui marquent un net clivage entre les deux sociétés, de nombreuses divergences opposent les pratiques, la portée et le sens de ces rites. Cependant, des points communs apparaissent malgré cet état de fait, d'ailleurs, Hérodote s'interrogera fortement sur cette puissance scythe qui s'illustrera contre les Perses, car elle incarne un modèle différent du grec, posant à l'historien et ethnologue, la pesante interrogation sur la réalité de l'infériorité barbare face à l'hellénisme. II. Le sacrifice exceptionnel : l'humain pour Arès A. [...]
[...] Le récit d'Homère (Odyssée, III, 418s) témoigne de cette pratique lorsque Télémaque arrive à Pylos et que Nestor fait un sacrifice à Athéna Pallas. Le sacrifice se poursuit ainsi : il (le sacrificateur) entoure d'un lacet le cou de la bête et y passe un bâton qu'il fait tourner pour étrangler la victime (l.6 à il ne s'agit donc pas tout à fait d'un sacrifice sanglant puisqu'il n'y a pas d'effusion de sang, l'animal meurt par strangulation, et c'est ainsi que s'achève la première phase du sacrifice. [...]
[...] Le clivage est marqué dans un premier temps par les pratiques profanes et le mode de vie : peuple nomade, guerrier, basé sur des royautés, aux techniques militaires apparemment désorganisées. Il s'agit cependant d'un peuple puissant, puissance plurielle qui permet la comparaison avec le monde grec, source du questionnement d'Hérodote. Nous avons noté les différences sur le plan religieux, particulièrement en ce qui concerne les pratiques cultuelles dont il est ici question, Hérodote s'étonne que le sacrifice se fasse sans allumer de feu, sans prémices et sans libations. [...]
[...] Le premier est primitif, violent et sanguinaire, le second, marque de la civilisation, pourtant les pratiques sont semblables. Finalement, se retrouve face-à-face l'exemple type de l'hellénisme et l'exemple type du barbarisme. Mieux encore, le dieu qui apparaît chez les scythes comme le dieu civilisateur et structurant est Arès, précisément celui qui passe à la fois pour le plus barbare et primitif du panthéon grec. Il est l'esprit de la civilisation que l'on retrouve chez les barbares, dans l'acte le plus primitif, c'est donc le degré de barbarisme qui relie les deux mondes, d'où les interrogations d'Hérodote. [...]
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