La Gaule, ou plutôt les Gaules, fascinent. Dès les épôques les plus anciennes, elles sont l'objet des convoitises de divers peuples voisins, amicaux ou non. Dès le VIe siècle av. n.è. les Phocéens fondent la colonie de Massalia et établissent divers comptoirs le long de la côte
méditerranéenne. Le territoire gaulois, par ses nombreuses richesses est attractif ; de nombreux
voyageurs viennent le visiter.
Ainsi, lorsque César entame la guerre des Gaules en 58 av. n.è. et rédige par la suite son livre relatif à ses conquêtes, quelques érudits viennent visiter à leur tour la Gaule, et laissent de nombreux témoignages sur sa géographie, mais aussi sur les moeurs des populations, sur la faune ou la flore. La Gaule devient un terrain où l'émulation de l'esprit d'érudition est mise à l'épreuve chaque jour, à chaque détour de chemin : tout érudit la visitant entame un effort intellectuel afin
d'essayer de la comprendre, elle, ses peuples, ses traditions. César, Strabon, Pline l'Ancien, trois hommes dont la postériorité a retenu les noms, mais
aussi les oeuvres qu'ils ont léguées. La Guerre des Gaules, la Géographie, l'Histoire Naturelle sont trois
ouvrages qui permettent, non seulement de se faire une idée de ce qu'étaient les Gaules au Ier siècle av. n.è. et au Ier apr. n.è., mais aussi de savoir quelle vision en avaient ces hommes vivant à
une époque qui ne cesse toujours pas de livrer ses secrets. L'étude du livre VI de la Guerre des
Gaules, du livre IV de la Géographie et du livre III de l'Histoire Naturelle permet ainsi de d'entrevoir
cette vision établie dès la fin de la République et les débuts de l'Empire, sous Auguste, Tibère,
Néron et Vespasien. Afin de mieux comprendre ces témoignages, il est pertinent de s'intéresser
tout d'abord à leurs auteurs, aux contextes historiques et de production. Puis de s'attarder sur la géographie physique du territoire pour enfin terminer par l'étude de la perception des peuples
gaulois, entre barbarie et romanité.
[...] Les historiens latins tentent bien d'imiter les Grecs, mais cela ne va pas loin. Ce qu'ils disent est une simple transposition du grec ; d'euxmêmes, ils n'ont guère de curiosité ; aussi s'il se trouve des lacunes chez les Grecs, il y a peu de chance de les voir comblées par les Latins ; ajoutez à cela que les noms les plus célèbres sont pour la plupart des noms grecs (III 19). Pourtant Strabon fait bien partie de l'empire que les Latins ont su bâtir. [...]
[...] C'est donc à des mœurs et des attitudes complètement inconnues d'eux auxquelles César, Strabon et Pline doivent faire face. De ces mœurs, seuls César et Strabon en parlent, Pline ne s'intéressant pas vraiment à ces considérations, et préférant développer dans son propos tout ce qui est plus relatif à la géographie. Il serait possible de qualifier aujourd'hui la vision de César et Strabon de stéréotypée comme s'ils avaient pris les traits les plus marquants, et les avaient exagérés au maximum. [...]
[...] Il veut ainsi paraître le plus objectif possible Commentaires sur les hauts faits de Jules César il voulut que d'autres aient à leur disposition des documents où pourraient puiser ceux qui auraient l'intention d'écrire l'histoire [des commentaires] qui furent publiés afin que les historiens ne manquent pas de connaître de tels exploits (littéralement : afin que la connaissance de tels exploits ne fasse pas défaut aux auteurs L'est-il pour autant ? La question de la véracité historique est plus que naturelle. Il faut tout d'abord se remettre à l'esprit que la Guerre des Gaules est l'œuvre d'un général, lettré certes, mais d'un général en campagne, relatant ses victoires. César est le mieux placé pour raconter les faits. Si certains éléments paraissent faux ou bien peu convaincants, cela tient aux sources utilisées par l'auteur. Sources contemporaines, César n'a pas systématiquement vérifié leur exactitude. [...]
[...] Conclusion La Gaule est multiple. Les auteurs antiques l'ont bien ressenti. Le territoire est vaste, les ressources sont immenses. Ce pays est parcouru par de nombreux cours d'eau, couvert de forêts foisonnantes, où le climat est doux. La nature même a divisé le territoire : parcouru de chaînes de montagnes, de fleuves, les frontières semblent alors ne pas prêter à caution. Le relief, la géographie font partie d'une étude très attentive de la part des érudits qui viennent sur ce territoire ou non. [...]
[...] Ces seuls trois textes ne sont cependant pas significatifs de la vision de la Gaule aux premiers temps de l'Empire ; mais par l'érudition de leurs auteurs, ils peuvent somme toute donner un aperçu assez fidèle, bien que certains faits ne sont pas tout à fait exacts. Un territoire naturellement fragmenté 7 La Gaule, comme territoire homogène, est un concept des plus modernes, ou du moins, issu d'une tradition romaine. En effet, dès l'Antiquité, il n'est pas question de la Gaule, mais des Gaules. Strabon divise le territoire en trois grandes provinces, contrairement à la division administrative établie par Auguste : la Narbonnaise, l'Aquitaine, la Belgique. Auguste, quant à lui, ajoute une quatrième province, celle de la Lugdunaise. [...]
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