Commentaire d'un document de Dion Cassius, intitulé l'"Histoire romaine", LIII, 17-18. Sujet de l'examen d'Histoire romaine de mai 2005 de Licence, université Marc Bloch de Strasbourg. Il porte sur le Principat d'Auguste. Document de 1800 mots avec une copie du texte étudié.
[...] La réussite et la longévité du Principat tient d'ailleurs à cela, nous répondons ainsi à la dernière interrogation ; à cette ambiguïté dans l'essence du pouvoir. Dion Cassius, tout comme Tacite, l'avait bien compris : le Principat se cache sous des aspects républicains pour ne pas choquer, à cause de l'odium regni qui est associé à la royauté. Donc le Principat est le triomphe de la démocratie royale qui évoluera vers une forme de plus en plus absolutiste pour trouver son apogée avec les Antonins et notamment le règne d'Antonin le Pieux (138-161) où l'« immobilité heureuse règne, le Principat étant accepté et intégré dans toutes les consciences. [...]
[...] De plus nous savons que le tribunat de la plèbe est une institution collégiale, elle ne le sera plus avec Auguste. Par ailleurs dès Auguste abandonne l'imperium proconsulaire pour le tribunat de la plèbe, témoignant de son importance. Ce pouvoir sera réitéré chaque année, conférant à Auguste et aux empereurs suivants, une potesta tribuniciae ad vitam. Les dérives sont nombreuses, seul l'habillage républicain reste. D'ailleurs c'est de cet habillage républicain que les empereurs tirent la force du tribunat de la plèbe : c'est une institution à vocation démocratique, rapprochant le peuple du Princeps. [...]
[...] Dion Cassius paraît lucide : ils [sous-entendu les empereurs] se sont emparés de toute la puissance dans l'Etat [ ] à l'aide de ces noms républicains (l.28-29) L'ambiguïté que nous évoquions tient de ce fait, sans un habillage républicain, se cache un pouvoir monarchique ; comme il est précisé l.29 : à posséder tout ce que possédaient les rois Nous allons d'abord étudier le premier aspect de cet habillage républicain, qui constitue la première essence du régime : l'imperium. Dion C assius précise : ils sont consuls plusieurs fois, et ils se donnent le nom de proconsuls (l.1-2). Le premier fondement du régime, du moins dans les premiers temps, est le consulat. Auguste l'obtient dès -43 dans le cadre du triumvirat, jusqu'en -33. Puis il devient proconsul, et ce pendant dix ans, jusqu'en -23. [...]
[...] Enfin cet imperium, qui garde son nom républicain, n'en a plus l'essence car les empereurs l'ont autant de fois qu'ils sortent du pomerium [ ] que dans l'enceinte du pomerium (l.2 et Cet imperium qui s'applique à l'extérieur de Rome et dans la Ville est exceptionnel : c'est l'imperium proconsulaire qu'Auguste se voit décerner en -27 par le Sénat et qui marque la naissance impériale de l'Empire (division entre provinces sénatoriales et impériales). Ainsi nous avons étudié le premier fondement du régime : l'imperium. Traditionnellement détenu par les consuls, cet imperium mue en un pouvoir plus complet. L'habillage républicain est là, à travers le nom imperium, mais le fond est monarchique. [...]
[...] Mais il faudra aussi se méfier, Dion Cassius, bien qu'étant grec, a parfaitement assimilé la vie romaine. Il est même intégré à l'aristocratie romaine, comme en atteste son consulat de 225. Donc il ne remet pas en cause le régime impérial, solidement implanté et accepté. Dion Cassius nous offre, à travers ce texte, les rouages de ce régime tels qu'ils le sont au IIème siècle de notre ère, mais aussi tels qu'ils l'étaient au Ier siècle, lors de la mise en place du régime par Auguste. [...]
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