La question de l'artisanat a beaucoup retenu l'attention ces dernières années, notamment grâce aux travaux des archéologues sur la céramique et la terre cuite, mais aussi les bronzes. On parle couramment des artisans comme un groupe socioprofessionnel caractérisé par une pratique manuelle. Ils étaient impliqués directement en travaillant de leur main, ou indirectement, dans les activités de production, de transformation, de réparation et de prestation de service.
D'après P. Vidal Naquet : « les artisans sont « les héros secrets de l'histoire grecque », en raison des préjugés qui pesaient sur les métiers artisanaux, notamment par le côté de dépendance face à la demande qu'imposait le métier.
L'artisan s'est davantage sédentarisé avec la mise en place de la cité. Selon les primitivistes, la cité autarcique laisse les artisans dans une place secondaire par rapport au secteur agraire. Mais à côté de ces artisans sédentaires, il y a des artisans itinérants, et souvent la cité doit faire appel à ces spécialistes, qui peuvent parfois venir de très loin. En effet, à côté de l'artisanat domestique comme la boulangerie par exemple, se développent des artisans qui se déplacent dans des endroits où la demande va être importante et où ils pourront trouver facilement du travail.
On peut alors se demander dans quelle mesure l'artisanat est un corps professionnel itinérant et si la mobilité professionnelle des artisans est une condition à l'évolution du métier sur la période donnée (478-88). Après avoir étudié la dichotomie au sein de ce groupe des artisans entre sédentarisation et mobilité, il conviendra de s'intéresser aux raisons qui poussent ces artisans à davantage de mobilité, avant de s'interroger sur l'organisation de ces artisans itinérants.
[...] Ces artisans étaient souvent des esclaves publics (démosioi) qui appartenait à la cité ou qui étaient envoyés par d'autres cités. Autre type de chantier, les chantiers navals quand la cité possédait une flotte de guerre et faisait dépendre sa suprématie militaire de celle-ci. C'est le cas d'Athènes à l'époque classique et Rhodes à l'époque hellénistique. Ces chantiers attiraient beaucoup de main-d'œuvre, car ils duraient souvent très longtemps. Ils n'étaient même parfois jamais terminés, comme celui de Zeus Olympien à Athènes. [...]
[...] De nombreux artisans se sont déplacés de Delphes vers Epidaure, si bien qu'il ne pouvait fonctionner qu'un seul chantier de prestige à la fois. Les artisans venant à Delphes couvraient un vaste champ géographique, de l'Italie du Sud à la presqu'ile de Cnide en Asie mineure, en passant par la Thessalie. Beaucoup venaient enfin du Péloponnèse (voir carte) région d'origine des principaux administrateurs de Delphes. On peut voir de nombreux artisans qui viennent de Corinthe, d'Athènes, d'Argos, de Sicyone, mais aussi de régions comme l'Achaïe ou la Béotie. [...]
[...] Concernant l'exemple de la boulangerie, on peut observer la séparation entre le meunier et le boulanger qui se spécialisent chacun dans une tâche particulière. Ainsi, l'itinérance des artisans à pour but d'aller au-devant d'une clientèle ou de la suivre. Aux origines du monde grec, c'est le sens que l'on attribue au mot démiurge, désignation qui englobe l'artisan dans les poèmes homériques : c'est celui dont l'offre répond à la demande du peuple (démos), de la communauté. Si la demande locale est réduite, alors l'itinérance est maximale. La mobilité de l'artisanat s'oppose à l'extrême rigidité du statut de la terre et du citoyen. [...]
[...] Il y a donc un lien fort qui est entretenu entre l'artisan et la cité. Le lien entre artisan itinérant et cité : la recherche d'une compétence reconnue Une compétence reconnue, spécialisée ou polyvalente, est aussi un critère pour faire venir un artisan, une équipe ou un artiste de l'extérieur, même si la cité recourt parallèlement à une main d'œuvre locale. Durant toute l'époque classique et hellénistique, les artistes de renom n'ont cessé de faire des tournées, que nous pouvons reconstituer par la recension de leurs signatures sur les chantiers où ils étaient passés. [...]
[...] L'artisan moderne se définit comme un travailleur indépendant. Au contraire, il y a beaucoup d'esclaves dans le milieu de l'artisanat antique. La production peut se faire dans des ateliers, mais on peut aussi parler d'entreprise quand l'unité de production était trop grande pour que le travail puisse être effectué par les membres d'un même oikos. Cela suppose un recours à la main-d'œuvre servile, jusqu'à une centaine d'esclaves dans les ateliers ou des milliers dans l'exploitation minière. Ce sont les comptes des grands chantiers publics (ex : Acropole d'Athènes au Vème) qui rendent compte de la variété des métiers, des conditions et de l'organisation du travail. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture