La période archaïque, en Grèce, du VIIIème au VIème siècle avant J.C., se caractérise par la domination d'une classe sociale aisée : les aristocrates, ou aristoi. Le régime en place est bien souvent une oligarchie aristocratique, où les plus hautes fonctions, et les magistratures sont détenues par les familles aristocratiques. Cette suprématie se voit jusque dans le nom qu'on leur donne, aristoi, qui signifie : « les meilleurs ».
Comment peut-on expliquer cette domination des grandes familles riches au sein de la cité grecque de l'époque archaïque ?
Ce pouvoir se base en grande partie sur la richesse foncière des aristocrates, transmise de père en fils (I). Mais il prend également appui sur le quasi-monopole de la classe aristocratique dans les domaines juridiques, religieux, des relations sociales, et dans le domaine de l'exploit guerrier (II).
[...] Les aristoi ont, envers la cité, un devoir guerrier à remplir. Ce sont eux, en effet, les seuls aptes à acquérir et à entretenir un armement adapté : une cuirasse, des jambières, une épée, un bouclier, un casque en bronze, avec parfois des ornements d'argent, d'or ou d'étain, un cheval ou un char . Ce sont donc eux qui combattent en premières lignes avec derrière eux les hommes de troupe, dont ils sont les chefs. Ce devoir guerrier est considéré comme une sorte de tribut qu'ils ont à payer à la cité, en échange de leur richesse, de leur gloire et de leur puissance. [...]
[...] Les aristocrates doivent se distinguer en public aussi bien qu'à la guerre. De plus, les magistratures de la cité sont toujours entre les mains de cette élite. Disposant de temps libre, de ressources, de relations, forgées bien souvent par la tradition de l'hospitalité, et de prestige, ils sont ceux dont la présence à ces postes semble la plus légitime et la plus naturelle. De surcroît, les magistratures sont souvent exercées dans le cadre d'une tradition familiale. L'aristocrate peut donc se targuer d'une expérience familiale pour paraître comme la personne la plus apte à assumer ce poste. [...]
[...] Le surplus est redistribué lors de festins collectifs ou lors de grandes fêtes religieuses, et contribue ainsi à former la notoriété des aristocrates. Certains produits deviennent le symbole du statut social d'une classe privilégiée. Les esclaves sont également une marque de richesse des aristocrates. La plupart, femmes et enfants en particulier, proviennent d'un butin de guerre. Ils vivent dans l'entourage immédiat des aristoi, qui en disposent à leur convenance, ayant le pouvoir absolu de les battre ou de les tuer. Ces esclaves font partie des biens des aristoi, car ils peuvent être achetés, donnés ou vendus. [...]
[...] Les guerres ont souvent comme but le pillage des cités, plutôt que l'expansion territoriale. Les guerriers en retirent un butin, constitué de bétail, de trésors de métal ou d'or, de femmes, de captifs réduits en esclavage . Ce butin est d'abord mis en commun puis publiquement redistribué. Les pièces de valeur sont alors offertes aux chefs, aux aristoi, comme part d'honneur. Cette part d'honneur est nommée la geras, et témoigne que la valeur guerrière de l'homme qui la reçoit est digne de son rang. [...]
[...] Leurs prouesses guerrières jouent également un rôle dans cette puissance qu'ils consolident au fil du temps, jusqu'à obtenir un monopole en matière de religion et de justice. Cependant, la période archaïque est également marquée par l'apparition de la tyrannie. Lorsque des crises agraires naissent au sein de la cité que les aristocrates sont incapables de résoudre, des tyrans vont prendre leur place au sommet de la cité. Or ceux-ci sont opposés à l'existence de cette classe aristocratique, et vont prendre de nombreuses mesures pour diminuer, voire faire disparaître, leur influence politique, juridique et sociale. [...]
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