La ville de Borsippa était considérée depuis le IIe millénaire comme la petite sœur de Babylone ; elle se situe en effet à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale et sous Hammourabi avait été creusé un canal reliant les deux villes. Mais surtout, Borsippa était le centre du culte du dieu Nabû, dieu des scribes et fils de Marduk : elle était donc fortement liée à la capitale de l'Empire babylonien.
Ces cinq textes appartiennent à la famille des documents de la pratique à usage privé. Ils ont eu, en effet, une utilité immédiate et servaient dans la vie quotidienne. Ils sont scellés par des témoins, ce qui sert à rendre l'acte authentique mais qui surtout joue un rôle décisif en cas de contestation. Si le lieu précis de découverte de ces tablettes dans la ville de Borsippa est incertain car elles proviennent de fouilles clandestines, nous pouvons tout de même supposer qu'elles devaient se trouver dans une maison ou dans le temple de la ville, probablement dans une jarre ou un panier destiné à les protéger, comme cela était souvent le cas. Les trois premiers textes, concernant l'exploitation d'une palmeraie, sont des documents économico-fonciers puisqu'il s'agit de la gestion du patrimoine foncier familial. Les deux autres textes qui ont trait aux activités financières sont des contrats de prêt, plus précisément des reconnaissances de dette qui ont une valeur juridique.
Quelle image d'une famille de notables ces documents nous fournissent-ils ? Comment reconstituer une généalogie de la famille ainsi que les activités exercées à partir des documents issus de fouilles ? Comment est géré le patrimoine familial à travers les activités décrites ?
Nous verrons dans un premier temps la place occupée par les archives privées au sein de la famille d'Ea-Ilûta-Bâni ; puis comment les deux contrats de travail et l'estimation forfaitaire de récolte nous renseignent sur l'exploitation d'une palmeraie ; et finalement, à travers les deux reconnaissances de dette, comment se déroule l'activité financière au sein d'une famille de notables.
[...] A la quatrième génération, on retrouve deux fils de Nabû-sûm-iskun, mais il semblerait qu'il y ait un deuxième Zêr-Bâbili dont le lien avec la famille d'Ea-Ilûta-Bâni soit plus difficile à déterminer, d'où la présence de cette branche annexe à la droite de l'arbre généalogique et faisant mention d'un Zêr-Bâbili, fils de Sumaia. Il semblerait que ce deuxième Zêr-Bâbili soit en fait le cousin du premier. En tout cas, pour le troisième texte, il est question de Zêr-Bâbili le fils de Nabû-sûm-iskun, qui a vécu sous les règnes de Nabuchodonosor II, Neriglissar et Nabonide. [...]
[...] Le quatrième texte est une reconnaissance de dette entre Musêzib-Bêl, arrière arrière arrière-petit-fils d'Ea-Ilûta-Bâni, qui a prêté 1 pi de sésame, soit 36 litres, et Remut, le débiteur, qui doit rembourser son créancier 3 mois plus tard avec 1,5 sicles d'argent en intérêt soit environ 12,5g d'argent. Finalement, le cinquième et dernier texte est une reconnaissance de dette de 12 sicles d'argent (soit environ 100g) de Mistaia, une femme, à Musêzib- Bêl et Iddinaia. Elle demande pour cet argent le versement d'intérêts au bout de 6 mois, mais elle prend aussi en gage l'esclave Lulîtu. Problématique : Quelle image d'une famille de notables ces documents nous fournissent-ils ? [...]
[...] Le salaire des arboriculteurs. Les nukurribu, à qui l'on confiait l'exploitation d'une palmeraie, étaient rétribués par un salaire fixe constitué d'une certaine quantité de dattes. Il était en règle générale de 5 kur de dattes par kur de terre : c'est le cas du texte 1 ils auront le droit à 5 kur de dattes de salaire pour 1 kur de terre lignes c'est-à-dire environ 180 kg de dattes pour 1,33 ha. Dans son contrat d'exploitation, Puhhuru précise que pour la construction du remblai, ce qui démontre le caractère peu commun de ce travail, il versera à ses exploitants 1 sicle d'argent. [...]
[...] Les deux autres textes qui ont trait aux activités financières sont des contrats de prêt, plus précisément des reconnaissances de dettes qui ont une valeur juridique. Plan des textes et évènements rapportés Dans le premier texte, Puhhuru, petit-fils d'Ea-Ilûta-Bâni, passe un contrat d'exploitation de sa terre avec deux arboriculteurs ; la palmeraie est clairement identifiée au début du document, les travaux à réaliser sont spécifiés ainsi que le montant du salaire à percevoir par les deux exploitants, et les indemnités à verser en cas de rupture du contrat. [...]
[...] A la cinquième génération, on retrouve les fils de Zêr-Bâbili : Nabû-êres, l'aîné, et Musêzib-Bêl. C'est Nabû-êres, qui en se mariant avec Hubbusîtu, descendante de Ilî-bâni (à ne pas confondre avec son homonyme qui est la femme de Zêr-Bâbili), scelle le premier lien officiel entre la famille d'Ea- Ilûta-Bâni et celle de Ilî-bâni, un des trois rameaux constituant le lot d'archives. Pour conserver le patrimoine de Hubbusîtu, sûrement la dot apportée par la famille d'Ilî-bâni mais aussi l'héritage de Zêr-Bâbili légué à son fils aîné, à la mort prématurée de Nabû-êres, son frère, Musêzib-Bêl, se marie avec la veuve. [...]
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