Les inscriptions gravées sur les façades des monuments publics portent généralement le nom du souverain sous le règne duquel leur dédicace a été effectuée. Ici, il s'agit d'étudier des dédicaces faites en l'honneur de la dynastie des Antonins par la civitas et/ou par le pagus de Thugga. Ce sont des documents épigraphiques découverts sur le site de Thugga, une cité numide intégrée à l'Empire Romain après la bataille de Thapsus en 46 a.C. et rattachée deux ans plus tard à la colonie de Carthage. Situé à une centaine de kilomètres au Sud/Sud-ouest de Carthage, Thugga est ce que certains historiens notamment allemands, appellent une « commune double » car elle regroupe sur son territoire un pagus carthaginois et une cité pérégrine. Ces dédicaces datent toutes du règne des Antonins, qui est selon les Romains, celui qui a connu les meilleurs empereurs (...)
[...] J.-C. - 476 ap. J.-C., Paris, Errance OUVRAGES SPECIALISES BOST, Jean-Pierre, RODDAZ, Jean-Michel, TASSAUX, Francis, Itinéraire de Saintes à Dougga. Mélanges offerts à Louis Maurin, Bordeaux, Ausonius GASCOU, Jacques, La Politique municipale de l'Empire romain en Afrique proconsulaire, de Trajan à Septime-Sévère, Rome-Paris, Ecole Française de Rome LADJIMI-SEBAÏ, Leila, À propos du flaminat féminin dans les provinces africaines MEFRA, pp. 651-686. SAINT-AMANS, Sophie, Topographie religieuse de Thugga (Dougga). Ville romaine d'Afrique proconsulaire (Tunisie), Paris, Ausonius, 2004. [...]
[...] En effet, cette dédicace est faite pour l'honneur du flaminat qui est un sacerdoce religieux commun au pagus et à la civitas qui honore l'empereur et son épouse. Ici, nous avons à faire à une flaminique, puisqu'il s'agit de Nanneia Instania Fida, une femme d'origine africaine appartenant aux notables de Thugga donc elle semble originaire de la civitas. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les femmes ne sont pas exclues des sacerdoces même si elles ont souvent un lien avec le flamine du princeps or, cela n'a pas l'air d'être son cas. [...]
[...] Nous verrons les signes de la grandeur du princeps puis la dynastie antonine. On sait qu'à Rome, le princeps dispose de tous les pouvoirs. Il est grand pontife et comme le montre deux dédicaces sur les six, autrement dit, il est le chef de la religion romaine, puisqu'il dirige le collège des pontifes chargés des cultes, des temples et du calendrier religieux. Mais il est également revêtu de la puissance tribunicienne qui lui confère un caractère de sacré et d'inviolabilité. [...]
[...] Dans chacune des dédicaces aux empereurs, il est fait état de leur filiation. En effet, Hadrien est le fils de Trajan par adoption et le petit-fils de Nerva toujours par adoption. L'adoption est le moyen de s'assurer un successeur lorsqu'il n'y a pas d'héritier légitime. Ainsi, de Trajan à Marc-Aurèle, tous les empereurs ont été adoptés par leur prédécesseur. Seuls Faustine la Jeune et Commode sont des enfants légitimes. Si l'on se réfère à l'arbre généalogique, Faustine la Jeune serait donc la mère mais aussi la tante de Commode puisqu'elle est dite fille d'Antonin le Pieux qui lui-même est dit père de l'empereur César Marc Aurèle Cependant, c'est surtout en tant qu'épouse et donc impératrice qu'elle est présentée ici. [...]
[...] Elle est datée entre 184 et 211 car Commode a subi une damnatio memoriae avant d'être réhabilité par Septime Sévère. Par conséquent, son nom a été martelé à sa mort puis regravé après son dédouanement par son successeur. A présent, nous pouvons nous demander en quoi ces dédicaces illustrent le rôle éminent du princeps pour le pagus et la civitas de Thugga tant à la tête de l'Empire que dans le détail de la vie de la cité. Nous verrons donc tout d'abord l'importance du princeps et de sa dynastie puis le fait que les dédicaces soient conjointes. [...]
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