Antigone le Borgne et les cités grecques (311)

Résumé du document

« Ce ne sont pas les fils qui perpétuent la mémoire des pères, ce sont les bonnes actions et les bonnes mœurs. » Que signifie donc cette citation d'Alexandre le Grand ? Tout simplement que ce n'est qu'en s'attirant les faveurs d'un ensemble que l'on peut espérer voir son souvenir perdurer. Il signifie donc que plus l'on est à même de fédérer une foule nombreuse, plus l'on est à même de durer longtemps. Or cette vérité, si tant est qu'elle le soit, ne pourrait-elle pas s'appliquer à d'autres domaines que la mémoire ? Ne pourrait-on pas l'appliquer, par exemple, au pouvoir sous toutes ses formes ? En voyant par exemple comment des dirigeants ont assuré leur puissance par le biais d'attitudes bienveillantes envers leurs sujets ? C'est ce que nous allons voir en étudiant l'échange manuscrit entre Antigone le Borgne, un des généraux-successeurs d'Alexandre, un des Diadoques donc, et la cité de Skepsis située dans la partie d'Asie Mineure de la Grèce durant l'année 311.

Extraits

[...] Cette reconnaissance envers Antigone se manifeste de différentes manières. Notamment le fait de l'honorer. L'instauration d'un culte pour Antigone est un acte de reconnaissance pour ses bienfaits, entre autres l'apport de la liberté et la protection qu'il offre aux cités l7 que l'on se réjouisse avec lui pour ses actions La trêve de 311 permet à Antigone de se faire passer pour un défenseur des intérêts grecs, s'opère alors une véritable campagne de propagande, au travers le l'envoi de lettres similaires à celle-ci aux autres cités grecques, lettres dans lesquelles est fait l'éloge des qualités de libérateur et de pacificateur d'Antigone. [...]

[...] Et 4 ans qu'Antigone, en 315 donc, avait fait sa proclamation de Tyr dans laquelle il avait déclaré la liberté des Grecs. Une déclaration d'importance, car elle est le premier signe annonciateur des futures relations cités-Etats. Si la paix est signée en 311, c'est que les différents partis sont épuisés. En effet en 313 les négociations avec Cassandre d'un coté, Ptolémée de l'autre n'avait pu aboutir. Mais en 311 Démétrios, le fils d'Antigone, échoue dans son expédition contre Séleucos. Il a donc besoin de s'assurer des fronts pacifiques avec ses voisins afin de pouvoir concentrer ses efforts contre Séleucos. [...]

[...] Enfin, le temple n'est pas l'élément fondamental du culte grec, l'élément fondamental est l'autel. Ces deux interprétations restent valables tant que n'a pas été démontrée la vérité de l'une d'entre elles, il est donc important de rester prudent là aussi. Les paroles d'Antigone sont pour la cité de Skepsis d'une importance considérable, c'est ce que nous pouvons observer aux lignes 15-17 qu'on fasse graver sur une stèle les accords, les lettres d'Antigone et les serments qu'il a envoyés, comme Antigone l'a prescrit, et que l'on érige la stèle dans le sanctuaire d'Athéna L'ensemble des actes, paroles, traces écrites d'Antigone seront désormais enregistrés, gravées sur une stèle, signe d'une volonté de perpétuité, de longs termes. [...]

[...] Quelles sont les exigences de Cassandre ? Il a obtenu d'être général de l'Europe jusqu'à la majorité d'Alexandre IV. Il est reconnu par les autres Diadoques comme Satrape de l'Europe. Il est important de rappeler qu'Antigone trouve un terrain d'entente avec Cassandre alors qu'en 315 durant l'assemblée de Tyr Antigone avait décrété Cassandre ennemi publique Polyperchon ? Ce personnage ne semble pas poser de problème, il n'est isolé personne ne concluant de traité avec lui l17 ne présente pas de réelle menace à la trêve. [...]

[...] L9 qu'Antigone soit honorée en proportion de ses actes Cela implique les fondements religieux des honneurs cultuels. Comme je l'ai signalé plus tôt les dieux ou héros des grecs étaient soit des personnages surnaturels, imaginaires, mythologiques ou encore des morts. Or les souverains eux sont bien vivants et en tant que puissants ils peuvent décider d'anéantir ou de favoriser des populations de manière bien plus effective que les Dieux. Antigone a la possibilité d'apporter la force l'autorité, le salut, la protection, la liberté. [...]