Déesse mal connue du panthéon romain, Angerona serait pourtant l'une des déesses les plus importantes de la ville de Rome puisqu'elle en aurait été la protectrice. Elle n'est en effet que rarement mentionnée chez les auteurs antiques, mais le peu d'observations la concernant à notre disposition montre bien l'importance d'Angerona, elle est mentionnée dans La Langue latine de Varron, dans l'Histoire Naturelle de Pline, dans le De la signification des mots de Festus (l'auteur la nomme Angeronia), dans les Saturnales de Macrobe ou encore dans l'œuvre de Solin. Si aucune iconographie ne nous est parvenue, une description nous permet de nous faire une idée de sa représentation, on la retrouve dans Macrobe qui, citant Masurius, nous apprend qu'une statue de la déesse se trouvait au temple de Volupia, sa bouche était « liée et scellée » , il précise dans un autre passage qu'Angerona pointait un doigt sur sa bouche, indiquant le silence.
[...] Les Romains ont su protéger la déesse Angerona et ses secrets, Pline rappelle en effet que Valerius Soranus fut puni pour avoir dévoilé le second nom de Rome, fait qu'il lie directement à des pratiques religieuses garantissant le secret de ce nom et à Angerona[18]. Déesse mystérieuse liée intimement à Rome et à la période importante de l'équinoxe, Angerona semble avoir intrigué les érudits de l'antiquité, mais malheureusement ils se confrontaient au même manque de sources que nous. L'archéologie nous apportera peut-être un jour de nouvelles réponses. Bibliographie - H. VESNEL, Angerona in Brill's New Pauly, Stuttgart, Weimar p.694. - E. SAGLIO, Angerona in Dictionnaire des antiquités grecques et romaines d'après les textes et les monuments, Graz p.269. [...]
[...] De par son mutisme, elle garderait secret le second nom de la cité, dont elle serait même homonyme. Il s'agit d'un rôle capital, en effet ce nom ne doit jamais être connu des ennemis de la ville, cela la mettrait en grave danger. Associée de plus à la douleur et aux transitions difficiles, sa fête, les Angeronalia, était célébrée le 21 décembre, jour du solstice, période crainte par les Romains. Cette date la lie avec différentes divinités du sol comme Saturne, Ops ou Acca Larentia dont les célébrations se déroulent aux environs du solstice, peut-être peut-on supposer des liens de parenté entre ces divinités[2]. [...]
[...] Macrobe, Varron et Festus donnent des informations concordantes. La date des festivités est fixée au 12 des calendes de janvier Cette date correspond dans notre calendrier au 21 décembre, jour du solstice d'hiver, cela confirmerait la version dans laquelle Angerona est associée aux moments et aux transitions difficiles. Le solstice est en effet pour les Romains un jour sombre et inquiétant, jour où le soleil doit commencer à reparaître plus longtemps. De plus, selon Festus, cette fête fut instituée au cours d'une période néfaste[9] dont la déesse aurait sauvé les Romains, une version que confirme Macrobe[10] : Julius Modestus dit qu'on sacrifie à cette divinité, parce que le peuple romain fut délivré, par un vœu qu'il lui adressa, de la maladie appelée angina[11] Le même auteur, citant Verrius Flaccus, rattache d'ailleurs comme nous l'avons vu, le nom d'Angerona au fait qu'elle délivre des angoisses et des inquiétudes de l'âme». [...]
[...] IX, Rome Sources antiques - FESTUS, De la signification des mots, Livre Angerona traduction par M. A. Savagner, Panckoucke, Paris - MACROBE, Saturnales, X traduction par Ch. De Rosoy, Paris - PLINE, Histoire naturelle, III traduction par Hubert Zehnacker, CUF, Paris - SOLIN, I traduction par M. A. Agnant, Panckoucke, Paris - VARRON, La langue latine, VI, traduction par Pierre Flobert, CUF, Paris Macrobe, Saturnalles, Solin, I H. Vesnel, Angerona in Brill's New Pauly, p.694. [3]Festus, De la signification des mots, Angerona. F. Canciani, Angerona, in LIMC. Macrobe, Saturnalles, X E. [...]
[...] - F. CANCIANI , Angerona in LIMC, I Zurich, Munich p.792. - F. COARELLI, Il Foro romano, Rome p.257. - G. DUMEZIL, La religion romaine archaïque, Paris p.340 ss. - J. ARONEN, Angerona, in Lexicon Topographicum Urbis Romae, Rome p.42. - J.C. BELFIORE, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris p.53 - Encyclopædia Britannica, Angerona 11ème édition (Version numérisée en ligne : http://www.1911encyclopedia.org/). - A. MILANI, Rendiconti dei Lincei, ser. [...]
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