Dans un monde grec où la cité est l'élément dominant, appartenir à cette dernière est essentiel. La cité est avant tout un groupe d'hommes, celui des citoyens. Le citoyen peut l'être par naissance ou par naturalisation. Mais au IVe siècle, à Athènes, le groupe des citoyens tend de plus en plus à devenir une caste fermée et le critère de naissance prévaut largement. La citoyenneté athénienne peut dans quelques cas, mais avec une très grande parcimonie, être accordée aux étrangers ou aux métèques. Son acquisition suppose des démarches complexes. Nous sommes notamment informés sur la façon dont le droit de cité peut être accordé grâce au plaidoyer Contre Néera, faussement attribué à Démosthène. Le plaidoyer semble en fait avoir été prononcé par Apollodôre devant le Tribunal du Peuple vers 340. La plupart des discours de cet orateur ont subsisté en étant intégrés au corpus de l'œuvre de Démosthène. Le père d'Apollodôre aurait peut-être lui-même bénéficié de l'accès à la citoyenneté athénienne. Ce discours semble avoir été prononcé contre Néera, dans le cadre d'une graphé xenias, c'est-à-dire d'une poursuite publique pour usurpation de citoyenneté. Tout Athénien pouvait porter devant le Tribunal du peuple une accusation contre quiconque était considéré comme menaçant les lois. Dans une telle action il est nécessaire d'apporter des preuves pour appuyer l'argumentation du discours : pour cela, l'orateur peut faire référence à des éléments extérieurs, et notamment des lois. C'est ainsi qu'Apollodôre rappelle les principaux points de la loi d'accès à la citoyenneté à Athènes, afin de mieux souligner les torts de Néera. Il convient néanmoins de noter, qu'en réalité derrière Néera, derrière Néera, c'est celui qui l'a illégalement épousé, Stephanos, qu'Apollodôre cherche à atteindre, le considérant comme un adversaire politique. Pourquoi la citoyenneté à Athènes est-elle accordée avec tant de parcimonie et comment cela se manifeste-t-il dans les faits ? Nous verrons que le groupe des citoyens athéniens ressemble de plus en plus à un cercle fermé de privilégiés, puis que l'accès à la citoyenneté est soumis à différentes conditions et enfin la complexité de la procédure pour devenir citoyen.
[...] Il convient également de remarquer que l'accès à la citoyenneté est encore durci par des luttes de personnes. En effet, derrière Néera, c'est Stephanos, un adversaire politique, qu'Apollodôre vise. Tout cela contribue au fait qu'à Athènes au IVe siècle, la majorité des citoyens sont descendants de parents, de grands-parents et d'arrière- grands-parents athéniens. Pour finir, il est possible de dire qu'Athènes au IVe siècle est un bon exemple de ce que dit Aristote aux livres III et IV de sa Politique sur le don de la citoyenneté dans les démocraties en général. [...]
[...] Le citoyen commence par prêter serment. L'accusation portée dénonce soit l'inconstitutionnalité de forme ou de fond d'un décret soit sa nocivité pour les intérêts de la cité. En ce qui concerne les décrets d'attribution de citoyenneté, n'importe lequel peut être attaqué devant un tribunal avec pour seul argument que le nouveau citoyen ne mérite pas cette récompense et qu'il a été naturalisé en violation de la loi La conception de l'inconstitutionnalité est donc très large et, en fait, n'importe quel décret peut être attaquable pour inconstitutionnalité. [...]
[...] L'accès à la citoyenneté à Athènes au IVe siècle Dans un monde grec où la cité est l'élément dominant, appartenir à cette dernière est essentiel. La cité est avant tout un groupe d'hommes, celui des citoyens. Le citoyen peut l'être par naissance ou par naturalisation. Mais au IVe siècle, à Athènes, le groupe des citoyens tend de plus en plus à devenir une caste fermée et le critère de naissance prévaut largement. La citoyenneté athénienne peut dans quelques cas, mais avec une très grande parcimonie, être accordée aux étrangers ou aux métèques. [...]
[...] De plus, la première condition d'exécution de ces rites est la pureté. Or, Phanô est accusée de délits d'adultères, considérés comme des souillures religieuses. Elle a donc commis un sacrilège envers les dieux, et, par sa faute, une menace de souillure et d'impiété pèse sur l'ensemble de la communauté. En réalité, Phanô a fait plus que bafouer la loi interdisant l'exercice de certains sacerdoces, ou cultes, au nouveau citoyen, puisqu'elle est étrangère. Pour Apollodôre, elle n'est pas excusable et ce serait une chose révoltante de la laisser impunie (en fait Apollodôre attribue la faute de Phanô à Néera). [...]
[...] Elle le suit à Athènes. Ils passent ensemble une sorte de contrat, dans lequel Stephanos promet de l'épouser et de faire de ses trois enfants des citoyens athéniens. Ils tendent ensemble des pièges à des riches citoyens athéniens, pour leur extorquer de fortes sommes en les accusant d'adultère. Et surtout, Stephanos donne Phanô, la fille de Néera, en mariage à un Athénien, Phrastôr. Pour cela, il prétexte que Phanô est née d'une épouse athénienne antérieure. Stephanos et Néera tentent même de faire reconnaître l'enfant de Phanô et Phrastôr comme citoyen athénien, mais c'est un échec. [...]
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