Ce coup d'état doit être resitué dans un contexte où le tribun de la plèbe P. Sulpicius Rufus occupait une place importante. Ce tribun est un proche de Marius, il est l'un des tenants de la politique des populares. Son programme politique l'amenait à heurter brutalement les sénateurs, notamment à travers un projet de loi qui interdisait aux sénateurs d'avoir des dettes pour un montant supérieur à 2000 deniers. La peine encourue si le sénateur avait des dettes au delà de 2000 deniers était qu'il perdrait sa qualité de sénateur.
[...] Mithridate demanda donc la paix à Sylla en hiver 85 av. J.-C., qui accepta lui aussi de traiter avec son ennemi pour sortir de ce conflit et pour mieux retourner à Rome combattre et récupérer le pouvoir sur les partisans de Cinna. Le traité qui fut conclu à la suite des pourparlers de paix aboutissait à ce que Mithridate renonce à toutes les conquêtes extérieures à son propre royaume (donc sur ce qui faisait son impérialisme). Il acceptait également de remettre à Rome 80 navires de guerre et une indemnité de 12 millions de deniers. [...]
[...] Les représailles en Grèce, les butins de la guerre faisaient de Sylla un homme richissime ainsi que de son armée. Son armée était une armée de soldats contents d'avoir amassé autant de richesses en si peu de temps. Ces hommes avaient passé dans les Balkans et en Asie Mineure plusieurs années dans une certaine opulence. Ils avaient vécu aux dépens des populations grecques qui leur avaient fourni nourriture, vêtements, abris. Tous les centres urbains de Grèce et d'Asie Mineur qui avaient subi la guerre avaient subi des armées d'occupation. Une occupation souvent punitive. [...]
[...] C'est un paradoxe que Sylla accomplit au moment de ce coup d'État en 88 av. J.-C., car c'est lui qui est l'auteur d'un acte révolutionnaire en entrant dans la capitale à la tête de troupes et en massacrant des concitoyens. Mais il fait passer pour révolutionnaire ses adversaires politiques : c'est donc bien de la propagande. Sylla inaugure le fait d'utiliser l'armée non dans un contexte militaire extérieur, mais comme un élément de règlement de conflit politique, comme un élément déterminant dans l'opposition pour les factions politiques. [...]
[...] Les derniers foyers de résistances ont été sévèrement réprimés. Or Marius était mort, son fils aussi, Cinna aussi, Sylla ne craignait rien, car il n'y avait plus personne. Cette répression était presque incompréhensible parce que pour la première fois dans l'histoire de Rome la répression et la vengeance s'exerçaient post-mortem. Il n'y avait plus de menace. C'était une forme de gratuité de la répression. Parmi les lieutenants de Sylla il y a une figure qui émerge c'est celle de Pompée. [...]
[...] Tous ceux qui avaient des sympathies marianistes furent touchés. On voit donc que cette répression a touché le sommet de l'état romain avec les sénateurs, les élites romaines avec les chevaliers, les élites des villes de l'Italie, des communautés entières. Tandis que les vétérans et plus largement les partisans de Sylla se sont constitués très vite des fortunes parfois très grandes. L'abondance des terres mises sur le marché dû aux confiscations faisait baisser les prix. La spéculation était énorme. Ceux qui avaient de l'argent pour acheter des terres sur le marché à valeur moindre c'était essentiellement les partisans de Sylla. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture