Les Grecs sont passés de la notion de loi reine à l'idée de roi-droit. C'est l'antithèse absolue. Précisons les conceptions juridiques des anciens Grecs. Ce n'est pas facile, car le vocabulaire grec n'est pas clair. On va se centrer sur la notion de nomos. C'est le droit fondamental. Nomoi au pluriel. Le terme a été adjectivé en grec avec le terme nominon qui est généralement traduit par légal.
Cicéron déjà traduisait nomos par lex. Cela existait déjà du –Ier siècle avant notre ère. Au-delà des problèmes de traduction, il faut bien comprendre ce que revêt la notion de nomos. C'est l'ordonnancement juridique qui régit toute chose. A l'origine, l'idée de nomos avait deux caractères.
D'abord, cela renvoie à l'idée d'ordre divin. L'agencement du monde est un ordre harmonique conforme à la volonté des dieux. Il y avait donc dans la notion de nomos l'idée d'un ordre intangible et immuable. Il existe un certain nombre d'indications montrant la connexion entre ces notions. Pindare parle de "nomos, roi de tous les êtres, mortel et immortel, mène tout ceci…". Nomos conduit ainsi les hommes et les dieux.
Sophocle dans "Antigone" fait référence à une notion aggraphoi nomoi : les lois non écrites. Elles reflètent la volonté des dieux. Parmi ces lois non écrites, il fait référence au droit pour chacun de voir sa dépouille mortelle ensevelie. Le même auteur personnifie les nomoi en disant qu' « ils siègent dans les heuteus, leur seul père étant Olympe. Un dieu puissant ne vieillissant pas serait en eux». Cela se trouve dans Œdipe Roi.
[...] L'action disparaît dans l'indifférence vers -325. Le prestige des nomoi disparaît dès lors. Cette perte de prestige est apparue très tôt à dire vrai. Dans son Histoire de la guerre du Péloponnèse, THUCYDIDE montre bien que le mépris des formes juridiques est apparu à cette époque. Une comédie d'ARISTOPHANE disait : Mépriser les nomoi, n'est-ce pas la règle la plus répandue de nos jours ? Les sophistes ont beaucoup contribué à désacraliser la notion de nomos et cette dernière a miné les bases juridiques qui assuraient la prééminence de la notion. [...]
[...] Théorie des régimes dans l'histoire des idées - l'expérience grecque Les Grecs sont passés de la notion de loi reine à l'idée de roi- droit. C'est l'antithèse absolue. Précisons les conceptions juridiques des anciens Grecs. Ce n'est pas facile, car le vocabulaire grec n'est pas clair. On va se centrer sur la notion de nomos. C'est le droit fondamental. Nomoi au pluriel. Le terme a été adjectivé en grec avec le terme nominon qui est généralement traduit par légal. CICERON déjà traduisait nomos par lex. [...]
[...] Son empire va être une monarchie absolue et reprenant la formule d'ARISTOTE, ALEXANDRE va se considérer comme la loi vivante. Ce sera la lex animata en latin. Partout, le pouvoir est concentré entre les mains d'un chef plus ou moins considéré comme un dieu vivant et ne souffre d'aucunes limites institutionnelles à sa souveraineté. On est passé de la loi-reine au roi-loi. On peut imaginer que ce chemin parcouru jusqu'à l'absolutisme monarchique n'aurait pas pu s'accomplir si la suprématie des nomoi n'avait pas été ruinée par l'absolutisme démocratique. [...]
[...] Il est impensable dans un système démocratique d'interdire au peuple de légiférer. Cela ne serait pas imputable à la guerre. Un exemple serait un certain nombre de procès contre des généraux victorieux. Incident de -406. Idée d'opposer les nomoi à la volonté se heurte à des difficultés croissantes. DEMOSTHENE : Désormais il n'existe plus de différences entre les nomoi et la volonté du peuple, car rien ne saurait être au-dessus dans une démocratie L'histoire de la soumission aux nomoi dans l'Athènes démocratique s'est achevée entre -406 et -355. [...]
[...] Comment les hommes libres grecs peuvent-ils se soumettre au roi ? Le roi répond en disant qu'ils ne sont pas libres en tout et qu'ils ont un maître : le nomos. Euripide dans Oreste : C'est un très grand honneur pour un Grec que de ne pas vouloir être au-dessus des lois La notion de nomos est antérieure à celle de démocratie. Pendant deux siècles, Athènes est restée la cité du bon ordre, l'Eunomia. Mais la soumission aux nomoi s'est diluée et a disparu. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture