La romanisation des Gaules fut comme ailleurs un processus autoritaire et institutionnel : mise en place d'une organisation municipale, octroi de statuts juridiques aux communautés et aux individus, fiscalisation et cadastration... Elle fut aussi le résultat d'adaptations et d'imitations sociales et culturelles, à partir de modèles et de pratiques venues de Rome et du monde romain. Trois grands vecteurs ressortent lorsqu'on étudie ce mélange de contraintes et d'assimilation : le développement urbain tout d'abord, et celui des institutions et du cadre de la cité qui posent le problème de l'adaptation aux milieux et aux communautés indigènes. L'empereur joua dans ce processus un rôle essentiel et fut aussi par son action propre, par le relais de son administration et par la diffusion du culte impérial, un agent privilégié de la romanisation. L'action de l'armée enfin se révéla capitale (et pas seulement car elle garantissait la sécurité du système) (...)
[...] Les cités et l'intégration urbaine A. Politique urbaine et romanisation Peut-on parler de politique urbaine dans les Gaules ? Cela implique une part excessive de volontarisme, mais il n'en demeure pas moins que les décisions ont été prises au plus haut niveau (choix, des sites, facilités et privilèges accordés aux populations . Il faut de plus distinguer la Narbonnaise qui disposait dès le début de l'Empire d'une armature urbaine déjà ancienne et relativement dense, et les Trois Gaules. L'autorité romaine se trouvait en présence de situations fort différentes et devait en tenir compte. [...]
[...] Les fonctions d'un gouverneur étaient simples et étendues. Revêtu de l'imperium, il administrait et rendait la justice au nom de l'empereur ; commandait les troupes de sa province (s'il y en avait), devait maintenir l'ordre et la tranquillité, mais aussi assurer le fonctionnement régulier des institutions locales en exerçant un doit de contrôle sur la vie civique et l'activité financière des cités. Il avait également la haute main sur les travaux publics, aucune construction importante ne pouvant se faire sans son aval ou celui de l'empereur. [...]
[...] A ne pas confondre avec les opérations qui imposaient une centuriation, c'est à dire la réorganisation complète de tout un terroir à partir de l'imposition d'une grille parcellaire orthogonale, fondée sur une superficie uniforme, la centurie, et qui accompagnait généralement une redistribution des terres après expropriation. [...]
[...] Mais on ne sait que très peu de choses précises à cet égard. Ces villes n'avaient pas à proprement parler de personnalité légale en dehors de la civitas à laquelle elles appartenaient, ce qui ne devait pas faciliter la reconnaissance d'une éventuelle prééminence. On ignore également si les villes, et spécialement la capitale de la cité, bénéficiait d'un terroir municipal précisément délimité et sur lequel elles auraient exercé une autorité comme c'était le cas pour les colonies. Il n'en reste pas moins que les nouvelles capitales devinrent rapidement des centres importants, où résidaient les personnes les plus importantes de la civitas et où s'arrêtait le gouverneur en tournée. [...]
[...] Les cités pérégrines, tout en conservant parfois des magistratures (ou du moins des dénominations) d'origine celtique, adoptent assez rapidement des formes et des nomenclatures romaines qui témoignent du désir des aristocraties gauloises de se conformer aux us et coutumes institutionnels du conquérant et de s'intégrer au plus vite dans les structures politiques de l'Empire. Leur constitution reposait sur les 3 organes essentiels qu'étaient l'assemblée des citoyens, le sénat ou ordre des décurions, et les magistrats. Il semble que le gouvernement des cités gauloises soit demeuré éminemment oligarchique, en accord autant avec la tradition celtique qu'avec les habitudes romaines ; alors que l'assemblée ne semble avoir eu qu'un rôle consultatif. Le sénat (ou l'ordo decurionum) était l'organe dominant : il désignait les magistrats, et ceux-ci administraient la cité selon les vœux de l'ordo. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture