L'armée a des missions simples : "des peuples à combattre, des territoires à contrôler, des ressources à exploiter", et elle constitue une structure sur laquelle peut s'appuyer l'administration. Outil du gouvernement central, elle en est aussi une des préoccupations majeures, à la fois instrument et contrainte. Le règne d'Auguste apparaît comme le pivot de la période mais les profondes ruptures qu'il introduit ne doivent pas masquer les continuités et en particulier les héritages de la période césarienne et triumvirale. En Hispanie, l'armée "expérimentale" cède la place à l'armée "permanente" sous Vespasien alors que la transition s'effectue un peu plus tard en Germanie et Bretagne (...)
[...] Leurs camps étaient bien loin des castra hiberna des premières troupes installées en Hispanie : la conquête a cédé la place à la garde et à l'intégration à la province. Puissantes casernes aux murailles et portes monumentalisées, centres d'un territoire d'une lieue de rayon placé sous contrôle militaire, ils avaient aussi donné vie à des agglomérations, structuré la vie urbaine de régions entières. Comme en 69, la mort de Commode plaça les armées qui les occupaient sur le devant de la scène impériale. [...]
[...] Rien n'interdit la présence d'une garnison, certes légère, dans les provinces du peuple romain : la Bétique a pu avoir une cohorte. La nécessité ponctuelle de la présence d'une importante force militaire remet momentanément en question la répartition des provinces : lorsque la Bétique est victime de raids maures vers 172 et que la légion de Citérieure doit intervenir, elle est brièvement retirée au contrôle du Sénat, qui reçoit en compensation la Sardaigne. Aucune démilitarisation n'est définitive. Le gouvernement civil et le commandement militaire convergent dans la personne du gouverneur provincial. [...]
[...] Deux légions sont maintenues en Hispanie après la création des provinces car Rome s'avère incapable de trouver une solution permettant un retrait des troupes. La présence d'une armée varie en fonction des besoins, de la nécessité de calmer une révolte, de la possibilité d'étendre la conquête. Auguste peut ainsi en 27 av JC restituer au peuple romain (dans les faits, au contrôle du Sénat) les provinces les plus anciennes et les plus prestigieuses sans amputer son contrôle sur l'appareil militaire ; la mise en place de l'armée professionnelle modifie la situation : la présence militaire permanente n'est plus seulement affaire de circonstances mais résulte de l'institutionnalisation de l'armée. [...]
[...] C'est la même logique qui entraîne l'intervention des militaires dans les grands travaux provinciaux : soit l'armée apporte ses spécialistes (architectes, arpenteurs . soit elle offre la main d'œuvre de ses soldats. Mais aux yeux des Romains, les grands travaux exécutés par l'armée peuvent profiter aux provinces, mais doivent d'abord se justifier du point de vue militaire. Frumentum commeatusque : le ravitaillement des armées et les provinces Vivre sur le terrain apporte une grande souplesse opérationnelle, mais impose aussi des contraintes fortes : les grandes troupes doivent se disperser, les opérations sont limitées dans la durée, les populations locales sont rudement mises à contribution et le risque de disette existe. [...]
[...] La présence prolongée d'armées hors d'Italie et la création de provinces entraînent rapidement l'intégration de troupes de provinciaux dans l'armée romaine, les auxilia externa. La récurrence des campagnes crée un emploi banalisé de ces troupes qui offrent une spécialisation tactique comme dans le cas des frondeurs souvent Siciliens ou Crétois, puis des Baléares après 123 av JC. Souplesse des effectifs. Les réformes d'Auguste entraînent une transformation des auxiliaires en unités pérennes, au fil d'une longue période de transition. Désormais, le terme aile désigne une unité de cavalerie commandée par un chevalier romain. [...]
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