Le problème du lien entre artisanat et villes n'est pas nouveau mais des axes de recherche récents ont permis d'envisager le sujet selon des approches innovantes. Le colloque tenu au Parc des Expositions d'Autun en septembre 2007 en est révélateur : intitulé "L'artisanat antique en milieu urbain de Gaule romaine et des régions voisines", il a rassemblé durant trois jours des spécialistes dont les interventions se sont succédé sur la géographie des activités, la chronologie des espaces artisanaux, l'artisan et la transformation des matériaux. Déjà en 1999, Alain Ferdière renouvelait le thème dans "L'artisanat gallo-romain entre ville et campagne" en mettant en doute l'historiographie ancienne, avant de synthétiser sa vision en 2001 dans "La "distance critique" : artisans et artisanat dans l'Antiquité romaine et en particulier en Gaule" à la faveur d'une relecture antiquisante du concept développé par Edward Hall dans les années soixante.
La question de l'artisanat urbain est en effet une question de distance : distance géographique entre l'artisanat et les habitats, distance sociale et culturelle aussi, imposée officiellement ? mais pas toujours visible dans les faits- entre les hommes et cette activité (...)
[...] Alain Ferdière fait d'ailleurs remarquer que l'artisan est peut-être mal considéré mais il est toléré. Il n'est pas exclu car l'artisan peut s'enrichir (commerce des produits) Les grands propriétaires ne dédaignent pas d'investir dans la production et le commerce et les artisans et négociants se constituent une nouvelle notabilité en acquérant des terres fait remarquer Alain Ferdière (sigillée, briques, tuiles). A Rome, ils concentrent dans leurs mains l'essentiel de la chaîne opératoire de l'extraction des matières premières à leur commercialisation, alors qu'en Gaule on recense plutôt de très nombreuses entreprises modestes comme le fait remarquer Morel. [...]
[...] Un affranchi peut être très riche et un artisan libre ne l'est pas vraiment car il ne peut changer de condition tellement elle est héréditaire. Rostovtseff mentionnait déjà dans les années vingt qu'Auguste avait veillé à ce que les artisans restent à l'écart de la haute société et n'accèdent pas à la propriété. Dans les provinces, et donc en Gaule, les citoyens sont souvent ingenui (nés libres) ou perigrini (non citoyens) avant l'octroi de la citoyenneté à tous en «212 par Caracalla. [...]
[...] Leur présence est pourtant attestée dans l'artisanat. On les connaît par exemple par les estampilles de potiers mais ils sont bien plus nombreux en Italie qu'en Gaule. A la Graufesenque, certains esclaves étaient salariés ou loués à un propriétaire Limites de ces approches Les inscriptions funéraires montrent notamment que le travail est valorisé, ce que mentionnent Petit et Veyne dès la fin des années soixante. L'artisan qui signe soin travail est fier, remarque Alain Ferdière qui reprend les travaux de Burford sur le sujet. [...]
[...] La production de masse se situe à la campagne, éventuellement dans les agglomérations secondaires, très rarement en ville. Il existe aussi des associations professionnelles. Elles n'ont pas pour mission de défendre la profession mais d'aider leurs membres dans les activités cultuelles et funéraires. Ces collèges semblent assez rares en Gaule où ils semblent concerne plus les commerçants que les artisans. Ces associations ont pour siège des scholae qui se trouvent souvent en centre ville près du forum comme celui de Poitiers retrouvé il y a une petite dizaine d'années. [...]
[...] En tout cas, même si l'artisan lui-même est souvent confondu avec le propriétaire de l'installation dans les textes, les artisans constituent un groupe social important en nombre. L'archéologie funéraire donne des informations sur les artisans, mais il est dangereux de traduire directement les aspects extérieurs de la tombe en données sociales. Pour la Gaule, de nombreuses stèles funéraires sont attribuées à des artisans. On y voit les outils de leur travail, des inscriptions parlantes. Mais on ne sait pas vraiment si les stèles représentent les artisans ou les propriétaires de ces structures de production. [...]
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