L'aristocratie romaine (on peut parler aussi de l'élite) était un groupe social restreint et hiérarchisé qui comprenait les equites Romani et les sénateurs, que ceux-ci fussent des hommes nouveaux, des nobles ou des patriciens. Les sénateurs formaient une élite restreinte que les historiens appellent l'oligarchie sénatoriale. Tous les sénateurs étaient issus de l'ordre équestre, puisqu'il fallait avoir accompli dix ans de service dans la cavalerie romaine pour être élu magistrat, et les fils de sénateurs restaient chevaliers s'ils n'entraient pas au Sénat par l'exercice des honores. L'ordre équestre était donc le vivier naturel de l'oligarchie sénatoriale, mais il ne se confondait pas avec elle.
Au sein de l'oligarchie sénatoriale (300 sénateurs, puis 600 à partir de Sylla), il faut distinguer les patriciens, descendants des familles fondatrices de Rome (Claudii, Valerii...), les nobles (nobiles) et les hommes nouveaux (homines noui). Les patriciens pouvaient perdre leur titre nobiliaire s'ils n'étaient plus consuls.
Un certain nombre de familles patriciennes, par exemple celle d'Aemilius Scaurus, consul en 115 av. J.-C., étaient considérées comme déchues de leur titre nobiliaire, car le consulat en était sorti depuis quatre générations. Ce consul, malgré son origine patricienne, était donc regardé comme un homme nouveau. Il n'y avait rien d'irréversible et la position des nobles était par essence fragile. La famille de Jules César, la gens Iulia, réapparut ainsi sur le devant de la scène à la fin du IIe siècle av. J.-C. après une longue éclipse politique.
Les nobiles étaient des sénateurs notoirement connus (sens premier de nobilitas) dont au moins un ancêtre avait exercé le consulat. C'était une aristocratie de fait qui se définissait par le service de l'Etat. Les homines noui étaient les premiers consuls de leur famille : ils sont peu nombreux (Caton, Marius, Cicéron), car les grandes familles de la noblesse ont partagé le pouvoir sans interruption de 300 à 50 av. J.-C.
L'histoire de la noblesse républicaine est l'histoire d'une aristocratie de fonction qui se définissait par le service de l'Etat et le monopolisait. La nobilitas a de fait dirigé la République romaine sans interruption depuis sa naissance, résultat de la fusion avec le patriciat au début du IIIe siècle av. J.-C., mais ce groupe social a subi de plein fouet les conséquences économiques, sociales et culturelles des conquêtes qu'elle a entreprises sans discontinuer à partir de la seconde guerre punique (218-202 av. J.-C.). Au contact du monde grec, la noblesse romaine s'est ouverte à l'hellénisme, qui est devenu une arme culturelle déterminante dans la conquête du pouvoir (...)
[...] La structure gentilice passe pour être un héritage de la Rome archaïque qui n'aurait pas résisté à l'usure du temps et se serait dissoute avec l'émancipation des femmes, la multiplication des unions libres, non reconnues par le droit romain, dans les familles de la plèbe romaine et la population servile, et la nucléarisation de la famille. Une telle évolution fait bon marché du conservatisme social des Romains, notamment au sein de l'aristocratie Orientation bibliographique : Y. Thomas, A Rome, pères de citoyens et cité des pères Histoire de la famille (A. Burguière, C. [...]
[...] document du TD) : grand propriétaire dans la région de Cosa, en Etrurie, l'ami de Cicéron, qui avait été préteur en 54 ou en 50 av. J.-C., commercialisait son vin dans des amphores qu'il faisait fabriquer par des manufactures de céramique quasi industrielles et dont il vendait le surplus dans toute la Méditerranée occidentale. Les vestiges du port de Cosa, qu'il incita la cité à faire construire pour dynamiser ses activités, révèlent qu'il diversifait ses sources de revenus : outre la vente de son vin et de ses autres productions agricoles, il exportait des quantités massives d'amphores marquées de son nom Ses(tii), possédait des arsenaux maritimes fabriquant des navires de commerce, une flottille de pêche qui lui permettait de dominer le marché du poisson frais à Rome, et des pêcheries industrielles qui fabriquaient le célègre garum, utilisé comme condiment dans la cuisine et cuisiné avec des viscères de poisson. [...]
[...] Le problème est que l'idéal nobiliaire, qui valorisait le service de l'Etat, rejetait les sources d'enrichissement ignobles comme l'artisanat et le commerce. Les nobles étaient imprégénés de ce préjugé économique qui leur interdisait de se lancer dans le grand négoce fluvial et maritime, jugé potentiellement malhonnête, alors même qu'ils devaient écouler les produits abondants de leurs exploitations. Certains sénateurs n'hésitaient pas à transgresser ce tabou et à acheter des sociétés de transport fluvial et maritime pour faire de l'import-export et diminuer les frais d'embarquement, de rupture de charge et de débarquement. [...]
[...] Porcius Cato est un homme nouveau dont les débuts politiques furent parrainés par L. Valerius Flaccius, un sénateur patricien qui avait été frappé par ses mœurs sévères lors son tribunat militaire pendant la seconde guerre punique. Questeur en Sicile, préteur en 198, il fut élu consul avec son protecteur en 195. Il se distingua en refusant l'abolition de la lex Oppia qui censurait le luxe domestique. Il fut élu à la censure pour l'année 184 av. J.-C. Caton prônait le retour à un Etat fondé sur l'agriculture et il se fit le champion de la tradition. [...]
[...] Une fois rentré à Rome, il mena une vie dévoyée avec la jeunesse dorée de Rome. Son beau plus coup est sans nul doute l'affaire de la Bona Dea. Travesti en femme, il entra de nuit dans la maison du grand pontife, Jules César, pour y retrouver sa maîtresse (qui n'était autre que la femme de César alors que celle-ci participait pleine à un culte à mystères interdit aux hommes. Grâcié par ses juges à la demande de César, qui avait compris l'interêt de s'attacher le jeune homme, Clodius se fit adopter par un plébeien et put avec l'appui de César, Crassus et Pompée être élu tribun de la plèbe en 58 av. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture