“C'est [Rome] pour elle que nous devons mourir, à elle que nous devons nous dévouer tout entiers, en elle que nous devons placer et consacrer pour ainsi dire, tout ce qui est à nous ». C'est ainsi que Cicéron (106-43 av. J-C), dont la famille originaire de la cité d'Arpinum a reçu la citoyenne romaine au 2ème siècle av. J-C, évoque sa patrie de droit, Rome, dans son ouvrage Des Lois. Dès lors, une première question se pose : comment comprendre la fierté des Romains de fraîche date d'avoir eu accès à un privilège sans pareil de la civitas romana. Pour cela il convient de définir ce qu'est la citoyenneté romaine ne serait-ce parce qu'être citoyen romain c'est tout d'abord avoir la citoyenneté.
La civitas romana s'exerce dans la cadre d'une Respublica dont les citoyens ou cives forment le peuple, populus. Sa définition est essentiellement juridique puisqu'elle ne prend en compte ni références territoriales, ni origine sociale, ni richesse : un citoyen peut de ce fait résider n'importe où. De plus, à l'inverse de la citoyenneté moderne dont les droits et les devoirs forment un tout, la citoyenneté romaine est un « faisceau » de droits indépendants qui peuvent être accordés séparément. Ainsi définie, la citoyenneté peut être accordée à quiconque car fragmentée en droits indépendants, elle peut être graduellement accordée.
La notion de droit étant centrale dans la définition de la citoyenneté, le citoyen romain se définit tout d'abord par ses droits. Ceux-ci peuvent être d'ordre juridique bien sûr, mais aussi politique, militaire et éventuellement financier. Bien qu'à Rome il n'existe pas une constitution écrite qui rassemble les droits du citoyen, un ensemble de lois reconnues par tous permet de vivre ensemble. Ainsi les citoyens romains forment une communauté civique soumise à un seul et même droit. Le sentiment d'appartenance cette communauté s'entretient par différentes structures qui n'appartiennent pas uniquement au domaine politique, mais qui s'ancrent également dans une vie sociale. Dès lors, le citoyen se définit également par des relations et des activités collectives qu'il convient de ne pas négliger.
[...] Enfin, même si résider à Rome ne s'avère pas être une obligation, siéger à l'assemblée l'impose de facto. Dès lors, il semble bien que la charge sénatoriale soit difficile d'accès pour le simple citoyen romain et soit réservée aux plus fortunés. Car, bien qu'a priori les censeurs puissent inscrire tout citoyen sur l'album sénatorial, avoir été magistrat ou au moins questeur est nécessaire. En effet, les anciens magistrats étant plus nombreux que le nombre de places à pourvoir, les censeurs procèdent à une sélection et un certain nombre de d'anciens magistrats doivent attendre la censure suivante. [...]
[...] Electoral parce qu'ils y élisent les magistrats cum imperio et tous les cinq ans, les censeurs. Judiciaire parce qu'ils forment des tribunaux jugeant des crimes passibles de la peine de mort et une cour d'appel (provocatio ad populum) révisant les sentences arbitraires prononcées contre un citoyen. Les comices centuriates sont représentent le peuple en armes et de ce fait sont convoqués au Champs de Mars. Présidés par un magistrat cum imperio, les comices centuriates s'expriment selon un mécanisme très particulier. [...]
[...] Le texte de Polybe (200-120 av. qui prétend que les tribuns doivent en toute occasion exécuter la volonté du peuple et chercher l'accord le plus complet avec ses désirs a souvent été cité pour étayer cette hypothèse. Le tribunat de la plèbe apparaît donc, aux Romains, comme un élément essentiel dans le dispositif de protection des droits individuels et collectifs du peuple, au même titre que son corollaire immédiat : le doit de provocatio. Le droit de provocatio Le droit de faire appel (ius provocationis) contre la décision arbitraire d'un magistrat et sa réactivation par Caius Sempronius Gracchus (123 av. [...]
[...] Dès lors, si le besoin s'en était fait sentir, les autorités auraient parfaitement pu y recourir et les citoyens y auraient été régulièrement soumis. Les Romains savent donc qu'ils ne sont dispensés de l'impôt direct que dans la mesure où leur Trésor est bien alimenté et bien géré, c'est pourquoi ils sont toujours très attentifs dès que le sujet des finances est abordé. Cette attention particulière des Romains aux finances montre que le citoyen romain n'est pas, contrairement à ce que l'on pourrait penser, un privilégié du fisc. [...]
[...] Aux armées personnelles où les soldats sont les clients à la fois civils et militaires de leur général Un métier de soldat de plus en plus rentable Alors qu'au IIème siècle av. J-C l'armée se confond avec le corps civique (ou en tout cas le plus actif) et ignore les conflits entre pouvoirs civil et militaire, l'impérialisme introduit des changements qui bouleversent cette situation en rendant nécessaire une armée financée par l'Etat. Celui-ci est amené à instituer une solde (le stipendium), qui est plutôt une indemnité plutôt qu'un salaire, destinée dédommager les soldats mobilisés. Ainsi apparaît un métier de soldat de plus en plus rentable. [...]
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