L'histoire commence dans la nuit. Le veilleur attend le signal du retour du roi triomphant Agamemnon après la victoire contre la ville de Troie.
L'histoire commence aussi dans l'inquiétude du même veilleur, qui sait que, quelques étages plus bas, la reine est au lit avec Egisthe. Le veilleur espère le retour du roi mais il craint aussi les conséquences.
Cette histoire qui commence est celle d'Agamemnon, pièce d'Eschyle de 458 avant Jésus-Christ, pièce qui valut à l'auteur un prix. Cette pièce ouvre une trilogie fameuse : l'Orestie composée de trois tragédies Agamemnon, les Choephores, et les Euménides, la seule tragédie que l'Antiquité nous a léguée (...)
[...] Le talion peut-il servir la justice ? Eschyle ne le croit pas. Eschyle est le véritable inventeur de la justice. Oreste, le matricide, le meurtrier de son propre sang, devrait être tué, il devrait subir en son corps le crime qu'il a accompli. Or, Eschyle ne propose pas une telle issue, Oreste ne sera pas le vengeur condamné par son geste. Pour briser le cercle maudit de la vengeance humaine, pour esquiver le mécanisme aveugle du Talion, Eschyle fat intervenir les dieux B L'intervention des dieux Dans son discours cherchant à légitimer son geste, Oreste, peu à peu se perd. [...]
[...] Jacqueline de Romilly a écrit La crainte et l'angoisse dans le théâtre d'Eschyle. Les hommes dans ce théâtre sont libres, mais la crainte leur rappelle leur condition de mortel. L'intervention des dieux a pour principal motif de calmer ces angoisses. Mais, cette intervention trouve aussi d'autres raisons. En Grèce archaïque, la recherche de la vérité dans les procès se réalise toujours sur le terrain sacré. L'intervention de la divinité doit permettre la manifestation de la vérité. Cette dimension divine n'est pas inconciliable avec celle de la force parce que le procès archaïque grec est un combat où la vérité du vainqueur s'impose à l'issue d'une épreuve de force. [...]
[...] Le terme Diké ne vise pas exactement le droit domestique. Diké régit plutôt les rapports de groupements familiaux ou de catégories sociales, maître/esclave. Si Diké conserve une puissante connotation divine, le terme Diké évoque surtout un enseignement oral et démonstratif qui sert de support à une sentence. La justice, à l'origine, ne s'accorde pas tout à fait à Diké mais la justice va se dégager des circonstances où Diké est invoquée. Diké est constamment invoquée pour mettre fin à des abus. [...]
[...] La stricte obligation de vengeance perpétue toujours le meurtre. Ce principe institue une série infinie de représailles. Il conduit au massacre des clans et épuise la population des cités. Contre ces périls, il n'y a qu'un remède : remplacer le principe de vengeance par le principe de justice. Eschyle représente la justice en deux termes : Themis et Diké (mot qui sert à désigner la justice). Ces deux termes portent une longue tradition de signification dans la littérature de la Grèce Antique. [...]
[...] La preuve cependant reste assez mince. Elle consiste en une courte affirmation. Ce meurtre a été voulu par Zeus. Apollon n'a pas d'autre justification à donner mais elle doit suffire selon lui car rien ne saurait prévaloir sur la volonté de Zeus. Comme dans tout procès de la Grèce Antique, il s'agit de paraître et non de présenter des moyens juridiques pour répondre à l'adversaire. Les sarcasmes du choeur irrite Apollon qui se sent obligé de poursuivre sa défense. Il révèle alors sur quel sentiment se fonde le droit nouveau qu'il invoque face aux Erinyes. [...]
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