L’époque royale

Résumé du document

Les institutions royales sont relativement mal connues. En effet, les informations fournies par Tite-Live, Plutarque et Denys d'Halicarnasse sont très postérieures à l'établissement de la royauté. Dans ces conditions, la part des légendes est considérable. Certains auteurs n'hésitent pas à attribuer à la royauté romaine archaïque un aspect magique.

Le roi aurait bénéficié d'une puissance surnaturelle lui permettant de remporter des victoires militaires, de fertiliser les champs ou d'assurer la fécondité des foyers. Mais cette idée d'une royauté charismatique reste peu crédible, faute de texte. De la même façon, la royauté n'a pas instauré un régime de res publica. Le roi n'est pas un magistrat, agent d'une cité contrôlé par le Sénat et l'assemblée, comme le soutenait autrefois Mommsen. Il s'impose plutôt par la force ou l'adresse.

Extraits

[...] La seule conclusion vraisemblable, c'est que les trois tribus des Ramnes, des Tities et des Luceres ont dû avoir au début et pendant toute la royauté comme représentation politique un Sénat purement patricien de 300 membres. Les attributions du Sénat primitif: Les attributions du Sénat primitif sont incertaines. Néanmoins, les historiens s'accordent sur plusieurs prérogatives. En premier lieu, le Sénat assure le pouvoir dans l'intervalle qui sépare deux règnes (interregnum), chaque sénateur exerçant à tout de rôle la fonction d'interroi pendant cinq jours. En deuxième lieu, même s'il ne dispose d'aucuns pouvoir de juridiction, le Sénat possède le monopole des auspicia (pouvoir de lire les présages) et de l'auctoritas patrum (entérinement de l'élection du roi). [...]

[...] L'augure, la tête voilée, et tourné vers l'Orient, trace sa perspective aérienne avec le bâton augural (lituus); puis, posant sa main droite sur la tête du roi, il prie Jupiter, si le dieu agrée le nouveau souverain, d'envoyer les signes qu'il va spécifier. Ces signes une fois apparus, Numa déclaré roi descend du temple. Son pouvoir, fort de l'appui divin, en sort augmenté. Les pouvoirs du roi La nature des pouvoirs royaux: Le roi a d'abord des pouvoirs religieux: le rex sacrorum est l'intermédiaire entre les hommes et les dieux. Il consulte ceux-ci et interprète leur volonté en vertu de son auspicium. Le roi fixe également le calendrier, détermine les jours fastes et néfastes. [...]

[...] En outre, le roi exerce la juridiction pour les fautes militaires (trahison, désertion). Ces tâches deviennent si lourdes que le souverain est obligé de déléguer progressivement certaines compétences à des magistrats. Ainsi, le commandement militaire des troupes à pied est confié à un magister perdition et celui de la cavalerie à un magister equitum. Un préfet de la ville est nommé pour assurer l'autorité à Rome, en cas d'absence du roi. Enfin, le roi exerce une activité judiciaire. Il juge des crimes, non pas ceux qui peuvent se produire à l'intérieur des gens puisque seul le pater est compétent dans ce cas, mais ceux qui ont lieu entre les différentes gentes. [...]

[...] Cicéron, dans un traité de la République, nous montre que pour chacun des rois de Rome, il y a deux élections successives. La première confère le titre et la dignité de rex. Plus précisément, l'interroi, sénateur assurant la fonction royale entre deux règnes, consulte les dieux par la prise d'auspices pour que ceux-ci désignent la personne la mieux à même d'exercer la plus haute autorité. La seconde confère l'imperium: l'assemblée réunie par le nouveau roi approuve le candidat par l'acclamation d'un lex curiata de Imperio. Cette ratification du designatus est à mille lieues du vote démocratique que connaissent nos démocraties modernes. [...]

[...] La répétition et l'accumulation des sentences royales contribueront à la formation des règles coutumières. Les limites aux pouvoirs royaux: Les derniers rois de Rome ont abusé de leurs pouvoirs, conduisant ainsi à la chute du régime. Pour autant, il ne faut pas en conclure que les souverains règnent selon leur bon plaisir. D'une part, un ordre religieux (fas) s'impose à eux: les rois sont désignés par les dieux auxquels ils restent soumis. La preuve en est qu'ils doivent toujours recourir aux augures avant de prendre une décision grave. [...]