L'étude de l'économie grecque a été fortement marquée depuis le XIXe siècle par un souci de comparaison avec l'économie du monde moderne. Les thèses de l'école dite "modernistes" en faisaient une réplique réduite de l'économie contemporaine ; ces thèses ont été généralement abandonnées au profit de thèses dite "primitivistes" (M.I. Finley) qui insistent au contraire sur les grandes différences structurelles de l'économie antique (part écrasante de l'agriculture, rôle de l'autosuffisance locale, influence faible de la monnaie, absence d'un véritable marché de l'emploi et de l'investissement à cause de l'absence de concurrence réelle entre les différents secteurs de la vie économique).
La notion moderne d'économie renvoie aux activités de production, de consommation, de distribution et d'échange de biens et de services. Elle recouvre assez mal le terme grec d'oikonomia, qui apparaît chez Xénophon dans son traité L'Economique et qui a pour sens "la gestion de l'oikos", c'est-à-dire du domaine familial. Aristote a étendu le sens du mot à la gestion de la cité. Les Grecs n'ont donc pas de concept englobant toutes les notions liées à l'économie (par exemple, ils n'ont pas de mot pour désigner le "travail", concept fondamental pourtant dans la compréhension du concept de production : les notions grecques qui s'en approchent le plus sont l'action [ergon] et l'effort [ponos], qui touchent l'ensemble du comportement et pas seulement l'économie). Cependant, nous allons voir qu'une partie des comportements au sein de la société athénienne relèvent de ce que nous appelons économie, bien que la grille d'analyse que nous utilisons soit moderne.
Aux yeux des Grecs, l'économie n'est pas une sphère autonome, mais elle se rattache à la politique, au sens antique du terme (l'art de vivre en polis, l'ensemble des moyens mis en oeuvre par la communauté civique pour assurer sa subsistance). L'Etat n'a pas de politique économique, de budget au sens moderne du terme : il s'assure des revenus aux moyens de taxes diverses, mais le système fiscal est différent de celui des Etats modernes (pas d'impôts sur le revenu, pas de taxe foncière). L'idéologie de la cité ne valorise ni le travail ni le profit, d'où une hiérarchie des modes d'acquisition de la richesse (la guerre est jugée le mode le plus honorable) et une hiérarchie des activités : les activités artisanales et commerciales sont généralement mal considérées parce qu'elles induisent une dépendance vis-à-vis du client et restreignent la liberté (...)
[...] L'autosuffisance implique la diversification des cultures. La base de la production de chaque oikos, quelle que soit sa taille comprend céréales, vigne, olivier, ce qu'on appelle la "trilogie méditerranéenne" (blé ou plus souvent orge nécessaire à la confection de la maza, pâte pétrie accompagnée de légumes et de poissons qui constitue le plat quotidien; vin et huile d'olive utilisée pour la cuisine, l'éclairage et les soins du corps). Pour éviter la disette, il faut s'adapter sans arrêt aux aléas extérieurs, structurels (les conditions climatiques) et conjoncturels (la guerre). [...]
[...] Les 10 sitophylakes surveillent le prix (existence d'un "prix officiel réajusté selon l'offre et la demande : ce 5 prix officiel n'existait que pour les céréales, denrée extrêmement précieuse dont la pénurie ou la cherté entraîneraient des troubles). Il faut constituer des réserves pour éviter crises frumentaires. Athènes importe aussi des esclaves, des métaux et des matériaux stratégiques (bois de Macédoine et de Thrace pour les constructions navales et les poutres de galeries minières des accords commerciaux sont passés entre Athènes et le royaume de Macédoine en 407 pour les importations de bois lin pour les voiles, chanvre pour les cordages, poix . [...]
[...] De l'autre côté du spectre social, en dessous de 300 drachmes, on est assez pauvre puisque plus soumis à l'eisphora. On estime que moins de 10% de la population est soumise aux liturgies. [...]
[...] Pour faire face à ces dépenses nécessaires, la cité récupère de l'argent par des taxes et des impôts. Les revenus d'une cité proviennent surtout de taxes sur les échanges : une taxe douanière de 1/50e sur la valeur totale touchait toutes les marchandises importées et exportées au Pirée (comme dans la plupart des ports). Il faut ajouter la taxe sur les marchandises vendus à l'Agora, les revenus des amendes, de la vente des biens confisqués, de la location des concessions minières et des terres publiques. [...]
[...] Cependant certains produits font l'objet d'un commerce 4 sur de plus longues distance: les vins réputés de Thasos ou de Chios sont exportés dans des amphores vers Athènes et d'autres lieux de consommation. Athènes représente un cas exceptionnel par le volume et la diversité des produits échangés ainsi que par son caractère véritablement international. Le Pirée, créé par la volonté de Thémistocle, est le plus grand port de commerce (emporion) égéen; il joue un rôle local et un rôle de redistribution: c'est aussi un port de transit. exemple des céréales Le sol de l'Attique n'est pas capable de nourrir tous les Athéniens : la cité est obligée d'importer des céréales. [...]
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