Cette présence est due à la politique des rois lagides qui ont encouragé l'implantation individuelle en milieu rural. Elle est incarnée avant tout par les clérouques, soldats dotés d'un lot de terre (klèros, pluriel klèroi) en contrepartie du service militaire. La superficie de chaque klèros est fonction du rang du soldat, les cavaliers et les officiers disposant de tenures plus grandes que les fantassins. En moyenne, les lots vont de 25 à 100 aroures, soit de 7 à 27 ha environ (une aroure = 0,27 ha). Ces clérouques ont souvent été installés dans des zones récemment mises en valeur, comme le Fayoum : par exemple, à Kerkéosiris, à la fin du IIe siècle, les terres clérouchiques occupent environ le tiers de la superficie du terroir du village.
[...] Le village de Philadelphie se situe à l'est du Fayoum, dans la méris d'Héracleidès. Il nous est connu par deux types de sources :
- des fouilles archéologiques menées au début du XXe siècle ;
- les fameux « papyrus de Zénon » ou « archives de Zénon » retrouvés au cours de ces fouilles archéologiques, à partir de 1911. Aujourd'hui environ 1800 papyrus ont été publiés: ils sont pour la plupart en grec et représentent à eux seuls près du tiers de tous les papyrus d'époque ptolémaïque !
L'homme qui a donné son nom à ces documents est un Grec originaire de Caunos, cité grecque de Carie, qui fut au milieu du IIIe siècle l'homme de confiance du diocète Apollonios et l'intendant de l'immense domaine de 2750 ha qui lui avait été concédé par le roi Ptolémée II vers 259 (domaine généralement désigné comme la dôréa, « dotation », d'Apollonios). (...)
[...] Nous ignorons si c'est dès l'origine pour se mettre au service d'Apollonios que Zénon a quitté sa patrie pour l'Égypte, mais il est sûr que le royaume des Lagides exerçait une forte attraction pour les Grecs du vieux monde désireux de faire fortune. Cf. le poème du poète alexandrin Hérondas (IIIe siècle). En tout état de cause, dès 261 Zénon est en Égypte, au service d'Apollonios. Il commença par jouer le rôle d'homme de confiance et de secrétaire privé du diocète, puis en 256 Apollonios le nomma intendant de la dôréa qui venait de lui être concédée par le roi. Pendant huit ans, entre 256 et 248 Zénon, établi à Philadelphie, s'occupe donc de cet immense domaine. [...]
[...] Un certain nombre de documents d'"archives" nous montrent ainsi que Zénon était un homme d'affaire avisé également pour son propre compte, impliqué dans diverses activités, agricoles et financières : il pratiquait le prêt à intérêt et possédait des parts dans des sociétés de fermage qui levaient les impôts pour le compte du roi. Par ailleurs, sans avoir de statut officiel à Philadelphie, il se trouvait au centre d'un véritable réseau local de clientèle, et toutes sortes de Grecs et d'Égyptiens faisaient appel à lui pour lui demander des services ou obtenir son intercession avec les agents de l'administration lagide. Il était en outre très impliqué dans la vie du gymnase de Philadelphie, autrement dit un des principaux lieux de sociabilité grecque, là où se déroulait l'éducation des jeunes Grecs. [...]
[...] Histoire du monde hellénistique Les Grecs en Égypte Les conditions de vie : La présence grecque dans la chôra Introduction. Cette présence est due à la politique des rois lagides qui ont encouragé l'implantation individuelle en milieu rural. Elle est incarnée avant tout par les clérouques, soldats dotés d'un lot de terre (klèros, pluriel klèroi) en contrepartie du service militaire. La superficie de chaque klèros est fonction du rang du soldat, les cavaliers et les officiers disposant de tenures plus grandes que les fantassins. [...]
[...] L'essentiel de sa vie privée reste malheureusement dans l'ombre. On sait qu'il entretenait des relations suivies avec ses deux frères, installés comme lui en Égypte, ainsi qu'avec son père, Agréophon, resté à Caunos. En revanche, on ignore s'il a fondé sa propre famille. On peut relever son attachement à la culture grecque à travers son implication dans le gymnase mais aussi en matière de lecture : des lettres nous montrent qu'il échangeait des livres avec ses frères et ses amis et qu'il possédait une bibliothèque privée dans sa maison à Philadelphie. [...]
[...] Intéressons-nous tout d'abord au village lui-même. Peut-être existait-il à l'origine un hameau égyptien, mais il a été entièrement réaménagé à l'époque du développement de la dôréa, lorsque les Grecs s'y installèrent en grand nombre. Le nom grec, Phildelphie, se réfère à Arsinoé II ( le village de celle qui aime son frère (le nom égyptien est village des sycomores Le plan du village se présente comme un grand damier avec des rues à angle droit délimitant des îlots rectangulaires. Situé à l'est du Grand Canal il s'étend sur 5 à 600 mètres de long pour 3 à 400 mètres de large. [...]
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