Malgré des documents nombreux, incontestables et précis, l'histoire du demi-millénaire qui précéda la conquête romaine est d'une écriture passablement délicate. La raison de cette situation est même l'une des pires qui soient parce qu'elle demande que soit inlassablement franchie l'une des frontières les plus hermétiques, posée par des règles et des habitudes universitaires. Le monde des Celtes relève en effet de l'Europe du Nord et de la protohistoire, tandis que celui de la Médit se résume en une formule passablement égocentrique avec le concept de civilisation et d'archéologie classiques. La solution passe par une étude globale des sociétés européennes, elle-même appuyée sur des donnés quantifiées.
Il y eut le temps des inventaires et celui des comptes. Pendant des décennies, les historiens et les archéologues identifièrent, classèrent, datèrent et reportèrent des découvertes sur des cartes de répartition (...)
[...] Pour l'axe rhodanien : interface fut implantée en pays barbare (Chalon-sur-Saône). La situation créée par la conquête romaine de la gaule méridionale peut, de ce fait, se résumer dans un report de quelques centaines de km de la frontière, de la zone de contact et des formes de commerce qui y étaient liées et qui étaient jusqu'ici seulement côtières. Avant-postes : la conquête de la Gaule du Sud eut pour csq de faire émerger Bordeaux et de lui faire jouer le rôle dévolu à l'époque précédente à Toulouse, celui d'une interface de second rang (communauté-charnière), en bonne place dans la périphérie externe. [...]
[...] Commerce étrusque en Gaule mais moins répandu que le commerce phocéen. Dans le demi-siècle postérieur à la fondation, les Massaliotes supplantèrent très largement les Etrusques dans les circuits fondés pour partie en Gaule interne sur l'hospitalité ou prirent eux-même en charge le commerce des objets tyrrhéniens mais ne parvinrent nnaturellement pas à ruiner les chaînes commerciales qui existaient avant eux à travers les Alpes II. Le temps des princes cavaliers, des emporia et des beaux objets grecs (VIe-Ve av JC) La nouvelle création phocéenne avait deux buts : explorer la périphérie barbare en fournissant le monde grec en produits alimentaires et surtout en matières premières et agir dans la sphère médit. [...]
[...] Cette situation particulière se maintint en Gaule bien après le passage de César et la conquête de la Gaule chevelue. Deux raisons concoururent à cette immobilité jusque vers 10 av JC : romaine, en raison des guerres civiles / gauloise en raison d'une situation plus que difficile peu favorable au redémarrage économique en raison des ponctions césariennes. Car si Bordeaux prit sans pb le rôle joué par Toulouse à l'époque précédente, devenant un port de transbordement, sur l'autre axe, la situation du passé perdura. [...]
[...] La conquête romaine de la Gaule du Sud ne fit, sur de nombreux sites; que donner aux Romains et aux Italiens la totalité du marché du vin ( à Lattes en 75 av JC). La situation de l'axe Rhône-Saône, bien que nous nous trouvions là au coeur de l'axe majeur du commerce phocéen, fut la même que sur l'isthme gaulois sauf que le rôle de rupture de charge et de marché de redistribution fut tenu par Chalon-sur-Saône où, depuis le siècle dernier, des quantités prodigieuses d'amphores italiques ont été exhumées. [...]
[...] Détenteurs du pouvoir, ils n'entendirent de ce fait pas voir bouleverser la domination de la terre italienne et, quand ce fut nécessaire, agirent par tous les moyens, y compris l'assassinat, notamment des Gracques (133-123 av JC). Dans ces conditions, on imagine sans peine qu'en Gaule, la résistance commerciale des Massaliotes était inexorablement vouée à l'échec. Mutations dans la céramique : les Italiens parvinrent en effet à ce que n'avaient jamais fait les Grecs : ils standardisèrent si considérablement les fabrications, notamment avec les céramiques campaniennes A que celles-ci, produites en grand nombre par des esclaves entraînés à des gestes répétitifs, inondèrent le marché avec des produits de qualité moyenne et d'un prix très raisonnable. [...]
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