Introduction : l'essor du commerce byzantin qui s'accélère aux Xe-XIIe siècles entraîne l'essor de la bourgeoisie artisanale et marchande de Constantinople ;
? cette montée en puissance se traduit notamment par l'entrée au Sénat ;
? mais cela heurte la vision traditionnelle des Byzantins, notamment de l'aristocratie ;
-> réaction vigoureuse sous le règne d'Alexis Comnène (...)
[...] III/ La réaction sous Alexis Ier Comnène : Les gens de métier exclus du Sénat : aristocrates contre sénateurs : Nicéphore Botaniate s'était montré généreux envers le Sénat ; réaction d'Alexis, mais pas seulement pour châtier ses adversaires : attitude générale du parti qui soutient le nouvel empereur ; cf. le récit de Zonaras lors de l'entrée à Constantinople des partisans des Comnènes jetaient bas de leur mulet les sénateurs qu'ils rencontraient, parfois même les dépouillaient de leurs vêtements, et les abandonnaient à pied et demi-nus au milieu de la ; on remarquera la symbolique : mulet contre cheval, à pied et non monté, ôter les vêtements ; plus loin, le même auteur déclare qu'Alexis fit tout pour humilier le Sénat ; le Sénat est tenu à l'écart de tous les grands événements du règne, confiné à un rôle de pur apparat. [...]
[...] Nouvelle bourgeoisie et ancienne aristocratie : conceptions de l'aristocratie : deux conceptions de l'aristocratie coexistent au XIe siècle : pour les hauts fonctionnaires, la noblesse se mesure à la richesse et au service de l'État ; pour les lettrés (cf. Attaliate, Psellos), la naissance est placée au-dessus de tout ; sous les Comnènes, elle devient une condition nécessaire de l'appartenance à l'aristocratie ; la réforme de la titulature byzantine menée par Alexis Ier tend à donner une forme juridique au nouveau groupe social des parents de l'Empereur ; obtiennent d'autre part le monopole des hautes fonctions militaires. [...]
[...] l'association marchande : koinônia : le bailleur de fonds confie à un marchand une somme d'argent, pour un seul voyage, dans une région donnée ; le contrat est limité dans le temps ; le prêteur court les risques du capital ; les profits sont partagés selon les termes du contrat ; le contrat écrit n'est pas nécessaire : le consentement des parties sur les buts à atteindre, sur les moyens à mettre en œuvre, les modalités de fonctionnement et la répartition des pertes et profits constitue le contrat, mais peut être oral ; nous y reviendrons plus bas. [...]
[...] la bourgeoisie reste marginale : au plan idéologique : l'activité marchande est finalement ressentie comme incompatible avec le modèle aristocratique ; l'aristocratie a certes une petite activité économique urbaine, mais qui reste marginale pour elle ; elle se désintéresse de l'activité économique urbaine, où elle aurait pu investir : se contente de toucher les loyers : attitude économiquement passive ; au plan économique : la base de la richesse et des revenus de l'État, donc des aristocrates reste la terre : la bourgeoisie n'a pas atteint la masse critique qui l'eût rendue indispensable ; insuffisance au plan politique : l'Empereur peut se passer d'elle et trouve plus avantageux d'accorder aux Vénitiens les avantages qu'il refuse aux Byzantins ; bref, les Byzantins n'investissent que marginalement dans l'activité urbaine et commerciale au moment même où celle-ci connaît dans le monde méditerranéen un formidable essor. Conclusion : l'échec de la bourgeoisie constantinopolitaine est l'un des principaux facteurs de la décadence d'un Empire désormais mal adapté à la conjoncture mondiale, qu'il ne domine plus ; mais pouvait-il en être autrement dans un Empire qui, du haut en bas de la société, fait de l'autarcie son idéal social ? [...]
[...] le prêt forcé infra ; avec l'arrivée des Italiens, les taux d'intérêt échappent plus encore au contrôle de l'État ; les marchands grecs dissimulent le taux dans les contrats ; bien sûr, il existe une forte activité usuraire, qui est mal vue : en 942 ou 943, Romain Lécapène paie les dettes des habitants de Constantinople, tant riches que pauvres, soit 19 kentènaria ( 1.900 livres d'or) et fait brûler les reconnaissances de dettes devant la Chalcè. Les contrats commerciaux : associations pour l'armement d'un navire : la propriété du navire est souvent partagée entre plusieurs personnes dont chacune a la liberté de négocier ses parts ; le navire est fixe, mais les associés changent ; les armateurs byzantins commandent rarement leur navire ; le propriétaire d'un navire peut même être un monastère ; ceux-ci s'associent très tôt avec marchands italiens. [...]
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