Après plus d'un siècle de convulsions marquées par le passage au pouvoir d'hommes ambitieux et parfois remarquables, la République romaine est à l'agonie. Le salut ne peut plus venir d'institutions vieillies et devenues inadaptées au gouvernement d'un empire universel. Le peuple romain espère l'homme providentiel.
Les Gracques, Marius, Sylla, Pompée, César, au fait de la gloire et de la puissance successivement ne sont pas parvenus à tenir longuement ce rôle : intrigues, violences et assassinats sont venus à bout de ces personnalités hors du commun. Celui qui y parviendra (après avoir éliminé son rival Antoine) est un neveu de César, Octave, qui deviendra Auguste, le premier empereur romain ou, plus exactement, le princeps, à la tête d'un régime monarchique sans le nom auquel il aura eu l'habileté de laisser les apparences de la République.
C'est le 16 janvier 27 qu'Octave reçoit du Sénat le qualificatif d'Auguste après lui avoir remis (le 13) ses pouvoirs exceptionnels. Le nom d'Auguste n'a pas été choisi au hasard. Son entourage avait d'abord suggéré Romulus pour le présenter comme le second fondateur de Rome : Octave avait refusé, car la fin du premier roi (supposée tragique selon une certaine tradition qui prétendait qu'il aurait été assassiné par des sénateurs) lui semblait de mauvais augure.
[...] La réflexion humoristique qui lui est prêtée lorsqu'il se trouvait à l'article de la mort est révélatrice de sa pensée : "Je me sens devenir un dieu . " Domitien a été le premier à se faire nommer "dominus et deus". Il en fut détesté. Les empereurs antonins surent jouer habilement sur ce registre. Tout en étant réservés sur leur propre divinité, ils veillèrent à l'expansion du culte et de la mystique impériale. [...]
[...] C'est ainsi qu'il reçoit l'imperium proconsulaire illimité, qui lui permet de gouverner toutes les provinces, qu'il cumule avec l'imperium consulaire jusqu'en 23, où il renonce au consulat. Mais, dès 19, grâce à une dissociation qui eût été inenvisageable auparavant, il reçoit à nouveau l'imperium consulare majus, sans limites de temps et, surtout, sans être consul. Il est donc le maître à Rome et hors de Rome. Après avoir renoncé au consulat, il reçut aussi la tribunicia potestas à titre viager, bien que, patricien, il ne fut pas habile à exercer le tribunat de la plèbe. [...]
[...] Tibère ne croyait absolument pas à sa divinité. Il organisa néanmoins, dans les provinces, le culte de Rome et d'Auguste qu'il considérait comme le ciment de l'Empire. Caligula n'eut pas les mêmes hésitations : il n'hésita pas, de son vivant, à se faire adorer et à faire graver sur ses monnaies l'appellation de "Neos Helios". Cette première expérience de divinisation de l'empereur vivant fut aussi courte que calamiteuse. Claude en revint aux positions de Tibère : doute quant à la réalité de sa divinité mais exploitation du culte impérial à des fins politiques en l'étendant dans de nouvelles provinces comme la Bretagne et en le favorisant en Orient. [...]
[...] L'auctoritas est un concept nouveau, au moins comme principe d'action politique. Elle permet de légitimer le pouvoir impérial qui se fonde aussi sur 2 notions reprises au droit public qui sont l'impérium et la puissance tribunitienne. I. L'auctoritas principis, pouvoir du princeps instauré par Auguste L'auctoritas principis s'instaure avant tout dans les faits. Elle résulte du prestige du chef, qui lui confère une autorité supérieure. On y a vu une sorte de charisme, une vertu liée aux qualités personnelles d'Octave autant qu'à la force victorieuse. [...]
[...] L'auctoritas principis dénaturée par les autres empereurs Après Auguste, la dérive monarchique est de plus en plus nette. De surcroît, la personnalité trouble de certains empereurs aggrave cette évolution. Quatre dynasties se succèdent pendant cette période du Haut-Empire : les Julio-Claudiens les Flaviens et, après une année de troubles en 97, les Antonins (98-192) puis les Sévères (192-235). Le charisme des empereurs se traduit par le culte qui leur est voué. Après Auguste, à la mort de chaque empereur, il appartint au Sénat de se prononcer sur le point de savoir si le défunt bénéficierait de l'apothéose qui le ferait accéder au rang des dieux où s'il était rejeté de cet insigne honneur pour faire l'objet d'une damnatio memoriae qui conduirait à faire oublier jusqu'à son existence dont on détruirait les souvenirs matériels par exemple en faisant marteler les inscriptions comportant son nom. [...]
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