Vie des douze Césars, Néron XI, Suétone, décadence de Rome, cité romaine, jeux du cirque, vice, traditions romaines, divertissement, mos majorum, folie des grandeurs, corruption du peuple, Empire romain, commentaire de texte
Suétone (70-122 apr. J.-C.) est un des principaux auteurs et historiens de la langue latine ; issu d'une famille équestre, il a mené des études de rhétorique et d'histoire littéraire. Les circonstances de sa vie lui ont notamment permis de recueillir de précieux renseignements sur les personnalités de l'empire. En effet, très proche de l'empereur Hadrien, il fut un haut-fonctionnaire de l'empire et exerça des fonctions de secrétaire, puis d'intendant des bibliothèques et de chef des correspondances, qui lui donnèrent accès à de précieux documents impériaux.
Suétone se fit alors biographe et écrivit son oeuvre principale intitulée "La Vie de douze Césars", qui dresse le portrait des 12 empereurs qui suivirent le règne de César et retrace leur vie, en se basant sur les archives officielles de l'État, les ragots et les récits oraux. Le chapitre XI de cette oeuvre nous intéresse tout particulièrement et concerne le règne de Néron "l'empereur fou", empereur matricide, connu notamment pour sa tyrannie et son aliénation. Cet extrait évoque les jeux du cirque que l'empereur, qui possédait un intérêt certain pour la comédie, appréciait grandement.
[...] Il ne s'agit pas d'un personnage digne. Ses actions, notamment celle de dépenser l'argent de l'État de cette façon « sparsa et populo missilia omnium rerum per omnes dies » (chaque jour des cadeaux de toutes sortes étaient jetés au peuple) sont longuement décrites (accumulation) afin de les amplifier. (richesse obtenue sans effort, on imagine d'ailleurs les combats qui devaient avoir lieu en tribune entre les spectateurs pour s'arracher les bons cadeaux : double spectacle arène- tribune). = Accumulation à n'en plus finir qui illustre l'excès de l'empereur. [...]
[...] On remarque ici particulièrement les juvénales, cérémonies instaurées par l'empereur, organisées en l'honneur des jeunes gens qui coupent leur première barbe. Ainsi, il bouleverse ici les traditions en rendant public un événement relatif à la vie privée, puisque cette première barbe est originellement offerte aux dieux et marque l'entrée du jeune homme dans l'âge adulte. - Néron marque les jeux d'une volonté d'innover, d'étaler la puissance de Rome. L'excès, le grandiose, le magnifique, le surprenant deviennent très vite les maîtres mots. Mais l'innovation s'imposera rapidement comme allant à l'encontre des traditions ancestrales. [...]
[...] Les mœurs sont chamboulées du tout au tout. ( Il y a un excès frappant, du « jamais vu ». - Néron introduit des animaux orientaux : « camelorum quadrigas » « elephanto » qui témoignent de la folie des grandeurs de l'empereur (il introduit une culture étrangère dans les jeux afin de séduire d'autant plus le public et étaler sa puissance/la domination romaine sur le monde). - Il y a une auto-flatterie, des projets qui témoignent d'une certaine démence et d'un amour pour la démesure : « ludis, quos pro aeternitate imperii susceptos appellari « maximos » voluit » (lors des jeux, qu'il voulut entrepris pour l'éternité de l'empire et qu'ils soient appelés « les plus grands » : usage du comparatif (les meilleurs jeux : ceux de Néron), exagération ; des jeux revisités, nés de son imagination, qui s'imposent comme une tradition nouvelle, remaniée ; flatterie à la démesure de son personnage). [...]
[...] De quelle manière Suétone évoque-t-il ici la décadence de la cité romaine ? On évoquera d'abord l'entorse aux traditions qui caractérise ces jeux avant d'établir la critique d'un empereur qui entraîne son peuple dans la décadence et le vice. I. Des jeux qui témoignent de la folie de l'empereur et qui vont à l'encontre de la tradition Les jeux du cirque sont une composante essentielle du mode de vie romain, dans une dimension tant sociale que politique (ils permettaient aux empereurs de gagner en popularité, d'être appréciés du peuple). [...]
[...] ( Par exemple, lors des juvénales, il envoie des « senes consulares » (vieillards consulaires) et des « anus matronas » (vieilles mères de famille) jouer sur scène : ils sont tournés au ridicule alors que ce sont des personnages censés être profondément respectés dans la société romaine traditionnelle. Néron viole la tradition et fait en sorte que ces personnages, appartenant aux ordres supérieurs, soient moqués. D'ailleurs, « recepit » signifie bien qu'il rompt avec ce qui était en vigueur auparavant : ce sont normalement les esclaves et les affranchis qui se chargent de divertir le peuple dans ces conditions. [...]
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