Dans cet extrait de la Vie d'Auguste, Nicolas de Damas relate de façon épique et très détaillée l'assassinat de César le 15 mars 44 av. J.-C par un groupe de conjurés lors d'une réunion au Sénat. Le contexte fait suite, d'une part, au triomphe de César contre Pompée et ses partisans après la guerre civile, et d'autre part, à une période de cinq ans durant laquelle le dictateur abolit le régime oligarchique, monopolise et cumule progressivement les pouvoirs pour mettre en place in fine un régime monarchique, transformation qui suscite aussi bien l'hostilité de césariens que de républicains et qui annonce la fomentation d'un complot contre sa personne. Cependant, Nicolas de Damas ne met pas ici en lumière les enjeux politico-institutionnels que soulève le complot fomenté contre César, mais il s'attache à décrire objectivement les péripéties d'une conjuration organisée par des hommes mais étroitement liée à la volonté des dieux.
Dès lors, même si les causes du complot ne sont pas clairement exposées dans cet extrait, dans quelle mesure le texte nous invite-t-il à voir dans l'assassinat de César un événement inéluctable, presque annoncé et prédéterminé ?
[...] Ils n'avaient pas d'autre programme que de supprimer le monarque et de restaurer, pensaient- ils, la liberté de la cité dont ils n'imaginaient pas qu'elle pût être autre chose que la leur propre. La mort de César ouvrait alors une nouvelle phase aiguë de la crise de la République. Aucun rétablissement constitutionnel ne pouvait répondre à la situation qui était créée. La seule perspective était la reprise de cette même compétition pour le pouvoir qui avait conduit la guerre civile et à la monarchie. A ceci près désormais que César représentait un modèle qu'il était tout aussi difficile d'imiter que de rejeter. Les conséquences de l'assassinat a. [...]
[...] Les milieux populaires de Rome bénéficiaient de ses largesses et des fêtes qui célébraient la gloire du peuple romain. Même les membres de l'aristocratie sénatoriale lui étaient soumis. Ceux qui avaient combattu dans son camp avaient partie liée avec lui et les autres qui avaient été ses adversaires devaient à sa clémence leurs biens et toute leur existence. Le danger n'était pas là. Il tenait d'abord à ce que les membres du Sénat étaient collectivement écrasés par la position qu'il avait prise et qu'individuellement ils étaient soumis à une concurrence inacceptable dans les manifestations de dévouement qu'il attendait d'eux. [...]
[...] A cette concentration des pouvoirs de pouvoirs s'ajoutent d'abord le droit de prendre place parmi les tribuns, suivi de l'obtention de la puissance tribunicienne, détachée de la fonction de tribun de la plèbe qu'il ne peut exercer parce qu'il est patricien. Il détient le droit de diriger l'attribution des magistratures, de désigner les gouverneurs de province, de commander les armées. C'est également à lui que revient la préfecture des mœurs (pouvoirs du censeur) ainsi que la première place au Sénat. En somme, César concentre les pouvoirs sur sa personne. [...]
[...] Regards sur l'histoire, Paris, SEDES CARCOPINO J., César, 5e édition, Paris, PUF CHRISTOL M., NONY D., Rome, des origines aux invasions barbares, 7e éd., Paris, Hachette DAVID J.-M., La République romaine, Paris, Seuil, Coll. Points DAVID J.-M., La Romanisation de l'Italie, Paris, Flammarion DENIAUX E., Rome, de la Cité-Etat à l'Empire, Paris, Hachette HINARD F. (dir.), Histoire Romaine, t. Des origines à Auguste, Paris, Fayard JACQUES F., SCHEID J., Rome et l'intégration de l'Empire, t. Paris, PUF, Coll. Nouvelle Clio LE GLAY M., VOISIN J.-L., LE BOHEC Y., Histoire romaine, Paris, PUF, Coll. 1er cycle MARTIN J.-P., Les provinces romaines d'Europe centrale et occidentale av. [...]
[...] Il avait atteint et franchi l'Océan et le Rhin qui constituaient les frontières occidentales de l'oikoumène. Il avait besoin maintenant de trouver à Rome une position qui correspondît au prestige qu'il avait acquis. Le butin qu'il avait accumulé, plus encore que les tributs qu'il avait imposés, lui donnait une fortune qui lui permettait d'acheter des partisans et de prévoir les travaux à Rome qui célébraient ses exploits. Mais, plus que tout, c'étaient sans doute l'ampleur et la nature de ses ressources en dépendants qui inquiétaient ses adversaires. [...]
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