[...] Le statut épigraphique de ce discours témoigne de son importance pour le peuple Lyonnais et, par extension, pour le peuple gaulois. En effet, plus qu'une simple requête au sénat, Claude entrepris un éloquent argumentaire, apologétique de la condition gauloise.
Pour comprendre comment Claude parvint à faire entrer les notables gaulois au sénat, nous étudierons d'abords comment il traite l'ancestrale tension identitaire entre romains et pérégrins, puis nous nous pencherons ensuite sur sa stratégie de persuasion à la réforme par une habile apologie des gaulois.
Les citoyens romains, habitants de la cité, étaient très préoccupés par la notion de civitas ? droit de cité. Notion qu'ils fondaient sur une dissociation essentielle entre membres de l'urbs et étrangers pérégrins. Claude savait que de lourdes tentions identitaires étaient directement issues de cette distinction nationaliste (l'anachronisme nous semblant justifié). Son discours contourne explicitement cette tension. Il rappelle aux sénateurs les noms d'illustres notables et gouverneurs romains, descendants ? voir membres eux-mêmes ? de citoyens d'autres patries.
[...] Le troisième paragraphe du discours est une accumulation rhétorique des diverses constitutions de Rome au fil des siècles. Cet extrait est, de ce fait, un texte très riche d'un point de vue historique, puisqu'il explique en peu de mots l'évolution complète de l'organisation du pouvoir romain. Dans le cadre de son argumentaire, il démontre, par l'Histoire, combien de fois les mouvements de réformes ont modelé l'organisation romaine. Ce qui justifierait son entreprise de de iure honorum gallis dando ? attribution du jus honorum aux gaulois ? intitulé (...)
[...] Claude rappelle en outre que si la Gaule fut une rivale sous César et qu'elle combattue Rome pendant dix ans, elle est désormais une puissante alliée qui soutient les conquêtes germaniques des romains. On sait que l'empereur, à un âge avancé, avait voulu mieux intégrer au sein de Rome le peuple gaulois pour lequel il avait une grande estime. En vue de sa succession sénatoriale, il est très possible qu'il voulu faire des jeunes gaulois romanisés les futures élites d'un sénat gallo-romain à son image. [...]
[...] Il rappelle comment s'organisait le pouvoir du temps lointain de la monarchie. Les rois, à cette époque, concentraient tous les pouvoirs, mais, à la manière de la royauté grecque, le pouvoir n'était pas héréditaire. Il nous faut de plus relever ce qu'il dit de la fin de la monarchie, car c'est un argument qui nous éclaire quant au mode d'évolution des institutions romaines : ce n'est que lorsque la monarchie devint vraiment insupportable aux romain que tout naturellement ( ) c'est aux consuls, magistrats élus pour un an que l'administration de l'Etat fut transférée» ls. [...]
[...] Il pose, à ce titre, une juste question : y a-t-il vraiment une hiérarchie entre italiens et pérégrins ? L'empereur consacre tout un paragraphe de son discours à l'exemple de la colonie des viennois qu'il considère comme l'archétype de la province intégrée qui, depuis longtemps : fournit des sénateurs à la curie Il extrait de cet exemple deux opposés : L.Vestinus, dont il fait l'éloge en vantant sa bravoure et son dévouement à sa caste et à sa patrie, mais sur qui l'Histoire reste singulièrement muette seul Tacite, au livre sixième de ses Annales, dit de lui qu'il est un : simple chevalier, mais qui par son crédit et par sa réputation était au niveau de ce qu'il y avait de plus grand. [...]
[...] Notion qu'ils fondaient sur une dissociation essentielle entre membres de l'urbs et étrangers pérégrins. Claude savait que de lourdes tentions identitaires étaient directement issues de cette distinction nationaliste (l'anachronisme nous semblant justifié). Son discours contourne explicitement cette tension. Il rappelle aux sénateurs les noms d'illustres notables et gouverneurs romains, descendants voir membres eux-mêmes de citoyens d'autres patries. Il cite à ce titre le nom de Numa, successeur direct, dit-on, de Romulus. Ce roi appartenait au peuple sabin, voisin de Rome. [...]
[...] Né à Vienne (Isère, France) et envoyé assez jeune à Rome, il a su pénétrer le cercle de la famille impériale. Ainsi fréquenta-t-il assidûment la maison d'Antonia, nièce d'Auguste, mère de Claude, grand-mère de Caligula. Sans doute le premier gaulois à être admis au Sénat de Rome, Valerius fut deux fois consul, une première fois sous le règne de Tibère (en 35 ap. J.-C.) et une deuxième fois en 46 ap. J.-C. sous le règne de Claude. Son avidité de pouvoir, mêlée à son statut de pérégrin, explique le blâme qu'en fait l'empereur. [...]
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