Ce commentaire de textes à propos du synœcisme athénien s'articule autour de deux extraits.
Le premier texte est un extrait de Thésée, écrit par Plutarque. Auteur de biographies, Plutarque naît sous le règne de l'Empereur Claude, vers 46 apr. J.-C.. Issu d'une famille aisée, il part dans ville universitaire d'Athènes. Après avoir été honoré du titre de citoyen athénien, il rentre à chez lui vers 90 apr. J.-C., date à laquelle il débute la rédaction des Vies parallèles des hommes illustres. Cette œuvre rassemble vingt-deux couples de vies parallèles, dans lesquelles un homme illustre romain est à chaque fois comparé à un grec.
Le second texte est un extrait de La Guerre du Péloponnèse, écrit par Thucydide, homme politique et historien athénien du Ve siècle. La vie de cet auteur est toute entière vouée à la guerre entre Sparte et Athènes, puisqu'avant d'en être l'historien, il en fut lui-même un acteur : né vers 460 av. J.-C., dans une famille noble d'Athènes, il reçoit un commandement militaire en -424 mais ne peut empêcher la chute d'Amphipolis. Cet échec lui vaut d'être condamné à l'exil et commence alors pour lui sa carrière d'historien. Il meurt vers -395, laissant un travail inachevé qu'il reviendra à Xénophon de terminer. Thucydide est un des premiers historiens à vouloir s'affranchir véritablement de la dimension romanesque du récit pour ne s'en tenir qu'à la vérité stricte, promouvant ainsi une nouvelle méthode d'écriture, plus scientifique que jamais.
[...] Nous aborderons dans une première partie, la légende de Thésée en elle-même afin de mettre en relief les informations données par les deux extraits, puis nous nous pencherons sur l'aspect religieux que peut revêtir le concept de synœcisme, en nous attachant à mettre en relief les différences observables entre les deux textes, et nous terminerons notre réflexion en nous intéressant à la portée politique de cette légende dans la Grèce Classique. Le plan I. La légende d'Athènes : Thésée, le fondateur mythique L'Attique fractionnée Le synœcisme : Thésée, l'unificateur Un mythe critiquable ? II. [...]
[...] Chez les Phéniciens, la division en cités est acquise avant la fin du IIe millénaire, soit trois ou quatre siècles avant que les Grecs n'adoptent à leur tour cette formule. Au moment où se mettent en place les premières cités de l'âge archaïque (polis), le monde grec pratique donc depuis longtemps un éparpillement des communautés. L'innovation, aux alentours des IX-VIIIe siècles av. J.-C., n'est donc pas tant dans ce fractionnement infini que dans la structuration, sous une forme nouvelle, de ces communautés. Et c'est là que le mythe développé par Plutarque et Thucydide prend tout son relief. [...]
[...] Ce choix avait une résonance politique non neutre. Face à ceux qui se réclamaient de l'héritage de Clisthène pour pousser plus avant les réformes en faveur du peuple, la célébration de Thésée, héros incontestable, devait rappeler les termes du contrat initial sur lequel était fondée la cité, c'est-à-dire le pouvoir aux Eupatrides, les autres se contentant d'une certaine égalité : les nobles se prévalaient de leur gloire, les paysans de leur utilité et les artisans de leur nombre (Plutarque, Vie de Thésée, XXV, 2). [...]
[...] Devenu roi à son tour, Thésée aurait donc entrepris de réunir ce qui ne l'était pas. Selon la légende athénienne, Thésée n'est donc pas le fondateur d'Athènes au sens où Romulus fut celui de Rome, mais l'auteur d'une réunion de communautés, d'un synœcisme, donnant naissance à une nouvelle entité politique. Comme le rappelle Plutarque, Thésée entreprend une grande tournée de tous les dèmes (bourgs) et de toutes les familles (ligne 5). L'auteur décrit aussitôt les réactions des habitants à la venue de Thésée et de son projet. [...]
[...] La discorde se situe entre Poséidon et Athéna. Pour persuader les Athéniens de faire leur choix à propos du nom de la cité et de s'attirer les faveurs, les deux dieux proposent aux Athéniens des offrandes. Ainsi, Poséidon propose d'offrir l'eau salée à la cité alors qu'Athéna propose l'olivier. Les Athéniens semblent plus séduits par l'offre d'Athéna et choisissent alors d'appeler leur cité Athènes, de prendre Athéna comme déesse protectrice et de prendre son symbole, la chouette pour emblème de la cité. [...]
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