Statut d'hilote, société spartiate, sources grecques, Critias, Strabon, Ephore, Soua, Plutarque, Myron de Priène, Thucydide, Jean Ducat, monde antique, commentaire de texte, conditions d'esclavagisme
Au vu du nombre d'auteurs différents proposés pour ce commentaire portant sur les Hilotes, la présentation de ceux-ci et de leurs textes sera inévitablement plus succincte qu'à l'habitude. Tout d'abord, nous avons des textes de Critias transmis par Libanios. Le premier est un homme politique, philosophe, orateur et poète athénien du Ve siècle, cousin ou grand-père de Platon selon l'historiographie, dont une grande partie de l'œuvre a été perdue tandis que le second est né au sein d'une famille curiale à la fin du IVe siècle à Antioche en Syrie et est reconnu par ses contemporains pour son œuvre majeure. Les second et troisième textes sont issus du livre VIII de l'œuvre "La Géographie" de Strabon, géographe grec du 1er siècle, originaire du royaume du Pont. Pour le troisième texte, Strabon a repris ceux d'Ephore, célèbre orateur et historien grec du IVème siècle dont l'œuvre ne nous est pas parvenue.
Le quatrième est extrait de la "Souda", une encyclopédie grecque de la fin du IXe siècle après J.-C. L'extrait porte sur Lycurgue, législateur mythique de Sparte. Son nom est traditionnellement utilisé pour définir l'ensemble de la législation mise en œuvre à Sparte, sans que cette attribution n'engagent sur l'historicité du personnage ou le fait qu'un seul homme ait été à l'origine de ces mesures. Les deux derniers des trois textes de Plutarque de ce commentaire en sont d'ailleurs extraits, le premier étant quant à lui consacré aux "Institutions des Lacédémoniens". Le sixième extrait de ce corpus a pour auteur originel Myron de Priène, un historien grec, dont l'existence ne peut être datée avec précision. Enfin, l'extrait numéro neuf est tiré du livre IV de l'œuvre "La guerre du Péloponnèse" de Thucydide, politicien et historien athénien du Ve siècle bien connu.
[...] En conséquence, ces textes sont tous dus à des écrivains étrangers, pour certains relativement tardifs, comme ceux de Myron de Priène et de Plutarque, qui ont plusieurs siècles d'écart avec les premiers Hilotes. De plus, de certains auteurs comme Critias et Ephore ne subsistent que ce que nous en rapportent d'autres ; ici, respectivement Libanios et Athénée. Cela induit possiblement des erreurs d'interprétations. Enfin, il ne faut pas négliger la considération que ces différents auteurs avaient pour Sparte, qu'elle soit hostile ou favorable. [...]
[...] Il en est de même pour la peur des Hilotes que nourrissent les Spartiates : peut-être ne concernait-elle qu'une période particulière pas représentative de ce qu'était vraiment la cohabitation de ces deux populations, comme pourrait le prouver le caractère rare des révoltes. Par ailleurs, l'hilote n'est pas qu'un inférieur, un esclave chargé de nourrir les spartiates. À cette fonction principale, s'ajoute un rôle primordial : d'une certaine façon l'hilote fait le spartiate. Ce dernier tire, en partie, de l'hilote sa condition de citoyen. Par la redevance sur les récoltes d'une part, dont le produit est indispensable aux spartiates voulant prétendre au titre d'Homoioi, mais aussi, et peut-être surtout, par le fossé entre les deux conditions. [...]
[...] Lorsque l'hilote est trop puissant, il enfreint la norme de sa condition et déborde sur celle des Spartiates qui accordaient de l'importance aux qualités du corps. Au-delà de l'ordre public, une égalité ou supériorité physique des Hilotes menaçaient le fondement même de la société : la supériorité d'essence des Homoioi. Critias, par l'intermédiaire de Libanios, nous apprend des lignes 36 à 40 que Par défiance envers les hilotes en question, le Spartiate quand il est chez lui ôte le brassard de son bouclier. [...]
[...] À Sparte, le sentiment d'égalité et de solidarité que note cet adjectif nait, en partie, de la relative uniformité du mode de vie et de la place des pratiques communautaires, mais aussi de la conscience d'une supériorité également partagée sur le groupe indifférencié des Hilotes. Ainsi J. Ducat peut-il noter : Plus que tout autre citoyen en Grèce, le Spartiate se sent appartenir à une élite qui est tellement au- dessus de la classe inférieure que les hiérarchies bien réelles qui la parcourent peuvent être pensées comme négligeables par ceux qui en font partie. [...]
[...] Le citoyen qui gère ce kleros ne peut ni affranchir les Hilotes attachés, ni les vendre à l'étranger. Cependant, les citoyens peuvent tout de même se prêter cette main-d'œuvre entre eux. Cette réglementation s'inscrit dans l'optique de maintenir un groupe servile intra-communautaire qui ne s'alimente que par sa propre reproduction et non par l'importation, comme le font d'autres cités avec les esclaves-marchandises. Les différentes tâches hilotiques A la ligne l'extrait de la Souda est le suivant : Il confia aux Hilotes les autres travaux, et aux Spartiates les occupations militaires. [...]
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