Le Roux Patrick, « La romanisation en question »

Résumé du document

Patrick Le Roux est professeur d'histoire romaine à Paris XIII. Il a notamment publié Le Haut-Empire romain en Occident aux Points Seuil.

Le concept de « romanisation » est utilisé pour « rendre compte de la soumission d'une société et d'un territoire conquis aux formes d'organisation voulues par Rome ». Le terme est souvent employé comme allant de soi, comme si l'histoire de la domination romaine se caractérisait par une intégration uniforme des populations conquises. Simon Keay et Nicola Terrenato ont mis l'accent sur le renouvellement des méthodes et sur les rencontres et des interactions entre conquérants et conquis.

Extraits

[...] Devenir romain n'est pas la romanisation, puisque les identités culturelles se construisent que partiellement par l'action de Rome. B. La créolisation, substitut à la romanisation Jane Webster propose de substituer créolisation au terme romanisation La notion de créolisation a été employée pour des sociétés africaines et américaines sous domination anglaise, elle définit l'apparition d'un langage mixte issu de deux langues. Le processus rend compte d'une adaptation accompagnée de résistances. Les Bretons et les Gaulois sont traditionnellement décrits comme opposés aux représentations anthropomorphiques des divinités. [...]

[...] Les carrières militaires permettaient l'intégration et la romanisation. En effet, elles permettaient d'acquérir la maîtrise du latin, des techniques administratives, l'usage de la monnaie, la culture nécessaire aux opérations de commandement et d'organisation quotidienne. L'épigraphie tient une place centrale dans les sources : l'étude des inscriptions funéraires permet d'observer les noms et les systèmes de dénominations. Les ex-voto et les autels votifs montrent que les pratiques antérieures n'ont pas disparu. S'agit-il de signes de résistance ou de conservatisme ? La romanisation a aussi engendré des dynamiques nouvelles : César avait ainsi créé des équivalences entre les panthéons gaulois et romain. [...]

[...] L'idée d'un progrès par la civilisation se retrouve bien chez les auteurs romains. En conclusion, le renouveau des sources a montré la diversité des histoires locales dans les provinces romaines. Mais ni l'épigraphie, ni les textes littéraires ne doivent être exclus des sources. L'histoire des provinces romaines nécessite leur croisement. La romanisation reste un outil méthodologique indispensable puisqu'elle permet une histoire de la conquête insérée dans une structure d'échanges et de refus. La romanisation permet d'aborder l'histoire de Rome en tant que structure de pouvoir et de gouvernement. [...]

[...] Le Roux Patrick La romanisation en question Patrick Le Roux est professeur d'histoire romaine à Paris XIII. Il a notamment publié Le Haut-Empire romain en Occident aux Points Seuil. Le concept de romanisation est utilisé pour rendre compte de la soumission d'une société et d'un territoire conquis aux formes d'organisation voulues par Rome Le terme est souvent employé comme allant de soi, comme si l'histoire de la domination romaine se caractérisait par une intégration uniforme des populations conquises. Simon Keay et Nicola Terrenato ont mis l'accent sur le renouvellement des méthodes et sur les rencontres et des interactions entre conquérants et conquis. [...]

[...] Selon lui, la romanisation en Gaule est le fruit d'un processus culturel complexe qui aboutit à la création d'une culture provinciale originale. En effet, cette culture associe des éléments du passé et de la révolution culturelle initiée par Auguste. De nouvelles élites locales arrivent au pouvoir et imposent une nouvelle vision du monde. Les clivages n'opposaient pas des Gaulois et des Romains, mais des Gaulois entre eux. D'après Greg Woolf, on pouvait devenir Romain sous tant de formes variées que le devenir ne signifiait pas être assimilé à un idéal type, mais plutôt acquérir une position dans une structure complexe de traits distinctifs par lesquels s'exprimait le pouvoir romain Greg Woolf s'est intéressé au domaine du corps. [...]