L'extrait que nous étudions aborde une période considérée par de nombreux historiens comme le tournant de l'histoire de la République romaine : la formation du « premier triumvirat » et le consulat de César. Il est issu du Livre II consacré aux guerres civiles d'Appien. Contemporain des règnes de Trajan (97-117) d'Hadrien (117-138) et d'Antonin (138-161) il serait né vers 95 et mort vers 165. Ce Grec, originaire d'Alexandrie, alors l'une des plus grandes métropoles du monde romain, reçut d'Hadrien la citoyenneté romaine, puis acquit le statut de chevalier avant de s'installer à Rome, où il fit une carrière d'avocat et de haut fonctionnaire. Il se présente lui-même comme un homme qui « occupa l'un des plus hauts rangs dans sa cité et plaida à Rome des causes devant les empereurs qui le jugèrent finalement du titre de procurateur » (Histoire romaine, préf. 15). Ce n'est que sur la fin de sa vie qu'il entreprit d'écrire son Histoire romaine.
L'extrait que nous étudions est issu des Livres XIII à XVIII (réunis en 2 livres dans l'édition moderne) qui relatent les guerres civiles, organisées selon ses propres termes « en fonction des principaux acteurs, Marius et Sylla, Pompée et César, Antoine et César Auguste contre les meurtriers de César, puis entre eux » (préface du livre XIV). L'intérêt particulier de son œuvre pour les historiens modernes réside dans le fait qu'elle est la seule relatant de manière continue l'ensemble de la période, celle de Tite-Live étant perdue, et celle de Dion Cassius amputée de son début.
L'extrait proposé, dénué de toute indication chronologique, débute en nous décrivant l'ascension politique de Caius Julius Cesar, patricien issu d'une famille qui, bien que n'appartenant pas au cercle des très grandes dynasties, prétendait descendre de Iulus, fils d'Enée, et par là même de Vénus. On y suit son évolution dans le cursus honorum, de sa propréture d'Espagne Ultérieure (61) jusqu'à sa candidature au consulat (juillet 60). Ensuite est décrit le contexte politique accompagnant le retour de Pompée d'Orient (janvier 60) et son ralliement à César et à Crassus face à l'opposition des optimates. Enfin la fin du texte s'attache au consulat de César et de Bibulus (59), jusqu'à l'effacement de ce dernier et au triomphe de la politique des triumvirs.
[...] S'ils s'associèrent pour accéder au consulat de 70, leur entente ne dura point. Dix ans plus tard, donc, Crassus apportait son soutien à l'opposition des sénateurs qui refusaient d'accorder à Pompée l'ensemble de ses demandes. D'une part, Pompée souhaitait qu'une loi agraire accorde à ses vétérans des terres et que par ailleurs fussent confirmés par le Sénat (l. 18) l'ensemble des donations qu'il avait accordées à des rois, à des princes et à des cités (l. 17). Dès janvier 60, le tribun T. [...]
[...] À la tête de son armée, César s'était dirigé vers le Mons Herminius (Sierra Estrella) où, face au refus des habitants de déplacer leurs villages dans la plaine il entreprit de les exterminer pourchassant les montagnards sur la côte, puis, une partie d'entre eux s'étant réfugiés dans l'ile Berlenga et les îlots voisins, il les rejoignit sur une flotte qu'il avait réquisitionnée. Pour la première fois, une flotte romaine naviguait sur l'Océan. Ainsi, sans pertes trop coûteuses, César s'était assuré une fortune considérable lui permettant de rembourser une partie de ses dettes, d'envoyer une somme considérable au Trésor Public (l. et surtout de s'assurer une gloire par des succès militaires dont l'éloignement grossissait l'importance. Son retour à Rome en juillet 60 pour y faire ratifier le titre d'imperator que ses soldats lui avaient décerné et y obtenir le triomphe (l. [...]
[...] De la formation du triumvirat à la fin de son consulat il sut briser l'opposition des optimates et s'assurer des moyens de raffermir son poids politique (III). I. L'ascension politique d'un outsider (C. Meier) 1. La voie corrompue du cursus honorum Nommé comme propréteur en Espagne Ultérieure pour l'année 61, César, comme l'indique Appien rencontra des difficultés financières auprès de ses créanciers ses dettes dépassant sa fortune à cause de ses ambitions (l. 2). En effet, l'endettement faisait partie, dans une certaine mesure, de la carrière politique. [...]
[...] Carcopino, op. cit. Carcopino, op. cit. Ibid. Canfora, César, le dictateur démocrate, Flammarion, Paris Sextus César, cousin du père de César, avait été consul en 91. Canfora, op. cit. [...]
[...] À tel point que certains historiens y virent le début des guerres civiles, tel Asinius Pollion dans son Histoire des guerres civiles qui commence par l'année 60. Si comme nous l'écrivions en introduction, l'éclairage qu'apporte Appien sur l'ensemble du Ier siècle av. J-C s'avère précieux, car il constitue le seul récit continu des guerres civiles que nous possédions, le manque de précision, tant chronologique (l'absence de dates est d'ailleurs revendiquée dans sa préface) qu'événementiel et les erreurs émaillant son œuvre en font, sinon un piètre compilateur[20] du moins, pour la période précise du triumvirat, sur laquelle subsistent d'autres œuvres d'Anciens ainsi que la riche correspondance de Cicéron, un point de départ utile, mais néanmoins insuffisant à une juste compréhension des événements. [...]
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