Plutarque, Lysandre, Athènes, Gylippe, Lacédémone, Sparte, sagesse, valeurs morales, constitution, invasion, vol, représentation archétypale du spartiate modèle
Entre Périclès, Caton l'Ancien, Alexandre le Grand ou César, Plutarque, auteur grec romanisé des Vies illustres s'attarde sur des philosophes, des chefs d'Etat, des prosateurs ou des hommes de guerre. Parmi ces derniers, Lysandre, général lacédémonien dont l'extrait dresse l'action charnière pour la cité d'Athènes, tombée aux mains de leurs ennemis spartiates. Le présent document rend compte de l'attitude que Lysandre adopte à la suite de la défaite d'Athènes : cette dernière est menacée de réduction en esclavage ou de disparition. Mais la sagesse de Lysandre exonère la cité de ces destinées funestes et le général de Sparte (ou Lacédémone) leur préfère un changement de constitution.
[...] D'où la volonté finale et la conclusion morale de Sparte à l'encontre d'Athènes, porteuse de vices et de concupiscence, vaincue par les armes, mais triomphante par les fléaux importés (lignes 35-37). L'extrait est riche en informations et en représentations et Plutarque, qui se doute bien de la distance entre la narration des faits et l'historiographie qui en est produite, ne manque pas de rappeler subtilement, par l'adjonction de termes et la structuration du récit historique, les circonstances dans lesquelles Sparte et Athènes se livrent un duel à mort pour l'hégémonie culturelle et l'imperium total sur la Grèce. [...]
[...] Lysandre, un contre-modèle vertueux aux errements de sa propre cité Plutarque, en effet, distancie le jugement des Spartiates, contemporains de la victoire de Lacédémone sur Athènes, et celui de l'historiographie, c'est-à-dire de sa propre représentation des faits. L'émissaire de Lysandre, Gylippe, est ainsi corrompu : à ce que l'on rapporte , écrit Plutarque, décousit le fond des sacs, prit dans chacune une forte somme d'argent, puis les recousit (lignes 25 et 26). Gylippe est pourtant un proche de Lysandre ; il a commandé en Sicile (ligne 25) et trahit, ce faisant, l'homme le plus puissant et, pour ainsi dire, maître absolu de la Grèce (ligne 24) qu'est Lysandre à ce moment charnière de l'histoire des relations entre Lacédémone et Athènes. [...]
[...] ) tous les convives s'attendrirent et se rendirent compte qu'il serait trop affreux de faire disparaître une ville si glorieuse , lignes la défiance générale de Sparte à l'encontre d'Athènes, mère de si grands hommes (ligne 12) est vive. Cette xénophobie de Sparte est alimentée par la puissance commerciale d'Athènes, elle diffuse son modèle non seulement culturel, mais également sa force de frappe économique ( La chouette était, paraît-il, l'emblème que l'on voyait le plus souvent sur les monnaies en ce temps-là, à cause de l'importance d'Athènes , lignes 32-33) sur le territoire grec. Cette influence est telle qu'elle finit par corrompre les spartiates eux-mêmes. [...]
[...] Dès lors, dans quelle mesure Plutarque, grec romanisé, dresse-t-il le portrait d'un Lysandre qui dépasse le simple statut de général pour se porter à une représentation archétypale du spartiate modèle ? Le premier temps du devoir sera consacré à l'examen d'un Lysandre comme reflet des valeurs morales de Sparte : modération, rectitude, sagesse et gloire. Il complètera le second temps du commentaire qui s'attache à dépeindre la réaction de Sparte elle-même face et aux côtés de ce général victorieux, entre passions destructrices et xénophobie latente ; Lysandre vient, au contraire, apporter, en négatif, les aspects positifs de Sparte, comme un contre-modèle vertueux aux errements de sa propre cité. [...]
[...] Mais Lysandre est aussi un homme habile, qui sait utiliser, à bon escient, le divertissement pour des affaires militaires et politiques : Lysandre fit venir d'Athènes un grand nombre de joueuses de flûtes, rassembla toutes celles qui étaient dans son camp, et c'est au son des flûtes qu'il fit abattre les remparts et brûler les trières (lignes 18-20). Lysandre est ainsi un homme de conciliation : il contente ses alliés (lignes 20 et 21) et satisfait aussi les athéniens qui ne déplorent pas la perte de leur cité ou la disparition de leur peuple. Mais c'est par une vertu que Lysandre va subir les déconvenues : la confiance. [...]
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