« La ville de Rome fut d'abord en la possession des rois, puis Lucius Brutus établit la liberté et le consulat » (Tacite). En 509, la royauté semble en effet remise en cause et une Res publica est instaurée. Le roi Tarquin le Superbe est renversé à la suite d'une affaire de mœurs qui déclenche un mouvement « révolutionnaire » dont le principal leader est Brutus suivi par Publicola. Dans le nouveau régime, placé sous le signe de la libertas (le plein exercice des droits civiques), l'imperium (le pouvoir de commandement) civil et militaire est conféré à deux consuls.
Après 509, Romains et Étrusques se livrent de nombreuses batailles provoquées par les Tarquins qui ne se résignaient pas à la nouvelle situation, mais il s'agissait aussi d'une dispute pour le contrôle des rives et du passage du Tibre devant Rome. Dans ce contexte agité, Publicola, qui a participé à l'élaboration du nouveau régime, est consul dès 509. Ce dernier est l'objet de notre corpus de documents.
[...] La République est donc le régime de la libertas, les Romains s'étant libérés d'un tyran. Le prétexte du soulèvement contre la royauté vient parachever cette image de violence et de débauche des Tarquins. Aux l à 21, Plutarque écrit prit [ ] violence C'est donc une nouvelle violence opposant les mœurs étrusques aux mœurs romaines, qui déclenchent le mouvement révolutionnaire : le viol de la belle et vertueuse Lucrèce (la femme de Collatin) par Sextus Tarquin, cousin de Collatin et fils de Tarquin le Superbe. [...]
[...] Dans notre extrait, l'auteur évoque Publicola lorsqu'il est consul et rappelle la méfiance du peuple qui le soupçonne d'aspirer à la royauté. Publicola s'abaisse alors devant celui-ci, hanté par l'idée qu'on puisse le soupçonner d'une telle chose. Le troisième document est une photographie du lapis satricanus, une inscription latine datée de 508, retrouvée dans la zone archéologique de Conca di Ferrere. Elle a été repérée lors de la première campagne de fouilles de l'Institut hollandais de Rome en 1977 (de notre ère) sur un bloc. [...]
[...] À côté de Brutus et après lui, Publicola apparaît comme le second fondateur. Comme on l'a vu, l'inscription nous éclaire d'éléments extérieurs à Rome et montre que même s'il est probable que le peuple ait au moins suivi le mouvement et qu'il y ait eu un accord général sur le changement de régime, ce sont bien les anciens magistrats royaux qui se sont naturellement trouvés propulsés à la tête de l'Etat à la chute de la monarchie. Ainsi, cet épisode correspond plutôt à une réaction de défense des intérêts d'une oligarchie, à laquelle s'opposait la politique des rois de la période étrusque, qu'à un mouvement populaire. [...]
[...] Mater Matuta est la déesse protectrice de la maternité, du premier mariage, de ce qui vient au monde, du matin et de l'aurore, elle semble être la divinité poliade de la cité de Satricum. Notre dédicace, datant de 509, et étant faite à Mars, l'inscription serait donc un ex-voto placé dans le lieu de culte de Satricum par les compagnons de Publicola entre la destruction du temple et sa reconstruction. La langue de l'inscription comporte des archaïsmes romains : cela étant en accord avec l'origine de Publicola. [...]
[...] Or un peu partout, le rex fait place soit à un magistrat unique et suprême, le dictateur, soit à des magistrats formant un couple (consuls ou préteurs). On peut donc envisager que la volonté d'hégémonie du souverain de Chiusi, Porsenna (que l'annalistique fait intervenir après 509), aurait fait tomber Rome qui se serait alors organisée en république puisque le souverain n'était pas venu pour s'établir. En conséquence, d'un point de vue global le passage à la République à Rome ne fut qu'une péripétie au sein d'un vaste conflit. [...]
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