Ce document est un texte de Xénophon (428-354), un homme qui appartenait à une grande famille athénienne. Vers l'âge de 18 ans, il rencontra Socrate et devint son disciple. Xénophon fut banni d'Athènes pour avoir rejoint l'armée spartiate. Il vécut pendant près de 30 ans dans le Péloponnèse où la cité de Sparte lui attribua un domaine dans les environs d'Olympie. Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur Socrate et son enseignement, sur des événements historiques, mais aussi sur beaucoup d'autres sujets comme l'éducation, les régimes politiques ou l'économie.
Dans l'Economique, Xénophon précise le partage des tâches et des rôles entre l'homme et la femme dans la maisonnée, et Ischomaque enseigne à sa très jeune épouse ce qui lui est dévolu. En effet, l'Economique est un traité d'économie domestique pour savoir comment bien gérer un domaine agricole. Cet ouvrage a été rédigé vers 380 avant Jésus Christ pendant l'exil de Xénophon dans le Péloponnèse. Dans cet extrait, Ischomaque, un riche propriétaire foncier décrit en détail à Socrate de quelle façon il a organisé son exploitation et plus particulièrement quel rôle assigne-t-il à sa femme. Il traite d'abord du mariage et de sa finalité, appréhende ensuite la place de sa femme au sein du foyer, et met enfin en exergue les différences qui existent entre homme et femme, celles-ci justifiant le rôle qu'il confère à sa femme.
[...] Le premier rôle de la femme dans la cité est donc de se marier afin d'avoir des enfants et de fonder un foyer. Mais au sein de ce foyer, la femme a un rôle et une place différents de celle de l'homme, ce qui correspond à un idéal, celui de la séparation de l'univers féminin et de l'univers masculin. Un idéal : la séparation de deux univers, celui des hommes et celui des femmes A travers ce texte on peut constater que la société athénienne est organisée selon cet idéal de séparation homme/femme, une séparation qui s'explique par l'idée selon laquelle les divinités ont donné une nature différente à l'homme et à la femme. [...]
[...] Cependant, la connaissance des femmes athéniennes passe par le regard des hommes, pas toujours objectif. A cet égard, Xénophon présente à travers ce texte une vision idéale de la vie de couple, considérant le mariage comme une nécessaire association entre un homme et une femme complémentaires, ce qui en fait un texte original. Néanmoins, même s'il ne donne pas une vision totalement négative de la femme, la situation de la femme ne peut être appréhendée sous le même angle dans la mesure où le mariage constitue pour elle le prolongement de son statut d' éternelle mineure Xénophon ne remet en cause ce statut d'infériorité et le légitime même par les témoins humains et l'omniprésence des références divines, à l'origine des dispositions naturelles et de la répartition des tâches. [...]
[...] LEGRAS, Education et culture dans le monde grec, Paris, SEDES E. LEVY, La Grèce au Ve siècle, Seuil, Points histoire R. LONIS, La Cité dans le monde grec. Structures, fonctionnement, contradictions, Paris, Nathan N. LORAUX, La Grèce au féminin, Paris, Belles Lettres N. LORAUX, Les Enfants d'Athena : idées athéniennes sur la citoyenneté et la division des sexes, Paris, La Décuverte N. LORAUX, Les expériences de Tirésias, le féminin et l'homme grec, Paris, Gallimard J.-J. MAFFRE, Le siècle de Périclès, Paris, PUF, Que sais-je ? 1990. [...]
[...] C'est la mise en commun de leurs biens respectifs afin de fonder un nouveau foyer, un oikos, c'est-à-dire la maisonnée comprenant la cellule familiale. La nécessité de l'oikos est mise en évidence notamment par la déclaration les hommes ne vivent pas en plein air comme le bétail et il leur faut un toit, c'est évident Le nouveau couple vit donc ensemble dans une maison qui porte aussi le nom d'oikos. Cependant, l'oikos ne représente pas uniquement la maison et la famille. La femme aussi fait partie de l'oikos, qui appartient lui-même à la communauté. [...]
[...] Cependant, le mariage dans la vie d'une femme de citoyen est un acte majeur. Le mariage est l'acte essentiel qui constitue le clivage entre la concubine et la femme mariée (un père peut donner sa fille sans dot mais elle sera une concubine totalement exclue de la cité). De surcroît, elle passe de l'autorité du père à celle du mari, avec qui elle va fonder un nouveau foyer et donner une descendance légitime. La femme passe donc d'une forme de dépendance à une autre et le texte met clairement en relief la hiérarchisation des sexes, la soumission des femmes et la redistribution des rôles sociaux. [...]
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