L'Invention d'Athènes, Athènes imaginaire ou l'invention de la cité, Nicole Loraux, institutions politiques, topoi, épitaphios, oraison funèbre, arétè, Moses Finley, objectivité, recherche historique, commentaire de texte
Ce texte de Nicole Loraux, intitulé "Athènes imaginaire ou ''invention de la cité", est un chapitre de "L'Invention d'Athènes", qui est une publication en 1981 de sa thèse consacrée à l'oraison funèbre. Loraux l'affirme d'emblée : "les Athéniens ont inventé Athènes". Aux dires de l'historienne, on a coutume de croire que c'est à force de pratique des institutions politiques que les Athéniens en seraient venus à penser l'idée d'Athènes, à ériger la cité en modèle idéal. L'expérience précèderait en d'autres termes le concept. C'est la thèse inverse que se propose de démontrer Loraux : la cité athénienne, ne se réduisant pas à l'expérience concrète qu'en faisaient les Athéniens, serait un modèle construit, imaginé par eux.
[...] L'Invention d'Athènes, Athènes imaginaire ou l'invention de la cité – Nicole Loraux (1981) Ce texte de Nicole Loraux, intitulé « Athènes imaginaire ou l'invention de la cité », est un chapitre de L'Invention d'Athènes, publication en 1981 de sa thèse consacrée à l'oraison funèbre. Synthèse I. Les Athéniens ont inventé Athènes Loraux l'affirme d'emblée : « les Athéniens ont inventé Athènes ». Aux dires de l'historienne, on a coutume de croire que c'est à force de pratique des institutions politiques que les Athéniens en seraient venus à penser l'idée d'Athènes, à ériger la cité en modèle idéal. [...]
[...] Il semble dès lors vain à Loraux de recenser dans l'épitaphios tout ce qui relève de l'illusion, de la mystification, ou de se demander si les Athéniens étaient conscients de cette idéalisation de leur cité. Plus intéressante serait la démarche consistant à étudier ce système imaginaire en lui-même, selon ses dynamiques et structures propres. Car l'oraison funèbre offre une appréhension du réel pour ainsi dire totalisante : il s'agirait selon Loraux d'éclairer le réel à la lumière de la cité. [...]
[...] Ou sommes-nous influencés par notre époque ? Loraux rappelle la nécessité d'être conscients du fait que nous portons un regard extérieur et éloigné, et donc chargé de concepts modernes, sur cette pratique politique ; ce qui ne disqualifie pas néanmoins notre interprétation. Elle cite, incarnant en cela l'approche pluridisciplinaire caractéristique de l'école de Paris, le philosophe Michel de Certeau, qui affirme, dans L'Écriture de l'histoire : « l'histoire est habitée par l'étrangeté qu'elle cherche, et elle impose sa loi aux régions lointaines qu'elle conquiert en croyant leur rendre la vie ». [...]
[...] Cause de cette distorsion, le caractère conservateur du genre : sa forme rigide, ses topoi, son lexique pour le moins aristocratique, tous ces éléments viseraient à assurer la pérennité de la cité. Comme l'affirme Loraux, « maintenir inchangée une certaine idée pragmatique de ce qu'est la valeur athénienne, telle semble bien être en effet la fonction qu'assume l'oraison funèbre ». En somme, l'épitaphios manifesterait un refus de l'innovation, serait un discours pour ainsi dire réactionnaire, en décalage, du moins, par rapport à la réalité. [...]
[...] Les Athéniens, considérés comme uniques, ne pouvaient être identifiés à l'homme en général. IV. La dimension idéologique des sociétés antiques Ayant donc établi cette limite, Nicole Loraux s'attache dès lors à étudier la dimension idéologique des sociétés antiques par le biais de l'oraison funèbre. Contestant quelque peu le propos de Moses Finley, selon qui, « dans la Grèce antique, avec l'exploitation au grand jour des esclaves et des sujets étrangers, il y avait peu de place pour l'idéologie au sens marxiste », elle l'affine en trois points. [...]
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