La vision de Jules César que donne l'historien grec Appien, dans son "Histoire des guerres civiles de Rome", est largement tributaire de sa distance avec les événements. Cet Alexandrin vivait sous les Antonins au deuxième siècle de notre ère. Procurateur impérial, il était imprégné de ses lectures de Suétone et de Plutarque, qui avaient avant lui raconté, le premier dans "La vie des Douze Césars", le second dans les "Vies parallèles", la fortune et le destin tragique de Jules César. L'auteur était également marqué par l'idéologie impériale qui avait figé l'héritage césarien et l'avait vidé de sa dimension conflictuelle.
Aussi Appien livre une interprétation consensuelle de l'action de César et la présente comme une fondation prématurée et avortée du principat augustéen. L'extrait présenté ici insiste sur les filiations entre l'accumulation des pouvoirs de César et ceux de son fils adoptif et héritier Octavien Auguste. Il présente également de manière indirecte une interprétation de l'assassinat du dictateur.
En 44, Jules César n'avait plus de rival susceptible de lui disputer la prééminence politique à Rome. Ses victoires permanentes contre les tribus gauloises, les royaumes d'Égypte, de Numidie et du Pont et l'élimination des Pompéiens à Pharsale, Thapsus et Munda avaient accrédité l'idée qu'il était invincible et donc protégé des dieux, croyance que renforçait la filiation revendiquée de la gens Iulia avec la déesse Vénus.
[...] César avait obtenu ce privilège en 46 et il avait célébré lors de fêtes somptueuses à Rome ses quatre victoires contre la Gaule et les royaumes d'Egypte, de Numidie et du Pont. Le droit de garder la tenue du triomphateur en permanence insistait sur l'importance de la victoire dans le pouvoir de César et faisait de lui un homme au moins égal au premier des dieux. Le fondement du pouvoir césarien était donc religieux. La victoire aux yeux des Romains était en effet le signe de la faveur divine et d'une élection providentielle. [...]
[...] L'accès aux grandes provinces de l'Empire comme l'Asie ou l'Afrique était désormais programmé par César. C'en était fini des pots-de-vin des sociétés de publicains, en charge de la perception sur place des impôts, et des “cadeaux” des notables provinciaux. Il fallait de même se rapporter au bon vouloir d'un seul homme pour obtenir du Sénat les commandements proconsulaires susceptibles de déboucher sur des guerres et de rapporter du butin. Seule l'amitié avec César, c'est-à-dire l'entrée dans sa clientèle politique (amicitia), permettait aux familles de la noblesse de s'adapter à la nouvelle situation. [...]
[...] Ils avaient révélé à certains membres ambitieux de l'oligarchie sénatoriale les enjeux d'un nouvel instrument de pouvoir et de contrôle sur la plèbe urbaine. Ce n'est pas un hasard si la surenchère évergétique et les dépenses somptuaires des édiles plébéiens et curules lors des jeux publics dont ils avaient la charge (cura ludorum), notamment après les jeux scéniques ruineux de M. Aemilius Scaurus, dissuadèrent les candidats à la popularité et les incitèrent plutôt à choisir le tribunat de la plèbe comme levier de leur ascension politique. [...]
[...] L'extrait présenté ici insiste sur les filiations entre l'accumulation des pouvoirs de César et ceux de son fils adoptif et hériter Octavien Auguste. Il présente également de manière indirecte une interprétation de l'assassinat du dictateur. Contexte) En 44, Jules César n'avait plus de rival susceptible de lui disputer la prééminence politique à Rome. Ses victoires permanentes contre les tribus gauloises, les royaumes d'Egypte, de Numidie et du Pont et l'élimination des Pompéiens à Pharsale, Thapsus et Munda avaient accrédité l'idée qu'il était invincible et donc protégé des dieux, croyance que renforçait la filiation revendiquée de la gens Iulia avec la déesse Vénus. [...]
[...] L'addition du consulat à la dictature ne représentait pas qu'un cumul du principal pouvoir militaire et civil des magistrats supérieurs (consuls et préteurs). Il donnait à César la possibilité de convoquer à Rome les comices centuriates ou le Sénat, et donc de contrôler en tant que président des comices l'élection des magistrats chaque année. Le dictateur obtint d'ailleurs de désigner les candidats à toutes les magistratures pour les trois années suivantes. Les magistrats devaient en plus lors de leur entrée en charge jurer de ne s'opposer à aucune des mesures définies par César En acceptant de s'adjoindre un collègue comme consul, César maquillait l'omnipotence de ses pouvoirs dictatoriaux derrière la première des magistratures du cursus honorum et flattait l'aristocratie sénatoriale en lui prouvant son désir de collaborer avec elle et de respecter la légalité républicaine. [...]
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