Homère est sans doute le plus célèbre des poètes de la Grèce ancienne, auteur des fameuses épopées de L'Iliade et de L'Odyssée, c'est un personnage empreint de mystères. Toute l'Antiquité en effet, crut à son existence, toutefois, rien ne l'atteste, selon le grec Hérodote, considéré comme le premier historien et explorateur, il aurait vécu vers 850 av. J.-C.. L'homme était un aède, un poète itinérant qui errait de ville en ville, chantant ses poèmes aux assemblées, aux fêtes ou bien aux banquets. Cette pratique du « bouche-à-oreille » était courante en Grèce ancienne, culture de l'orale et c'est de cette manière par ailleurs que nous ont été transmis les poèmes homériques. L'Iliade, épopée de 24 chants est composée de 15.337 hexamètres dactyliques tandis que L'Odyssée en comprend 12.109, soit plus de 27.000 vers, répartis en 24 chants et appris par cœur et récités par les aèdes, jusqu'à ce que le tyran d'Athènes, Pisitrate, décide de les retranscrire dans sa bibliothèque au VIe siècle av. J.-C..
L'Iliade est le récit d'un épisode de la guerre de Troie, conflit qui oppose les Troyens aux Achéens depuis près de 10 ans. Y est relatée la colère d'un héros Achille, qui rend incertaine l'issue du combat et qui va provoquer la mort de son compagnon Patrocle ainsi que du champion des Troyens, Hector. En même temps, L'Iliade c'est un choix pour Achille, celui de reprendre le combat et d'y connaître la mort, mais dont la gloire sera immortelle, ou bien de reprendre la mer et de vivre en paix, mais qui sera vite oublié.
Un passage de L'Iliade est particulièrement édifiant, non seulement pour comprendre la nature du poème homérique, mais surtout pour déterminer d'un point de vue historique, ce que celui-ci nous apprend sur la société homérique, telle qu'elle est présentée au travers des épopées. Il s'agit du passage à la fin du Chant XVIII de L'Iliade et qui correspond à la présentation des scènes qu'a gravées le dieu Héphaïstos sur le bouclier d'Achille.
Il s'agit donc de déterminer comment ce passage, qui semble à première vue correspondre à une simple description des illustrations faites par Héphaïstos sur l'arme divine, a en fait une place essentielle et unique au sein de l'œuvre homérique, tant pour le lecteur que pour l'historien, dans sa connaissance de la société archaïque, à l'époque d'Homère.
[...] Ainsi, la particularité de cette scène est qu'elle renferme la quintessence de l'habileté du dieu forgeron et également de sa vision distanciée. La récurrence, à trois vers d'intervalles, de l'hémistiche περικλυτὸς ᾽Αμφιγυήεις,[46] L'Illustre Boîteux qui vient dès le premier vers du passage, en témoigne. Pareille répétition serait inconcevable si elle n'était commandée par une raison puissante et c'est l'emploi du verbe ποίκιλλε qui confirme un travail d'artiste,[47] puisqu'il s'agit d'un hapax, un terme qu'on ne retrouve nulle part ailleurs dans l'œuvre d'Homère et qui veut dire modeler indiquant bien un travail hors-normes, digne du dieu des forgerons. [...]
[...] On peut noter ici la sacralité du cercle aux vers 504-505 : Les Anciens sont assis sur des pierres polies, dans un cercle sacré un groupe de gherontes qui peut faire référence à l'aréopage, assemblée composée d'anciens et de vieillards qui exerce généralement la fonction judiciaire dans la cité. G. Glotz a proposé une reconstitution de l'évolution juridique grecque et il a avancé qu'à l'époque d'Homère, la famille aurait gardé intact son droit de vengeance et c'est seulement à la fin du VIIe siècle que les auteurs d'homicide auraient été traduits devant les tribunaux d'Athènes. [...]
[...] Les poèmes homériques dans leur ensemble n'apportent que peu d'informations. Dans L'Odyssée par exemple, on apprend que le domaine d'Ulysse est exploité par des serviteurs esclaves, mais lorsque Télémaque cherche à recruter un équipage pour se rendre chez Nestor, Antinoos demande s'il est composé de volontaires ou de thètes.[70] Il existerait donc des travailleurs libres, le terme ἔριθοι désigne ces gens qui travaillent moyennant un salaire. À noter que les autres hommes libres dont parlent le plus les poèmes homériques, hormis les thètes, sont les démiurges, c'est-à-dire ceux qui accomplissent les tâches d'utilité publique, des artisans, des hérauts, aèdes, devins . [...]
[...] Mais revenons sur ces premiers vers qui ouvrent le Bouclier et qui présentent les premiers éléments qu'inclut Héphaïstos au bouclier. On peut tout de suite émettre un parallèle avec La Théogonie, puisque, tout comme Hésiode, Homère présente le Cosmos au commencement de son œuvre. Avec la terre, le ciel et la mer, on retrouve le ciel, la terre ferme et l'étendue marine qui, chez l'auteur de Des Travaux et des jours, arrivent à l'existence lorsque l'entité Gaia donne naissance à Ouranos, le ciel, aux Montagnes et à Pontos, l'étendue marine.[54] Pourtant, on constate que le texte homérique lui, ne poursuit pas sur des généalogies divines, mais sur un monde humain, au contraire de la cosmogonie hésiodique. [...]
[...] L'Iliade, chant XVIII, v.520-544 Cf. L'Iliade, chant XIX, v 216-219 Cf. L'Iliade, chant IX, v26-28 et chant XIV, v.65-81 Une union entre des hommes et qui repose sur l'entente: Une définition qui a d'ailleurs été très approfondie dans les études d'histoire et d'ethnologie ces dernières années, citons entre autres Dominico Musti, Il cerchio e la linea : «cuore» e «ragione nella costruzione della città, Carmine Ampolo, Città e partecipazione : i cittadini comme «azionisti» della polis Cf. L'Iliade, chant II, v. [...]
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