Le pouvoir à Sparte reste encore aujourd'hui indissociable de l'image préconçue d'une autorité tyrannique et despotique. Divisée entre le pouvoir des rois et celui des membres de la gérousia, l'autorité politique spartiate s'appui aussi sur une troisième entité gouvernante qui soutient principalement cette préconception : celle des Ephores, reconnus comme une magistrature collégiale qui détient un pouvoir et une autorité inestimable sur l'ensemble de la société lacédémonienne.
Leur pouvoir et les moyens de l'exercer dans toute la cité spartiate sont si étendus que leur fonction est bien évidemment soumise à de nombreuses controverses. D'un côté, elle reçoit les louanges de l'auteur Xénophon. Né en -426, Xénophon est le descendant d'une riche famille aristocratique. Très tôt il fréquente les sophistes et devient l'élève de Socrate. Mais en 401, Opposé à la restauration de la démocratie après la tyrannie des trente, il s'engage dans l'expédition de Cyrus le jeune en Asie centrale.
Au cours de cette bataille, Xénophon est élu commandant de l'arrière garde de l'armée des mercenaires grecs et prend part à la célèbre retraite des « dix mille ». Suite à cette expédition, Xénophon est banni d'Athènes : il met dès lors ses hommes au service du roi spartiate Agésilas II intégrant ainsi les rangs de l'armée spartiate.
C'est au sein de cette armée qu'il affronte les Athéniens en -394 à Coronée avant de se retirer à Scillonte en Elide, où il consacre plus de 20 ans à la rédaction de ses ouvrages les plus célèbres dont cette constitution des Lacédémoniens, apologie politique de la société et du système politique à Sparte d'un Athénien au cœur spartiate.
[...] Si l'on sent était tenu à la constitution des Lacédémoniens, de Xénophon on pourrait donc se laisser tenter de dire qu'une telle institution ne présente que des avantages à être appliqué au sein d'un régime politique dans sa forme peut-être. Mais la nuance que nous apporte Aristote par la mise en avant de sa mise en place concrète est indispensable ; ce dernier nous rappelant bien évidemment que l'institution de l'éphorat est également critiquable dans la mesure où il ne s'agit que d'un semblant de pouvoir incorruptible qui tend plutôt à glisser vers la hantise spartiate de la tyrannie. [...]
[...] Pourtant, il existe une réflexion qui les mène à la même conclusion. Il s'agit de l'importance de l'obéissance suggérée par l'éphorat. Pour Xénophon, il s'agit d' bien inestimable dans l'état (l.2) ; pour Aristote, c'est l'assurance de la cohésion de l'état car le peuple se tient en paix (l.18) Tous les deux s'entendent donc sur l'avantage et la nécessité que représente la magistrature de l'éphorat dans le maintien de l'harmonie civile et politique à Sparte. Elle devient la gardienne de la constitution et des traditions spartiates : Ce que les Grecs nommaient le nomos. [...]
[...] En effet, elle dessert d'avantage, l'oligarchie que le peuple qu'elle est censée représenter. Puisque pauvres, les Ephores étaient forcement corruptibles (pour l'accession à la haute magistrature avec la fraude électorale ou pour l'argent que pouvait leur offrir les membres de la gerousia, tous issus des grandes familles de Sparte), et puisque leur mandat était limité, de par le renouvellement annuel de ces derniers, ils étaient toujours sous la menace d'une inquisition de la part des nouveaux Ephores : En définitive, les pouvoirs exorbitants que le système semblait leur accorder se trouvaient très peu effectifs dans la réalité, tant l'éphorat par un phénomène d'instrumentalisation et de corruption, était devenu un outil à part entière soumis à la haute autorité oligarchique Spartiate. [...]
[...] Même si dans la forme institutionnelle, les éphores sont attachés à cette image, l'exercice réel de leur fonction nous montre que la politique éphorale ressemble davantage à une politique arbitraire et anticonstitutionnelle. Pour Aristote, l'ouverture généralisée de la haute magistrature à chaque spartiate associée à un mode d'élection obsolète constitue une faille dans la bonne application politique : En effet, les éphores sont choisis au petit bonheur (l.27) mais malgré cela ils décident souverainement dans des procès importants Le problème des compétences est ainsi légitimement posé par Aristote. [...]
[...] En outre le renouvellement annuel des éphores complète cette garantie d'accès à la magistrature au plus grand nombre. Cette condition propre à Sparte témoigne d'une volonté d'équilibre politique entre chaque citoyen sans distinction de nom ni de fortune. Selon Aristote c'est cette condition qui consolide la cohésion de l'état et non l'attachement aux lois que sous-entend Xénophon : Pour le penseur macédonien, le peuple se tient en paix à cause de sa participation au pouvoir suprême L'éphorat se veut donc le symbole d'une politique Spartiate intransigeante et ouverte à tous (en témoigne, l'appela, assemblée de la cité, dont tous les citoyens hommes de plus de 30 ans font partis). [...]
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