Vie des douze Césars, Suétone, Néron, monstrum, monstruosité, pulsions, désir incestueux, interdit originel, transgression des règles, société, humanité, monstruosité animale, monstruosité humaine, rapports malsains, portrait de Néron
Suétone, polygraphe et érudit, peint dans la Vie des douze Césars un portrait sans compromis, parfois même à charge des souverains du premier siècle de l'Empire. S'il semble parfois céder aux ragots, son accès aux sources politiques en fait un historien tout à fait pertinent à décrire certains aspects de son temps. Dans ce portrait de Néron, il décrit un personnage maléfique et sans compromis qui semble adopter toutes les postures du monstre tel qu'il était envisagé sous l'Empire, dans une version différente de son acception contemporaine. Dès lors, en quoi le personnage de Néron, décrit par Suétone, incarne-t-il pleinement la figure du "monstrum" ?
[...] Celui qui est censé être un avertissement des Dieux (du latin « monstrare », montrer) donne à voir ses déviances sans limites sur la place publique comme au-delà de la Cité. Exemple : Ligne 12 « Dans les marchés de la Grèce » et « Dans les fêtes sigillaires de Rome » Conclusion Cet extrait montre Néron comme un personnage qui coche toutes les cases de la plus absolue des monstruosités. S'il outrepasse tous les tabous de son temps, il entraine également son entourage avec lui et semble mettre un point d'honneur à montrer qu'il est pleinement conscient de ses choix. [...]
[...] Plus encore, sa mère, qui serait tenue de remettre son fils sur le droit chemin, encourage son comportement et utilise à son tour son fils comme outils menant au pouvoir. Exemple : Ligne 13, « il voulut abuser de sa mère » ; ligne 14, même les ennemis d'Agripine s'opposent à leur relation, qui étendrait la toxicité de la mère au-delà des limites de la famille. Une monstruosité, qui sort de l'intime, devient sociale et politique La monstruosité de Néron outrepasse son quotidien d'homme et touche même sa fonction d'Empereur. [...]
[...] Les cinq personnages évoqués dans le texte sont autant de facettes de la déviance de l'Empereur, qui entretient avec chacun des rapports malsains. L'absence de description physique semble dépeindre en creux un être à l'aspect normal, qui le rend d'autant plus redoutable. En faisant de cet homme un monstre impérial par excellence, on peut se demander : en quoi l'auteur ne fait-il pas de la figure de Néron une figure mythologique, qui serait porteuse d'une morale pour la postérité ? [...]
[...] De multiples transgressions religieuses qui extirpent Néron de son humanité En allant au-delà de la violence ordinaire, il obtient le statut particulier de « Scelus nefas ». Néron multiplie en effet les transgressions religieuses, il viole une vestale (ligne prêtresse vierge dotée d'un statut juridique, social et religieux particulièrement élevé. Exemple : Ligne 12, Néron se fait accompagner de Sporus même durant les fêtes religieuses de Rome dédiées à Saturne (« fêtes sigillaires »). En bafouant cette période sacrée, il s'enfonce un peu plus encore dans une monstruosité hors du commun. [...]
[...] Il encore ainsi une autre facette du monstre : l'hybris. À ce titre, la première ligne « sans parler de » prétend passer sous silence des transgressions qui apparaissent comme secondaire quand on sait l'étendue des actions du souverain. Un personnage qui vit toutes les facettes de l'abus : use trop et mal de son pouvoir Néron use de son pouvoir politique et social à sa guise, de manière inadaptée et sans mesure. Il oblige même ceux qui l'entourent, à cautionner ses perversions. [...]
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