Décret des Athéniens en l'honneur d'Eurycleidès (vers 215 avant J-C) - Les finances des cités grecques

Thèmes abordés

Athènes, Eurycleidès, cité grecque, géopolitique, décret honorifique

Résumé du document

Si la ville d'Athènes, qui fut habitée de façon continue pendant près de 3000 ans, offre un champ d'étude historique et un éclairage très large sur la civilisation hellénistique dans son ensemble, elle fut néanmoins longtemps considérée, par les Anciens, comme « la cité des plaisirs et des spectacles ». Or, le document que nous nous proposons d'étudier, décret honorifique des Athéniens en l'honneur d'Eurycléides rédigé au IIe s av. J.-C. (vers 215 av. J.-C.), traduit et publié dans Inscriptions historiques grecques par Jean-Marie Bertrand en 1992, constitue un document historique inestimable sur cette période. En effet, à la faveur d'une période clé de l'Histoire athénienne, nous pouvons nous demander quel est l'apport historiographique réel de ce texte portant, au départ, sur les finances de la cité ?

Extraits

[...] Remarquons, d'ailleurs, que les sommes engagées dépassaient largement celles de l'ancien système de chorégie de l'époque classique. Cette pratique, peut etre influencée du monde romain tendra à se développer dans le monde héllénistique. Enfin, notons que ce texte est représentatif, par ailleurs, de l'écrasante responsabilité des magistrats en charge de la cité qui sont également tenus garants de son bon fonctionnement. En effet, ici, les charges politiques décrites sont nombreuses et touchent à de très nombreux domaines de compétences. Elles sont aussi bien intérieures qu'extérieures. [...]

[...] En cela et en raison de l'aspect parcellaire des documents authentiques traduits de cette période, ce document constitue bien un apport historiographique considérable sur une des plus grandes civilisations et rend compte de cette étonnante situation d'entre-deux qui fit dire à nombre d'historiens que « La Grece héllénistique s'acheva à Chéronée ». BIBLIOGRAPHIE : - Les finances des cités grecques, Leopold Migeotte. - Eisphora, Syntaxis, Stratiotika. Recherches sur les finances militaires d'Athènes au IVe siècle av. J.-C. Patrice Brun, Année 1983 Volume 284. « L'évergétisme est le fait que les collectivités (cités, collèges . ) attendaient des riches qu'ils contribuassent de leurs deniers aux dépenses publiques, et que leur attente n'était pas vaine : les riches y contribuaient spontanément ou de bon gré. [...]

[...] Quel est donc le véritable rôle de ce document ? Ce texte, probablement rédigé sur papyrus devait etre rendu accessible sur la place publique afin que chacun connaisse son contenu. Nous découvrons, donc, à ce titre le portrait d'un magistrat idéal, celui d'Eurycleidès dit Le Critique et la liste de ses bienfaits. Ne s'agit-il pas, à la faveur de l'organisation de ces jeux et « concours hoplitique » notamment, pour le magistrat de s'assurer l'appui du peuple dans la conduite de ses actions ? [...]

[...] Ici, Athènes fonctionne comme un archétype modèle de cité grecque. De son origine étymologique, en effet, ath signifiant « tete » ou « sommet », la ville fut probablement au départ un rassemblement de villages qui se seraient peu à peu reorganisés en une grande cité. Son emplacement géographique stratégique dans le monde grec, son accès privilégié à la mer en ont toujours fait une place politique privilégiée. Elle fut, par ailleurs, longtemps une cité-Etat souveraine gouvernée par un Conseil formé de ses propres rois. [...]

[...] En effet, les dépenses de la ville sont augmentées de la participation financière personnelle de celui qui en a la charge. Par ailleurs, et cela est très intéressant, l'ordre présenté des dépenses autorise une hiérarchisation des préoccupations politiques et sociales de la cité. Le premier poste consiste à rendre « le territoire semé et travaillé », autrement dit de développer l'agriculture pour assurer la survie du peuple athénien. On peut y voir une mesure démocratique. Le second poste de dépenses consiste à « fournir les fonds nécessaires pour les soldats de Diogenès » autrement dit de rémunérer l'armée. [...]