Table claudienne, Tacite, citoyenneté, gaule
En 48 de notre ère, l'aristocratie de la Gaule chevelue réclame le Jus Honorum, c'est-à-dire le droit d'accéder aux magistratures romaines et, partant, d'accéder au Sénat. Bien évidemment cette requête fit controverse. L'empereur Claude, lyonnais de naissance, était favorable à l'intégration de l'élite gauloise et il prononça un discours devant le sénat dans lequel il proposa que « les grands de la Gaule chevelue » puissent obtenir les honneurs à Rome. 48 est donc une date clé de l'histoire de l'empire puisqu'elle marque le début de l'intégration des élites provinciales aux dispositifs politique et administratif de Rome.
Deux sources majeures nous ont permis de connaître la proposition de Claude : la première n'est autre que la « Table claudienne », une plaque de bronze découverte en 1528 dans le quartier Croix-rousse de Lyon et sur laquelle fut gravé le discours dont on ne peut pourtant pas connaître l'intégralité, certains fragments de cette table ayant disparu. La seconde source nous vient du onzième livre des Annales de l'historien Tacite (55 - 120), lesquelles ont été rédigées vers 110 après J-C. On doit la mise en perspective de ces deux textes à Vetranius Maurus qui, en 1569, a suggéré que les chapitres 23 à 25 du onzième livre des annales renvoyait au discours de Claude qu'on peut lire sur la table claudienne.
[...] En effet, dans les deux textes il est dit que rien n'a troublé la paix des Gaules (on l'a déjà dit), or cela est faux et aucun des deux auteurs ne fait mention des soulèvements de Florus et de Sacrovir. Pour Jérome Carcopino, Tacite cherche à synthétiser le discours de Claude pour l'insérer plus facilement dans son récit. Et c'est un fait, le discours rapporté par Tacite ne contient que 254 mots en latin et il est complet alors que la version parcellaire de la Table Claudienne compte déjà 662 mots. Analysons d'un peu plus près la compression. [...]
[...] Cette partie pourrait s'inscrire dans le discours original puisque Claude est un érudit qui a une très bonne culture historique. En revanche, il est peu probable que les allusions aux combats contre les Sénonais, Eques et Volsques 45-46) soient une pure invention de Tacite puisque ces références auraient pu être introduites par Claude à la ligne 54. On se doit maintenant de trancher définitivement et de montrer que nous pourrons prendre pour argent comptant tout ce que Tacite dit et qui n'est pas rapporté dans la Table Claudienne. [...]
[...] C'est d'ailleurs Pompée qui leur octroya le droit de cité. On voit cette extension à des peuples dès l'introduction de Tacite quand il fait dire aux contradicteurs de Claude : N'était-ce donc pas assez que des Vénètes et des Insubres eussent fait irruption dans la Curie 10-11). Mais l'évolution est asymétrique ; pour l'instant seuls des individus venant de Gaule et non le peuple dans son ensemble ont le droit d'accéder à la magistrature romaine. Cela apparaît chez Tacite dans la phrase Regrettons-nous [ . [...]
[...] Est- on fâché que les Balbi soient venus d'Espagne, et d'autres familles non moins illustres, de la Gaule Narbonnaise? Leurs descendants sont parmi nous, et leur amour pour cette patrie ne le cède point au nôtre. Pourquoi Lacédémone et Athènes, si puissantes par les armes, ont-elles péri, si ce n'est pour avoir repoussé les vaincus comme des étrangers? Honneur à la sagesse de Romulus notre fondateur, qui tant de fois vit ses voisins en un seul jour ennemis et citoyens! [...]
[...] Mais nous avons donné des otages aux Étrusques, et nous avons passé sous le joug des Samnites. Et cependant rappelons-nous toutes les guerres; aucune ne fut plus promptement terminée que celle des Gaulois, et rien n'a depuis altéré la paix. Déjà les moeurs, les arts, les alliances, les confondent avec nous; qu'ils nous apportent aussi leurs richesses, et leur or, plutôt que d'en jouir seuls. Pères conscrits, les plus anciennes institutions furent nouvelles autrefois. Le peuple fut admis aux magistratures après les patriciens, les Latins après le peuple, les autres nations d'Italie après les Latins. [...]
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