Maître de conférences, spécialiste de grec ancien à l'université de Nantes, Odile Tresch se propose de nous exposer sa vision sur la femme et la place sociale qui lui est octroyée dans l'Antiquité. Son sujet d'études paraît très abouti, et c'est en effet bien avant les années 2000 que cette passionnée a trouvé dans la femme de l'Antiquité un intérêt majeur, comme en témoigne l'intitulé de sa thèse de doctorat, exposée en 2001 : "Rites et pratiques religieuses dans la vie intime des femmes d'après la littérature et les inscriptions grecques".
[...] Petite conclusion personnelle Le voyage au cœur de la Grèce antique est subjuguant, et même si Odile Tresch ressent la frustration, l'heure approchant, de ne pouvoir nous en dévoiler davantage, c'est sur une note onirique donnée par l'univers mythologique qu'elle porte en elle que termine la spécialiste. Éclairée sur le statut d'avant-garde qu'a donné la société grecque à la femme dans l'Antiquité, je conçois désormais pourquoi ce peuple premier est celui qui nous a ouvert les voies de la démocratisation des savoirs. [...]
[...] L'attribution d'une sphère publique aux hommes viendrait supposer l'attribution de la sphère privée aux femmes, sphère qui, loin d'être dégradante, inclue bien plus de responsabilités qu'on ne se l'imagine à notre époque. La piste de la sphère de l'intériorité, de l'intimité de la société (à savoir la famille, les croyances profondes, l'éducation) a très peu été explorée. L'attention portée sur l'absence de femmes dans le monde populaire médiatique a vite fait de considérer la Grèce antique comme un monde essentiellement masculin, parce que c'est le sexe qui s'est le plus montré. [...]
[...] Voici une brèche psychologico culturelle qui élève les femmes aussi haut que les hommes en ce qui concerne le pouvoir dans la Grèce antique précise Odile Tresch. En effet, dans l'Antiquité, on conçoit que la religion soit, au même titre que la politique, un domaine d'action particulièrement influent. On sait que le mode de diffusion des informations n'était pas le même en fonction du sexe. Tandis que les hommes privilégiaient l'écrit, il appartenait aux femmes de faire perdurer la tradition orale, ce qui explique que les sources ont pu passer à côté d'un tel rôle féminin, les écrits restants et traversant les époques. [...]
[...] Les épigrammes donnaient à lire des sortes d'inventaires de chaque sanctuaire, et rendent compte de morts en couches, d'offrandes c'est donc un problème d'interprétation qui a vu s'amplifier le mythe de la femme soumise en Grèce dans l'Antiquité. On sait désormais qu'une certaine parité existait dans l'organisation de la société, et que, en Grèce, à cette époque, c'est sur la différence que reposait l'équilibre du monde. La société grecque savait créer l'harmonie, l'adaptation des choses entre elles pour former cohérence et unité. [...]
[...] C'est en tout cas ce qu'atteste l'ouvrage mondialement connu d'Éva Keuls : Le règne du Phallus, paru en 1993, et qui explique une politique du sexe surprenante dans l'Athènes de l'Antiquité. Odile Tresch souligne que les recherches universitaires font l'objet de critiques virulentes, surtout lorsqu'une telle affirmation scandaleuse ne tire sa légitimité que d'un seul type de source documentaire dont l'interprétation a donné lieu à des conclusions erronées. Par exemple, on a pu accuser Euripide de misogyne, sans tenir compte du contexte, du fait qu'il s'agisse de textes théâtraux, où les mêmes allusions humoristiques sont faites aux hommes qu'aux femmes. [...]
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