Comparaison de "L'approvisionnement d'Athènes en blé" de Démosthène et du "Décret en l'honneur des rois de Bosphore" d'Androtion

Résumé du document

Dans la mythologie grecque, les Athèniens sont sortis de terre. Cependant le territoire de l'Attique est un espace assez aride et rocailleux, difficile pour l'agriculture. En effet très vite, malgré un idéal d'autarcie, la cité se tourne vers la mer pour lui permettre de subvenir à ses besoins. Tout au long de son histoire, Athènes s'est efforcée de nourrir sa population, de plus en plus importante, par le lancement d'un mouvement de colonisation à l'époque archaïque, ou encore par le contrôle de la mer Égée en permettant l'approvisionnement en blé de la ville, au Vème siècle, grâce à la puissante ligue de Délos (478).
Mais au IVe siècle, Athènes a perdu son hégémonie. La cité doit alors motiver les importateurs , et pour permettre un bon approvisionnement leur offre des honneurs (timè); d'autant qu'à partir des années 360, les Athèniens connaissent une situation économique difficile accentuée par des aléas climatiques qui entraînent de mauvaises récoltes.
C'est ainsi que Démosthène (384-322) s'attaque à la loi de son adversaire politique, Leptine, qui est votée en 356. En effet , en pleine guerre des Alliés (357-355), Athènes manque cruellement de moyens pour financer la guerre et les liturgies religieuses permettant l'appui et la protection des dieux. Leptine propose donc de supprimer les privilèges d'exemption fiscale et liturgique. Le plaidoyer, Contre la loi de Leptine, prononcé en 355/354, est l'un des premiers plaidoyers qu'il fait. En effet, encore inconnu, Démosthène, âgé de trente ans, a hérité de la fortune colossale de son père, mort prématurément lors de la guerre du Péloponnèse. Appelé par Chabrias comme synégore (celui qui prend la parole gratuitement dans un procès), Démosthène lève le débat non plus sur l'exemption des liturgies mais sur le besoin en blé, puis sur la générosité des bienfaiteurs notamment dans ce passage du roi du Bosphore.

Le deuxième document est un décret, datant des environs de 345, retrouvé au Pirée sur une inscription monumentale. Le préambule nous renseigne sur l'origine et la motivation de ce décret. En effet, la première ligne nous informe sur les personnes que ces dernières concernent: Spartokos II (348-344) et Pairisadès Ier (348-310), rois du Bosphore et ainsi que Apollonios. La deuxième ligne nous indique la date par le nom de l'archonte, de la prytanie, et du épistate et enfin par la formule de sanction qui nous donne le nom de la personne qui a proposé ce projet de décret. Ce dernier, Androtion, également un adversaire personnel de Démosthène, fait voter des distinctions honorifiques.
Nous sommes alors amenés à nous interroger sur l'intérêt que possède une cité comme Athènes d'entretenir des relations avec des bienfaiteurs tels que les princes du Bosphore et leur accorder des distinctions.

Extraits

[...] Les quantités importées sont plus importantes en période de mauvaise récolte ce qui contraint la cité à être dépendante du commerce de blé. Pour la région du Bosphore seule, la cité importe quelque quatre cent mille médimnes [de blé], comme on peut le vérifier sur le livre des comptes des sitophylaques (l. 8-9). Dans son discours, Démosthène fait ainsi référence aux sitophylaques qui sont les magistrats chargés à l'approvisionnement en blé. Au Vème siècle, ils sont au nombre de dix mais durant le IVe siècle, ils passent à trente-cinq, répartis à Athènes au nombre de vingt, et au Piréeau nombre de quinze . [...]

[...] Prenons le nom de Appollonios (l.1 du décret), il est construit sur le nom du dieu Apollon. Le royaume du Bosphore fonctionne comme un hunterland barbare, il s'efforce d'effacer les autres cultures et d'imposer celle des Grecs. Démosthène, à la ligne 4 a certaines difficultés à connaître le titre de Leukon et emploie le mot maître car le royaume du Bosphore est une élaboration inachevée d'une organisation politique tirée entre les coutumes barbares et les formes élaborées d'un système politique grec et où l'on navigue entre les titres de roi ou d'archonte. [...]

[...] Vidal- Naquet) -Inscriptiones Graecae, II M. N. Tod, A selection of Greek historical inscriptions, N°167 II- Les dictionnaires et les ouvrages généraux -AMOURETTI, Maire-Claire, RUZE, Françoise, Le Monde grec antique, Hachette supérieur,2003 -BORSEAUD, Pierre, CAMBIANO, Gérard, VERNANT Jean-Pierre (dir.), Homme grec, Seuil, Paris -QUEYREL, Anne, QUEYREL, François, Lexique d'histoire et de civilisation grecques, Ellipses, Paris -ORRIEUX, Claude, SCHMITT-PANTEL, Pauline, Histoire grecque, PUF, Paris III- Les ouvrages spécialisés -AUSTIN, Michel, VIDAL-NAQUET, Pierre, Économies et Sociétés en Grèce ancienne, Armand Colin, Paris -MIGEOTTE, Léopold, L'économie des cités grecques, Ellipses, Paris -MOSSE, Claude, Démosthène ou les ambiguïtés de la politique, Armand Colin, Paris -PERROT, Georges, Le commerce des céréales en Attique au quatrième siècle avant notre ère In Revue historique, IV, Clerc Athènes, Musée National, nº inv Stèle à décret dite de Leukon illustrant le traité conclu entre Athènes et les princes du Bosphore, les trois fils du roi Leukon en 347/346 av. [...]

[...] Les capitaines athéniens, propriétaires d'une cargaison de blé, bénéficiaient d'un prestige et d'une capacité de profit important ayant la possibilité de le distribuer dans d'autres cités, et malgré la loi interdisant à un habitant d'Athènes (citoyen ou métèque) de ventre les deux tiers de sa cargaison autre part qu'au Pirée, les dénonciations sont tout de même rares. Démosthène nous explique également que Leukon a accordé l'exemption (l. 13). Ainsi le roi du Bosphore fait une remise de médimnes pour les médimnes et pour les qui restent (l. 9-10). [...]

[...] Démosthène, à la ligne 13, pourrais rappeler nombre de bienfaits dont vous êtes redevable, à lui et à ses ancêtres fait apparaître le père de Leukon comme un bienfaiteur. En effet, Satyros Ier (431-387) est en bonne relation avec la cité d'Athènes qui au Vème siècle, domine le détroit du Hellespont mais également tient des forteresses à quelques centaines de kilomètres de la capitale qu'il a créée, Panticapée. De plus, le roi du Bosphore, lors de la tyrannie des Trente en 404, accueille les exilés et opposants aux oligarques. [...]